I) Aperçu général
En général, il ne faut pas se le cacher, les bassistes de métal sont soit des gros branleurs qui savent à peine jouer, soit des discrets qui sont mis en retrait au niveau du son. Le métal, c’est avant tout une grosse batterie, une voix forte et puissante (pas forcément éraillée ou incompréhensible !), des guitares très beaucoup saturées (notez le très beaucoup) et une basse…. Bruit de fond ? Inaudible ? Inutile ? Support ? Pièce maitresse ? Au choix des groupes. Mais il existe également dans la multitude de groupe et de courants musicaux métalliques des bassistes qui sortent du lot. Notons par exemple Mr MYUNG de Dream Theater dont le slappytozine précédent comportait un fort bel article, ou encore Alex WEBSTER du groupe de death métal Cannibal Corpse. C’est grâce à des bassistes de cette trempe, qui part leur niveau de technicité ou leur touche personnelle, permettent de pouvoir dire aujourd’hui : « je suis bassiste de métal et j’en suis fier. La basse est un bel instrument et j’apporte ma touche au son de mon groupe » Voici pour l’aperçu (très) général.
II) Focus sur des genres particuliers A/ Le speed métal – power métal – métal symphonique – heavy métal
Le speed métal, comme son nom l’indique, se caractérise avant tout par sa vitesse. Un dérivé du speed, le power, met en place le groupe dans un univers particulier, généralement fantastique. Pour le métal symphonique, il s’agit surtout de reproduire des effets d’orchestration et des voix lyriques. Les groupes officiant dans ce registre n’ont en général pas besoin d’un bon bassiste, il suffit d’aller vite. Seulement, aller vite, c’est vague, et pas forcément facile. Surtout quand il faut suivre une ligne de guitare (pas très original certes) dont les guitaristes peuvent aller très vite grâce au médiator et à leur fines cordes. De plus, une ligne de basse trop rapide brouille le son de l’instrument et ne ressort au final qu’une bouillie immonde (les lignes étant généralement jouées dans les graves). Mais pourquoi je vous parle de ça alors ? Eh bien parce que dans certains groupes speed-power-symphonique, on trouve de très bons bassistes qui apportent vraiment quelque chose au son. Je citerais comme exemple le groupe finnois Sonata Arctica. Dans la chanson Black Sheep, la basse fait vraiment résonner le morceau en faisant le lien entre la guitare, le clavier et la batterie. Même si la ligne est plutôt simple, retirez-la et le morceau sonne moins bien. Eh oui, un bon bassiste n’a pas besoin de jouer hyper vite et hyper bien. Un bon bassiste, c’est celui qui manque si on retire la ligne de basse. De Sonata Arctica, je citerai aussi Replica, qui en plus d’être une chanson magnifique, comporte une ligne de basse très importante mais également simplissime. Vraiment, il n’est pas besoin de 200 notes par seconde pour donner du corps à sa ligne et au morceau. Je citerai également Helloween, dont la basse sait rendre sa présence indispensable. Dans un registre plus hard rock/heavy métal, n’oublions bien pas Black Sabbath, et Geezer Butler, dont le groove accompagne si bien les musiques du groupe. Enfin, une pensée larmoyante pour Cliff BURTON, l’ancien bassiste de Metallica décédé, qui a fait comprendre aux guitaristes que les solos avec de la disto et de la wha, on pouvait aussi les faire avec une basse. Et bien entendu, Steve HARRIS, d’Iron Maiden, qui a déjà fait l’objet d’un article, tout comme Mr Killmister de Motorhead.
B/ Le death métal - black métal– métalcore
La, on entre déjà dans une catégorie au dessus : le métal extrême. Comme son nom l’indique, ce métal est…. Extrême ! Bien ! Donc, un métal très rapide, brutal, rentre dedans, violent, crade, gore… tout ce que le commun des mortels déteste et qui fait polémique. Mais que vient faire la basse dans tout ça ? Elle vient jouer principalement comme une 2
e ou 3
e guitare. Inutile n’est ce pas ? Mais si je vous dis que les morceaux sont joués à un tempo moyen de 300 à la croche, que des mesures asymétriques (4/5, 3/4, 7/4…) se placent un peu partout, que les croches peuvent devenir des triolets sans prévenir, que la batterie n’aide pas forcément à se repérer (batterie à contretemps …), et que pour couronner le tout, le morceau est joué en A#.... à l’octave en dessous du A# normal ! Ca semble aussi évident ? Ben non ! Alors bien sur, j’entends déjà les « c’est de la branlette de manche, aucune expression, aucun style, juste du bourrinage… » Encore faut il pouvoir le faire ce bourrinage. Je vous mets au défi ! Voici une vidéo d’A.WEBSTER,essayez de jouer sa ligne (vous trouverez la partition format guitar pro sur ultimate guitar).
