Le magasin de musique
Avant de parler spécifiquement du métier de vendeur, attardons sur le lieu où il exerce son activité: le magasin de musique.
Lieu connu de tous, les magasins ont tous leurs histoires, anecdotes et particularités. Certains ne vendront que des produits d'entrées de gammes, et quelques instruments moyen-haut de gamme, là où ce sera le contraire pour d'autres. Certains privilégieront les amplis aux pédales d'effets, d'autres les pédales d'effets à une grande variété d'instruments, etc.
Néanmoins, on retrouve quasiment toujours des marques devenues classiques. Pour les guitares et basses, il s'agit Ibanez, Fender, Epiphone, voire Squier, Gibson et Musicman; pour les amplis, Hartke, Marshall, Vox, Line 6 (eh oui...!), ou encore Ampeg. Et pour les pédales d'effet, Boss, Electro Harmonix et Zoom tiennent la corde.
Après, chaque magasin va choisir des marques que les autres n'ont pas pour se démarquer: Warwick, G&L, Genz-Benz, des amplis Fender ou Mesa-Boogie, etc, etc. Malheureusement, ces produits sont plus rares à trouver, car ils sont parfois moins connus que les autres, et donc se vendent moins facilement: la beauté du consumérisme a encore frappé...
Et pour les prix? Eh bien en règle général, les magasins tentent de s'aligner sur ce qui se fait sur Internet (Thomann faisant souvent office de référence), mais compte-tenu des différences de TVA allemande et française, ce n'est pas toujours possible. Et attention aux magasins qui cassent les prix, ce n'est pas forcément un signe de prospérité!
Pensez aussi au SAV qu'offrent certains magasins: réparations, réglages, pose de micro, ou tout bêtement envoyer votre instrument/ampli au fabriquant en cas de gros pépin.
Le métier de vendeur
Maintenant que le décor est fixé, passons au principal protagoniste. Avant toute chose, il me paraît important de rappeler qu'un vendeur est un être humain, qui respire, mange, boit, est sensible (enfin, parfois, mais ça lui arrive!) et a des sautes d'humeurs. Et pour celui qui officie en magasin de musique, il est, dans l'immense majorité des cas, un passionné. Tout cela pour surtout dire qu'il ne faut pas oublier que ce n'est pas parce qu'un vendeur a pu vous paraître une fois désagréable qu'il le sera toujours, ni que toute l'équipe l'est.
Ceci étant dit, en quoi consiste le métier du vendeur « classique », si ce n'est vendre des instruments les plus chers possible au premier venu? Parce qu'après tout, un vendeur est là pour vendre, de préférence beaucoup, et au prix le plus cher. C'est vrai, dans le sens où un vendeur (quel que soit le domaine dans lequel il exerce) cherchera à vendre un maximum, car c'est ce qui lui permet de justifier, voire de gonfler, son salaire.
Cependant, le vendeur consciencieux, qui a bien appris ses leçons et qui est professionnel cherchera à vous orienter vers les produits que vous recherchez: si vous avez un budget serré, il ne vous proposera pas un instrument le dépassant, c'est logique. Son but n'est même pas de forcément vous vendre un produit correspondant à la fourchette haute de votre budget, non (enfin, s'il en a l'occasion, il ne va pas hésiter, faut pas déconner!), c'est plus machiavélique que ça: son objectif est de vous satisfaire, pour que vous reveniez dépenser vos sous chez lui, et avec le sourire! Si en plus vous pouvez lui faire une bonne publicité, il a tout gagné.
C'est cet idée que devraient avoir tous les magasins de musique, malheureusement, ce n'est pas le cas, et je suis sur que chaque musicien a sa propre anecdote sur le sujet.
Enfin, n'oubliez pas que vous pouvez avoir en face de vous un stagiaire, pas forcément expérimenter dans la vente et ne connaissant pas forcément bien les instruments proposés.
Le vendeur dans le magasin de musique
Mais le vendeur, il fait quoi dans son magasin de musique quand y'a pas de clients? Il passe son temps à jouer des instruments hors-de-prix? Eh ben oui mais non, malheureusement, il y a d'autres occupations plus terre à terre et moins amusantes...
Parmi ces occupations, citons par exemple l'obligatoire comptabilité de fin de journée, nécessaire au bon fonctionnement du magasin; l'étiquetage des produits; ou encore le nettoyage des instruments (et du magasin, pour ceux qui ne recourent pas à une entreprise spécialisée dans le domaine). Les journées sont aussi rythmées par la réception des colis et une fois le nouveau matériel vérifié et en état de marche, on le range ou on le laisse en magasin.
L'exposition des instruments (« l'implantation de la surface de vente », pour faire professionnel) est d'ailleurs constamment remise en cause, afin d'optimiser au maximum la surface du magasin et de classer les instruments de la manière la plus simple à repérer pour les clients.
Et beaucoup de questions apparaissent, pour ce classement: par marque? Par prix? Par couleur? Par modèle? Par taille/volume? En général, le meilleur compromis est souvent de classer par marque, puis par prix (le moins cher en bas, le plus cher en haut; comme dans la grande distribution). Pour les amplis, cette méthode est utilisé, mais souvent couplée avec une classification selon le volume des produits.
Enfin, travailler en magasin de musique amène quand même un contact avec les instruments, en plus des clients.
Il faut savoir en jouer un minimum (c'est-à-dire quelques riffs et accords par-ci, par-là), ne serait-ce que pour faire entendre l'instrument à une personne ne sachant pas en jouer et venant pour débuter ou pour offrir. Et puis, il est bien plus facile de parler d'un instrument que l'on a déjà testé, plutôt que d'un qu'on ne connait que de part sa fiche technique et des soundclips!
De plus, dans certains magasins les vendeurs s'occupent de petites réparations et autres réglages ou petits travaux de lutherie. Cela concerne aussi bien un problème d'électronique qu'un réglage de manche ou de hauteur de cordes que la pose de nouveaux micros, et dépanne les musiciens qui ne se sentent pas de toucher à leur instrument sans faire de dégâts.
Conclusion
Si vous voulez travailler dans ce domaine, l'ouverture d'esprit et l'humilité sont, à mon sens, les valeurs principales à avoir pour l'exercer, car il faut être capable de renseigner aussi bien le metalleux que le jazz-rockeux, que le fan de blues et celui de flamenco. Le tout en prenant quelques claques quand un quidam vient essayer un instrument et se révèle être vraiment doué, alors que vous ne l'auriez jamais soupçonné musicien.
Pour conclure, être vendeur en magasin de musique est un métier réellement intéressant et passionnant, pour peu que le contact avec les autres ne vous dérange pas, et que vous êtes entouré de collègues sympathiques et aimant leur métier.