Voilà ce qui circule sur les boîtes mail de toutes les académies.
>Lorsque j?écris de longs mails collectifs, c?est d?habitude pour un récit
de
>voyage. Si je prends « la plume » (je devrais dire « la touche ») aujourd?
>hui, c?est parce que je voudrais que l?on sache ce qu?il est en train de se
>tramer derrière notre dos, au nez et à la barbe de tous. Et puisque les
>médias ne font pas leur travail et ne parlent pour certains que du boycott
>des examens, qui nous rend très impopulaires, j?aimerais par ce petit texte
>vous montrer que notre mouvement n?est pas basé « sur des rumeurs », que
>nous ne sommes pas « une poignée d?extrémistes » à « être encore en grève,
>comme d?habitude »
>
>Pour ma part je suis en grève reconductible depuis le 6 avril. Le mouvement
>a commencé ici le 18 mars où une poignée de collègues de primaire ont
>reconduit la grève. Aujourd?hui le mouvement s?amplifie chaque jour un peu
>plus, car enfin on commence à parler de nous et les collègues se rendent
>compte qu?il est temps d?agir.
>
>Notre mouvement vous concerne tous, puisque les réformes ne touchent pas
que
>le corps enseignant : c?est l?école de demain qui est menacée, celle de vos
>enfants ou petits enfants, et par là même la société qui est remise en
>question.
>
>Nous nous battons certes pour nos retraites mais avant tout, et on le dit
>trop peu, contre la décentralisation. Concrètement, qu?est-ce que ça va
>changer ?
>
>L?éducation nationale ne sera plus un service public d?État. Les budgets
>aujourd?hui attribués à l?éducation transiteront par les régions et seront
>donc refondus avec le reste du budget régional. Cela entraînera une école à
>plusieurs vitesses selon la richesse et la politique des régions. Plus que
>jamais, à région pauvre, école pauvre. A moins que certains établissements
>ne puissent se faire financer soit par les parents, soit, en poussant à l?
>extrême, « sponsoriser » par des entreprises privées, comme c?est le cas en
>Grande Bretagne. Les gens qui en auront les moyens mettront leurs enfants
>dans des écoles de qualité, payantes, et les autres n?auront que la
>possibilité de fréquenter les écoles publiques, sans moyens et surpeuplées.
>Après les cantines (qui a déjà mangé un plateau repas insipide de la sodexo
>?), la privatisation menace maintenant l?école.
>
>Dès la rentrée prochaine, les médecins scolaires, assistantes sociales,
>conseillers d?orientation, deviennent fonctionnaires territoriaux. Déjà en
>nombre insuffisant -et pourtant ô combien indispensables auprès de nos
>élèves- ils seront de moins en moins présents dans nos établissements.
>
>Le service public est la garantie de l?égalité dans notre pays. Son
>démantèlement sera préjudiciable à l?ensemble de la population, et
>principalement aux plus démunis d?entre nous.
>
>Sachez aussi que faire la grève, ce n?est pas facile tous les jours :
>
>- En effet, malgré les apparences, nous avons mauvaise conscience de ne pas
>être auprès de nos élèves, de ne pas faire notre travail. C?est vrai, les
>enfants vont manquer 1, 2, 3 semaines, voire 1 mois ou plus de cours. Mais
>tout bien réfléchi, qu?est ce qu?un mois dans une scolarité par rapport à
>tout ce qui arrivera si l?on se laisse faire maintenant ?
>
>- Assister aux assemblées générales, aux manifestations, distribuer des
>tracts, informer les parents et les citoyens de notre action, passer dans
>les écoles pour informer les collègues qui travaillent, tout cela demande
>une énergie considérable. Je pars souvent tôt le matin (6 h 45 l?autre jour
>pour distribuer des tracts à la porte d?Aix) et il n?est pas rare que je
>rentre vers 19 heures. Les journées sont plus longues et éprouvantes que
>celles passées en classe (préparation et correction comprises !).
>
>- Pendant la grève on n?est pas payé. Cependant, on vient de m?envoyer un
>truc qui explique par a + b que pour perdre plus en faisant grève qu?en
>acceptant la réforme Fillon/Raffarin, il faudrait que nous fassions 3 ans
et
>15 jours de grève !!!!!
>
>Aujourd?hui, le gouvernement s?attaque à l?éducation et aux retraites, et
si
>nous ne réagissons pas maintenant, il aura la voie libre pour s?occuper de
>la santé (on commence à nous baratiner avec le déficit de la Sécu) et puis
>du reste. C?est pour ça que c?est aujourd?hui que nous décidons de nous
>battre, car demain il sera trop tard. Quand, il y a vingt ans, Thatcher a
>entrepris les réformes de décentralisation et de privatisation du service
>public, elle tenait les discours que tiennent Raffarin et Ferry sur les
>services publics français : il faut les « moderniser », ils sont «
>inefficaces et improductifs », il faut « adapter l?école à la société
>moderne », « régionaliser pour mieux répondre aux besoins locaux »? On voit
>la catastrophe que cela a donné en Angleterre aujourd?hui : prix
exorbitants
>et attentes anormales pour des soins médicaux, sécurité ferroviaire
>douteuse, école publique déplorable?
>
>J?espère avoir été claire et vous avoir convaincus de la légitimité de
notre
>action. Pour protester contre ça, nous étions plus de 100 000 à manifester
>dans les rues de Marseille le mardi 13 (plus qu?en 95, donc du jamais vu
>depuis mai 68 !), et encore le même nombre avant hier. Comme seuls quelques
>une pourront aller à Paris dimanche, à cause du nombre de places limitées
>dans le train, il y aura une manif ici aussi. Alors pour ceux qui ne
peuvent
>pas venir d?habitude parce qu?ils travaillent, c?est le moment de venir
dire
>notre mécontentement, notre ras le bol et de leur de montrer que oui, c?est
>bien la rue qui gouverne et qu?on ne va pas se laisser rouler dans la
>(raf)farine.
>
>Merci de m?avoir lue jusqu?au bout, et bon courage à tous.
>
>Palamy
>
Voilà, faut arrêter de croire tout ce que les gens non concernés disent.