http://www.youtube.com/watch?v=QOb6JSQd-Qw Alors ? Pas évident, hein ? Dans l’ensemble, les bassistes de death métal sont des brutes épaisses et des monstres de technique qui savent jouer hyper vite. Après, on aime on aime pas, la seule chose que tout le monde devrait faire, c’est de respecter le travail du bassiste (et il en faut pour atteindre ce niveau, croyez moi !) Sinon, dans le black métal, je peux vous proposer d’écouter le pont de The serpentine offering, de Dimmu Borgir. La basse est bien groovy, ce qui me permet de faire la transition avec le… Dans le metalcore (hardcore, punkcore, tous les dérivés en core !), le principal bassiste est R.TRUJILO, bassiste de, entre autre, Suicidal Tendencies, d’Infection Groove, de Ozzy Osbourne et maintenant de Metallica. Il a su apporter une touche funky au métal (surtout aussi sein de Suicidal Tendencies et d’Infection Groove).
C/ Le néo-nu-groove métal
Derrière ces noms grotesques se cache en fait une idée simple : fusionner le métal et d’autres styles (rap, funk, jazz, hip hop, chanson irlandaise… !). Et forcément, dans certains styles autres que le métal, la basse est mise en avant. Nous pourrons donc citer Rage Against The Machine (RATM) dont le bassiste (T.COMMERFORD) sait magnifiquement agrémenter les morceaux de lignes de basse groovy à souhait. Ici même sur slappyto, une infime partie de son travail et de son talent sont disponible sous forme de cours. Mais cela ne suffirait pas à encadrer le son qu’il dégage, aussi je vous livre une petite playlist des titres qui me semble les plus bassistiquement bons : Calm like a bomb, Guerrila Radio, Voice of the voiceless sur l’album The battle of Los angeles
Killing in the name, Take the power back, Fistful of steel sur l’album Rage Against The Machine Mais tant d’autres sont tout aussi intéressantes ! Notons aussi l’apport du bassiste de Pantera (REX) au son du groupe malheureusement inactif (écoutez donc Cowboys from hell et The art of shredding sur l’album Cowboys from Hell)
D/ Le métal progressif
Si vous ne l’avez pas déjà lu, lisez donc l’article très bien fait sur J.MYUNG de Dream Theatre ! Vous verrez que la basse peut apporter beaucoup à ce genre de métal très particulier. Je parlerai également du bassiste du groupe français ADAGIO, Franck Hermany, qui apporte sa touche, tant technique que personnelle au groupe. Et pour les avoir vu en live, il dépote pas mal ! Visuellement, c’est la claque ! Habitué de la 6c corde, il utilise la technique du double thumb pour jouer les parties rapides (pas besoin de mon médiator, j’ai mon pouce : Conclusion : voila, cet article est terminé, j’espère qu’il vous conviendra, et qu’il vous aura fait découvrir la place de la basse dans la musique métal, une musique passionnante et immensément riche si l’on prend la peine de l’écouter.
Avant de se quitter, une petite playlist pour les courageux :
-Orion (Metallica) : le pont est une mélodie magnifique. Promis, un jour, je proposerai un cours de ce passage Ô combien sublime
-Balls to the wall (Accept) : un pont qui growl bien
-The Trooper, Number of the Beast, Killer, Running Free, Phantom Of The Opera, Wrathchild… d’Iron Maiden
-Peace Sells de Megadeth: un riff anthologique
-Hammer Smashed Face et Frantic Disembowlment, de Cannibal Core
-Du groupe teuton Rammstein, Seemann bien sur, et Mann Gegen Mann, un bon petit riff bien groovy
-Stronger Than Hate, de Sepultura : solo de tapping à la fin du morceau
-Cruise Ship Terror, et globalement, toute la discographie des pirates de Swashbuckle. Le bassiste est juste énorme (au sens propre et figuré !)
-Et tant d’autres encore, la liste est trop longue !
Enjoy!