Introduction
Présenter l'auteur : Diderot <
http://www.chez.com/bacfrancais/biodiderot.htm> et l'?uvre.
Cet article va assurer la transition entre l'Esprit des lois (1748) et le contrat social de Rousseau. Les uns ont trouvé son article très peu timoré et les autres subversif.
Lecture du texte
Annonce du plan
Etude méthodique
1° axe : L'idée fondamentale de Diderot
Aucun pouvoir ne saurait être légitime s'il ne provient de l'abandon librement consenti de tout ou partie de la liberté attachée à la nature humaine.
a) L'accession à la liberté : la raison (l.3)
Dès que l'homme est adulte, capable de se gouverner lui même à l'appui de cette assertion : l'autorité paternelle " la seule qui soit naturelle " mais cesse dès qu'elle n'est plus exercée par un père dans le cadre strictement familial.
L'autorité vient de la nature (paternelle) ou de la force " force, violence, emparé, tyran, joug " ou du " consentement " (3 occurrences)
La 2ème est régie par la loi du plus fort
La 3ème est limitée par la Rép et doit être utile à la société et avantageuse pour tous
Elle instaure un ordre de subordination
ne se laisse pas impressionner par le cérémonial de l'accueil
fins observateurs
ont su livrer le résultat de leur observation ( 10 et après)
ont du bon sens (roi :enfant)
Conclusion partielle : Pour Diderot, le tyran est celui qui tient son autorité de la force, alors que le prince a un pouvoir légitimé par le consentement du peuple et respecte un contrat avec celui-ci. Cette autorité ne doit agir que par raison et avec mesure (ligne 32).
2° axe : Une argumentation rigoureuse
Diderot ne pense pas à la révolution mais plutôt à une évolution : " quelque fois, change de nature, devenant alors prince cesse d'être tyran "
Cependant, la 1ère phrase a une tonalité péremptoire (catégorique). Implicitement, Diderot remet en cause la monarchie de droit divin. (implicite car censure des Jésuites)
Diderot bénéficie de la caution de Dieu pour récurer l'église.
L'argument est repris au paragraphe 4 et utilisé pour justifier le seul type de soumission que Diderot reconnaît.
C'est parce que l'homme ne s'appartient pas qu'il ne peut pas appartenir à un autre homme : l'homme appartient à Dieu, " maître aussi jaloux qu'absolu ".
Diderot légitime l'autorité par consentement en passant par Dieu. L'accord par lequel " les hommes établissent entre eux un ordre de subordination, obéissent à l'un d'eux " est la seule soumission que Diderot ne qualifie pas d'un crime d'idolâtrie. La caution religieuse appuie de nouveau l'habileté de l'argument.
De nombreux connecteurs logiques (mais, en sorte que, donc, car, afin que, parce que, ainsi, alors) sont la marque de la rigueur de la pensée de Diderot. D'autre part, l'auteur ne marque absolument pas sa présence dans le système d'énonciation, utilise le pronom indéfini " on ", qui traduit la distance de l'auteur par rapport à son propos, son souci d'objectivité et le " on " invite le lecteur à vérifier ce qui est dit.
Conclusion
C'est un article de L'Encyclopédie qui définit l'autorité mais qui est aussi une critique de la monarchie absolue de droits divins. Le postulat de Diderot est que l'autorité n'est pas naturelle. Il existe deus sortes d'autorité : celle qui émane de la force et celle qui émane du consentement. C'est à cette dernière que Diderot donne le plus d'importance de manière à critiquer la monarchie française de l'époque. Cet article est construit très rigoureusement.
Cette critique du pouvoir est également faite dans Lettres Persanes de Montesquieu
INTRODUCTION :
AUTEUR : Diderot <
http://www.chez.com/bacfrancais/biodiderot.htm> (1713-1784) est un des philosophes des Lumières à l?origine et directeur de l?Encyclopédie. Il a élaboré le drame au théâtre. Il a été condamné par le parlement pour impiété. Il a écrit : Le rêve de d?Alembert, Lettres sur les aveugles et Paradoxe sur le comédien entre autres.
?UVRE : L?Encyclopédie est un ouvrage de 28 volumes dans lequel est rassemblé toutes les idées nouvelles du 18ème Siècle . Les hommes les plus compétents dans chaque domaine y on travaillé dont ses fondateurs : Diderot et d?Alembert mais aussi Holbach, Rousseau ou Voltaire. Le but de L?Encyclopédie est de permettre à l?homme de se libérer des préjugés, de l?autorité et des peurs diverses.
