Bon alors, aujourd'hui attardons nous sur un monument de l'histoire de la basse électrique : Paul McCartney.
Tout le monde connait cet artiste, et tout le monde a, sans doute, déjà chantonné une chanson des Beatles. De plus, historiquement il représente un tournant important dans la reconnaissance de l'instrument. Premièrement, car le bassiste est rendu visible et mis en avant dans le groupe, mais également car il ne joue pas sur une basse de Fender. La basse électrique devient donc un instrument générique présent dans le catalogue de plusieurs marques et reconnu comme tel.
Revenons rapidement sur la ville du monsieur. Né en 1942 à Liverpool, il rencontre John Lennon pendant l'été 1957. Il intègre alors les Quarrymen, groupe d'adolescent qui reprennent les tubes américains. Son premier rôle au sein du groupe est guitariste, car McCartney n'était pas bassiste à l'origine.
I'm the eggman, I'm the bass player
Au fil du temps, le groupe s'étoffe, change de formation puis de nom pour s'appeler les Beatles en 1960. Le groupe est alors composé de John Lennon, Paul McCartney et Georges Harrison, mais également Stuart Sutcliffe à la basse et Pete Best à la batterie.
Pour faire simple, Sutcliffe ami de Lennon était plus intéressé par la peinture que la musique et il était piètre bassiste. Lors d'une tournée à Hambourg, le jeune homme s'éprend d'une allemande et il décida de rester sur place. En 1961, les Beatles reviennent en Angleterre sans bassiste, et c'est Paul McCartney qui se voit attribuer ce rôle.
Moment crucial de son parcours, il doit se choisir une basse. Chose peu évidente car il est gaucher et guitariste. Il se tourna donc vers une Violin Bass d'Höfner pour différentes raisons. Tout d'abord, c'était pas cher, mais également car c'était une short-scale (pratique pour un guitariste comme lui) et surtout car la basse était symétrique. Petit détail qui lui a permis d'inverser sa basse pour en jouer en gaucher.
Nom de code 500/1
Une basse hollow-body légère, maniable donna à Macca la possibilité de s'exprimer librement dans son rôle de bassiste. Pour les amateurs de lutherie, notons que la 500/1 avait une frette zéro chose assez peu courante à l'époque. L'instrument qu'il utilisait et sa formation de guitariste eut une influence notable sur la manière dont Paul remplissait son rôle de bassiste. Si vous avez lu les précédents slappytozine, vous savez déjà que les premiers bassistes étaient des contrebassistes, mais au tournant des années 1960 de plus en plus de guitaristes utilisèrent cet instrument comme Carol Kaye, Donald "Duck" Dunn ou un peu plus tard Paul McCartney.
Tout d'abord, Paul McCartney a très largement utilisé le médiator dans ses lignes de basse, mais il avait aussi la particularité d'utiliser la partie médiane de son manche, n'utilisant les notes graves que pour accentuer certaines parties importantes d'une chanson. Il avait également souvent recours aux arpèges et égrainait les différentes notes qui composaient l'accord joué par la guitare. Ceci est clairement audible dans "I saw here standing there" Je ne vais pas rentrer dans les détails ici, je ferai prochainement une analyse approfondie de deux lignes de basse de Paul McCartney.
Yesterday, and my Höfner seems so far away
Ce qui m'intéresse ici, c'est de montrer comment le choix de l'instrument peut influencer la manière de jouer. Les Beatles ont connu un succès fulgurant au début des années 60 pour peu à peu se muter en un groupe expérimentant les possibilités offertes par le studio. Historiquement le basculement se fait entre Rubber Soul (1965) et Revolver (1966) pour atteindre son paroxysme avec Sergent Pepper's and the Lonely Hearts Club Band (1967).
Peu avant ce virage, Rickenbacker offrit à McCartney une 4001S gaucher. Même si ce dernier ne commença à l'utiliser qu'en 1965. Un virage s'amorce dans la manière où McCartney conçoit ses lignes. Nous y retrouvons beaucoup moins de fioritures. Il s'appuie de plus en plus sur le bas du manche avec des notes puissantes comme notamment sur le titre Helter Skelter. L'évolution est impressionnante.
Conclusion
Il est difficile de dresser un portrait détaillé de l'ensemble de l’œuvre de ce grand artiste. Que ce soit avec les Beatles, les Wings ou en solo, ses lignes de basse ont toujours fais preuve d'une grand imagination. Elles sont une source d'inspiration sans limite pour les jeunes bassistes du monde entier. Il a su tirer le meilleur de la rigueur rythmique de James Jamerson (qui n'était à l'époque que le bassiste de la Motown. Son identité étant secrète car les musiciens n'étaient pas crédités) pour l'allier à un lyrisme exacerbé. Il n'était pas rare que les lignes de Macca complétait le chant dans un contrepoint très élaboré.
Dans le prochain numéro du SlappytoZine, je m'attarderai en détail sur deux morceaux représentatifs des éléments que je viens de vous présenter.