Le procès analogique vs numérique est un procès biaisé, ou tout le monde ne parle pas de la même chose, ou les idées recues foisonnent, ou peu de gens savent réellement ce qu'il en est.
Y'a plusieurs choses a prendre en compte :
1) Le monde de la musique est conservateur. C'etait mieux avant, toujours. Or, avant, c'est l'analogique. Certains n'iront même pas plus loin.
2) De ceci par contre se tire un truc interessant : toutes les grosses références en terme de son ont été faites y'a un certains paquet d'années, sur du matos analogique, donc. Par conséquent, le numérique est une nouvelle technologie imitant l'ancienne, et partant de là elle part perdante, puisque voir point n°1. Une imitation, meme "mieux" que l'originale, sera toujours une imitation, donc moins bien...
3) Le numérique est né, à une époque ou la musique existait, ou le son déchirait sa race. Les débuts du numérique, forcément balbutiant, ont donc installé une réputation : le son des années 80, y'a pas a dire, ca fait mal aux oreilles, quoi... Cette réputation a la vie dure. Un peu comme aujourd'hui on compare les voitures électriques aux voitures essences. Forcément, les voitures électriques ont des défauts, la technologie est plus récente, et arrive sur un marché ou il y a DEJA une offre excellente. Par conséquent, les investisseurs sont moins nombreux, le public moins demandeur, etc...
4) Aujourd'hui, le numérique est avant tout une facon de faire beaucoup et pas cher. Tout les multi-effets en dessous d'un certains prix sont numériques, notamment toutes les merdes sous 100€. Trop de gens comparent ce numérique-là, forcément minable, avec leur fuzz factory à 300€...
5) Il n'y a AUCUN argument technique réel pour assurer que une technologie est supérieue à l'autre, dans le domaine audio. Sisi, plein de gens prétendent le contraire, mais je vous assure que non. Pour les interessés, renseignez-vous sur les fréquences d'échantillonages, la dynamique sur le codage en bits, et vous comprendrez que à 44kHz / 24 bits on est déja dans des conditions parfaites. On peut, aujourd'hui, pousser jusqu'a bien plus loin, 96 kHz, 32 bits flottant, et là, celui qui vient me dire qu'on est pas dans des conditions parfaites (strictement !), il a interèt à avoir de solides arguments... Quand aux convertisseurs de sortie, ils sont actuellement également parfait, suffit juste d'y mettre le prix. Un son, audio, peut aujourd'hui tout à fait passer dans une chaine numérique (CAN - processeur - CNA) sans subir la MOINDRE modification ou dégradation.
6) Par contre, il existe des contraintes différentes, et notamment financières, qui font que les entreprises ne font pas toujours les choses bien. Le but, c'est gagner de l'argent, pas faire du bon matos. Parfois le 1er passe par le second, parfois pas. Or, rogner sur la qualité en numérique se remarque beaucoup plus facilement au final sur le son. Un mauvais convertisseur, c'est pas cher, et ca tue tout.
7) Par contre encore, selon le matériel, chaque technologie peut etre meilleure ou pas. La saturation est un phénomème surtout analogique, il existe en numérique mais ne produit pas du tout les memes effets. Un delay sera fondamentalement différent selon si il est implémenté en numérique ou en analogique avec des BBD. Pour un EQ, le numérique est clairement au dessus, les filtres numériques ont largement supplanté les analogiques. Mais bien sur, pour cela il faut que ca soit bien fait. Un mauvais EQ analogique sera peu efficace, et soufflera, au pire. Un mauvais EQ numérique pourra carrément couper une grosse partie du son d'origine.
8) Un effet pas des moindres à mon avis : l'homme préferera toujours les choses à sa dimension. Une lampe, ca a une taille, un comportement physique (ca chauffe, ca vibre), ca se sent, on se brule si on la touche. On la voit s'allumer. Un transistor discret, déja, c'est moins, mais ca reste touchable, cassable, on peut le prendre dans sa main, le circuit est visible. Par contre, le numérique fait disparaitre le traitement. On ne voit plus rien. Et ca, c'est angoissant. Donc ca pousse à la méfiance.
En gros, le numérique souffre de plein de tares qui ne sont pas réellement techniques : histoire, mentalités, déja, et une plus grosse sensibilité (a mon avis, mais en fait ca se discute je pense...) aux compromis prix/qualité. Un appareil numérique (en audio) sera très vite un peu pourri si on rogne un peu trop sur la qualité.
Niveau technique :
*Le numérique offre des possibilités meme pas imaginables en analogique. Mémoires, intégration, puissance de traitement, efficacité, flexibilité... C'est une techologie révolutionnaire sans laquelle une bonne partie de la musique actuelle n'existerait pas. Sans laquelle les clavièristes se ferait encore chier avec des Farfisa pesant un âne mort. Sans lequel l'enregistrement ne serait pas autant accessible à l'utilisateur lambda (mais ceci, est-ce un réel avantage... ??
). Etc...
*L'analogique offre une simplicité inégalable dans un paquet de domaines. De plus, il s'agit de la couche "réelle", physique, à notre niveau. Il est toujours nécessaire, en entrée et en sortie d'un système numérique, pour l'interface avec le monde. Mais il est limité sur pas mal de domaines.