EXTRAIT : C?est un article qui conteste, s?interroge sur la notion d?autorité et qui met en cause la monarchie absolue de droit divin en France. Le texte est bâti comme une démonstration, très logique, il part de la notion d?autorité pour en arriver à une critique du pouvoir royal
LECTURE DU TEXTE
STRUCTURE DU TEXTE
Ligne 1 à 8 : définitions des différentes autorités : autorité paternelle : naturelle
: autres autorités : non naturelles
Ligne 9 à 13 : autorité par la force.
Ligne 14 à 16 : transition entre l?autorité par la force et celle par le consentement
Ligne 17 à 34 : autorité par le consentement des peuples
ANNONCE DE LA METHODE D?EXPLICATION
Recours à une explication linéaire.
EXPLICATION LINEAIRE
1er paragraphe Lignes 1 à 8
Ligne 1 à 5 :La notion d?autorité n?appartient pas à la nature, ton très affirmatif voir péremptoire du texte : " aucun homme ", " chaque homme a le droit "Ligne 2, " toute autre autorité " Ligne 5. La répétition du mot droit Lignes 1 et 2 souligne l?idée que l?autorité n?est pas naturelle. Il y a une marque de concession dans cette affirmation " si la nature (...) paternelle " Lignes 1,2 et 3. Cependant cette autorité a des limites : " mais " Ligne 4, " bornes " Ligne 5, " elle finirait aussitôt que " Ligne 5. L?emploi de " quelques " Ligne 3 minimise l?importance de cette autorité : Diderot pense en effet que l?autorité naturelle n?existe pas.
Ligne 5 à 8 : Il est question de l?autorité non naturelle qui est de deux sortes :
la violence et la force
le consentement du peuple
Le ton est toujours péremptoire avec le subjonctif à valeur d?ordre : " qu?on examine bien " Ligne 5 " toujours ".
2éme paragraphe : Lignes 9 à 14
L?autorité par la violence : champ de la violence " violence ", " force ", " les plus forts ". Mise en évidence d?un rapport de force entre l?individu qui domine tous les autres et ceux qui sont dominés : " celui qui " s?oppose à " ceux qui ", " ces divers ", " ils "
Pour Diderot cette autorité est contestable : " usurpation " Ligne 9, " joug " (poids) Ligne 11, " n?est qu?une.. et ne dure autant que " pouvoir arbitraire, illégitime qui renvoit au mot " tyran " Ligne 16. Cette autorité a des limites qui découlent de sa nature même, c'est à dire de la force Ligne 10 à 13. Le rapport de force peut s?inverser. Diderot évoque une situation de renversement politique.
3ème paragraphe : Ligne 14 à 16
Ces lignes servent de transition : termes qui renvoient à l?autorité par la violence : " violence " Ligne 14, " ceux qu?on a soumis " Ligne 15, " tyrans " Ligne 16 ; termes qui renvoient à l?autorité par consentement : " change de nature " Ligne 14, " consentement exprès " Ligne 15, " prince " Ligne 16
On passe d?un pouvoir autoritaire à un pouvoir accepté par le peuple.
4ème paragraphe : Ligne 17 à fin
Ce dernier paragraphe est consacré à l?autorité avec le consentement des peuples. Cette autorité est celle à laquelle Diderot donne le plus d?importance.
Ligne 17 à 21 : l?origine de cette autorité est le consentement Ligne 17. Il faut qu?elle ait une certaine utilité : " utile à la société ", " avantageux à la République " Ligne 18 (République = chose publique) et des limites pour qu?elle puisse fonctionner " qui la fixent et la restreignent entre des limites " Lignes 18-19, " nécessairement " Ligne 17 indique que ces conditions sont indispensables. " car l?homme... " Lignes 19 et 21 sert à justifier les limites de l?autorité par le consentement : justification de type religieux : on ne peut pas se soumettre entièrement à un autre homme car seul Dieu a le droit de recevoir cette soumission Ligne 19 : " se donner entièrement et sans réserve " est une attitude que condamne Diderot dans cette forme d?autorité. Logique du passage avec l?expression : " suppose nécessairement " Ligne 17, " car " Ligne 19 et " parce que " Ligne 20
Ligne 22 à 26 : Ce passage définit l?attitude qu?on doit avoir face à Dieu d?une part et face à l?homme qui exerce l?autorité d?autre part.
DIEU : " pouvoir toujours absolu sur la créature ", " maître absolu toujours " Ligne 21, " ne perd jamais ses droits " Ligne 22, " aveuglément et sans réserve " Ligne 24
L?antithèse Ligne 25 montre cette séparation entre la créature et le créateur.
