Une bonne droite
Jimmy Hendrix disait souvent qu’il n’aimait pas le timbre de sa voix, ce qui ne l’a pas empêché ne n’être pas qu’un génial guitariste. Le timbre, l’attaque, la fermeté et la rapidité des notes, presque tout ce qui forme le son est exécuté par la main droite (pour un droitier) et son rôle aussi bien pour un débutant comme pour un professionnel est fondamental. S’il est indispensable de jouer juste et bien, la principale signature pour un musicien, c’est le son, comme la voix d‘un chanteur, la voix d’un musicien sera celle qu’il produit avec son instrument et le travail de sa main droite en est déterminant.
Le son
D’abord, il faut écouter son propre son, on se rendra vite compte que pour un jeu aux doigts, l’index ne sonnera pas comme le majeur et les ongles longs changeront le son. James Jamerson avait pour habitude de jouer une grande partie de ses lignes de basse sur un seul doigt pour garder une unité, de même que Billy Sheehan dans un autre style utilise très souvent son index pour ces trémolos sur une corde joué en aller/retour ultras rapides après une cascades de notes. Ce qu’il faut savoir avant tout, c’est, quelle technique conviendrait pour donner quel effet.
Un son gros et riche sera plus facile à obtenir avec une position style contrebassiste en utilisant le maximum de chaire et en roulant un peu les phalanges le long du filet, mais il sera difficile de jouer vite, cela nécessite parfois une action haute, comme la vibration du bois est une affaire de tension, le son sera d’autant plus gros que la corde est grosse et que la force employée sera grande. On retiendra plus votre son et votre placement plutôt que votre volubilité, ne confondons pas un jeu opportun et un jeu opportuniste, pensez y, c’est très important.
On peut aussi rechercher un son plus étouffé et moins lourd en se servant du pouce et en étouffant la corde avec la paume de la main posée sur le chevalet ce qui est plus facile à contrôler au niveau de la longueur des notes.
C’est une technique peu utilisée parce qu’en général, on s’imagine quelle ne permet pas de jouer vite ce qui est faux, si on se sent à l’aise on peut la pratiquer en aller/retour et même piquer un peu les cordes avec l’ongle du pouce ce qui donnera une attaque franche et un sustain court. Sur certains passages plus tranchés, on pourra relever un peu la paume et attaquer davantage sans perdre le contrôle de la corde ce qui augmentera l’attaque et le sustain.
On ne va pas faire le listing complet des techniques mains droites, slap, tapping, jeu aux doigts, médiator, mais on peut s’attarder sur quelques unes, ainsi parfois, sur un titre ou dans un style, un son trop gros n’est pas toujours requis pour mettre en valeur une voix ou un arrangement particulier. En attaquant la corde du bout des doigts on favorise l’attaque au détriment du sustain ce qui peut être très opportun (et non pas opportuniste). Tout cela semble facile mais la mise en place n’est pas si évidente quand on sait qu’il n’est pas bon de s’éloigner de l’esprit d’un morceau. On reconnaît une bonne musique lorsque les musiciens jouent ensemble, je veux dire dans le même esprit, enfin, ensemble aussi, c’est préférable.
Une des bonnes droite qui est intéressante à étudier et abordable même avec un niveau très moyen, est celle de Rocco Priesta du groupe Tower of Power, sans doute parce que toute l'originalité de son jeu se situe là, avec lui, pas de bends ou de trills, sa main gauche exploite les pentatoniques de façon efficace mais tout est dans sa droite, croches, doubles croches bien binaires. Lorsqu’on travaille une technique, on va rechercher le bassiste qui a développé dans son jeu la technique recherchée, je vous incite à en faire autant, la technique funk de Rocco Prestia est caractéristique et fait école concernant le travail main droite.
L’écoute
Le placement par rapport aux autres instruments dans un groupe est aussi très influent sur le son, par exemple la batterie (au hasard) la cohésion avec la basse est vitale mais, quelle cohésion … Si on cherche un son très rond, il sera souvent plus facile de jouer derrière la grosse caisse (au fond du temps) pour que l’attaque soit donnée par le pied et le sustain par la basse, on pourra ainsi « aspirer » ses graves même si notre son à plat ne l’est pas spécialement. En effet, les fréquences basses générées par la grosse caisse viennent après son attaque qui est plus aigues qu’on ne le croit, c’est le principe du jeu au fond du temps cher aux bassistes Raggae, Stoner ou dans le Jazz mais pas seulement, comme quoi, plusieurs styles très différents peuvent se rejoindre, la magie de la musique … Si au contraire on veut plus d’agressivité il serait plus simple de jouer un peu devant la grosse caisse et ainsi utiliser son attaque pour amplifier la notre en sachant que la corde d’une basse va prendre un certain temps pour raisonner, ça anticipera le son mais au détriment de la rondeur.
En conclusion
Dans tous les cas, ce sera l’étroite collaboration entre la main droite et l’oreille qui fera la différence, il est fondamental de travailler sa rapidité afin que la main réagisse très rapidement à ce que l’oreille entend et que l’oreille à son tour écoute ce qui est joué mais ne confondons pas rapidité et précipitation, l’important pour un musicien est de faire entendre sa propre sensibilité pas son empressement, ce n’est pas la même rapidité et ça ne se travaille pas de la même manière, et n’oublions pas, opportuns mais pas opportunistes dans nos lignes de basses.
Quelques références incontournables à travailler pour acquérir une bonne droite :
Rocco Prestia avec Tower of Power “What is hip”
Billy Cobham et son titre « Stratus »
Bob Marley and The Waillers “Fussing and fighting”
Faith no More “Midlife Crisis”
James Jamerson avec Steve Wonder “I was mae to love her”