HOMME QUI A AUTORITE : " par raison et avec mesure " Ligne 24, " véritable crime de l?idolâtrie " Ligne 26, la soumission totale à une personne est en fait une injure faite à Dieu.
A la Ligne 22 " il permet (...) mais " est une concession : Dieu autorise l?autorité parmi les hommes à condition qu?elle ne se transforme pas en idolâtrie.
Ligne 26 à 34 : Ce dernier passage est l?illustration par l?exemple de l?idolâtrie que condamne Diderot : attitude physique (prosternation) qu?on a devant le roi qui est une double condamnation : l?attitude devrait être réservée à Dieu et pas à l?homme, de plus, même pour lui, Dieu ne souhaite pas ces signes de soumission (sans importance) : " n?est qu?une cérémonie extérieure " Ligne 27. Ici Diderot critique très fortement l?étiquette (le cérémonial) de la cour qui était en vigueur à l?époque. " Un anglais... " Ligne 31 est une nouvelle concession avec une allusion à l?Angleterre. Le fait de fléchir le genou en Angleterre devant le roi est acceptable parce que ce n?est qu?un " cérémonial " Ligne 31 ce qui s?oppose au crime de " lèse majesté " Ligne 34 en France. Le régime monarchique parlementaire qui protège les individus est prise en exemple.
CONCLUSION :
C?est un article de L?Encyclopédie qui définit l?autorité mais qui est aussi une critique de la monarchie absolue de droits divins. Le postulat de Diderot est que l?autorité n?est pas naturelle. Il existe deus sortes d?autorité : celle qui émane de la force et celle qui émane du consentement. C?est à cette dernière que Diderot donne le plus d?importance de manière à critiquer la monarchie française de l?époque. Cet article est construit très rigoureusement.
Cette critique du pouvoir est également faite dans Lettres Persanes de Montesquieu
Texte n°7 Groupement: Candide
Les Lettres persanes (Montesquieu)
Lettre 11
Pages 51-52 du livre du 18e
Histoire des Troglodytes ou « Le combat de l?injustice et de la vertu » (1)
Montesquieu a imaginé un peuple mythique au même titre que voltaire dans l?Eldorado et il essaye à travers l?utopie de nous définir ce qu?est la vertue.
Dans l?avertissement de l?esprit des lois, il donne la définition suivante : « il faut observer que ce que j?appelle vertue dans la République c?est l?amour de la patrie, c?est à dire l?amour de l?égalité; ce n?est point une vertue morale ni une vertue chrétienne, c?est une vertue politique. »
LECTURE METHODIQUE AU FIL DU TEXTE:
I. Description du peuple l.1-5
Histoire de ce peuple l.6-17
Fruits (amers) de l?anarchie l.15-fin
I. DESCRIPTION DU PEUPLE
· « Il y avait » : irréalité. On va donc décrire un peuple fantastique pour dénoncer la réalité.
· Arabie : idée d?exotisme, de richesse culturelle ® Eldorado.
· « Petit peuple » que l?on découvre à travers le champs lexical de la bestialité (bête, velus, ours, sifflaient, méchant, féroce...). C?est une bestialité psychologique car ils ont perdus « équité et justice »l.5
· Ils n?évoluent pas mentalement et restent primitifs.
II. HISTOIRE DE CE PEUPLE
Chaque paragraphe correspond à un régime (parallélisme).
·Monarchie absolue (l.1-8) : « ils avaient un roi » ® ce roi n?est pas choisi par le peuple, renforcé par l?usage de «origine étrangère ». Ce roi ne peut donc pas vraiment connaître ses sujets. Critique d?un pouvoir trop détaché du monde.
De plus la violence répond à la violence (l.6-7 : méchanceté ® sévèrement ) avec un champs lexical très fort : conjuré, tué exterminé (gradation).
·Monarchie parlementaire (l9-11) : le peuple a son mot à dire «choisir un gouvernement »l.9. «magistrats» donc monarchie libérale.
Mais opposition : « massacrèrent »l.11 : réaction bestiale et violente de ce peuple primitif.
·Aboutit à l?anarchie (12-15) : Chacun obéit à ses instincts ( « naturel sauvage »l.12). Loi de la jungle basée sur l?égoïsme et l?individualisme ( « chacun, uniquement, ses intérêts...). Négation de l?autre.
III. FRUITS AMERS DE CETTE ANARCHIE
·Individualisme exacerbé. L.15 à 24 « je, me, moi... ». Ces anaphores de « je » montrent bien l?aspect cloîtré de chacun à l?intérieur de cette société.
·Le bien commun disparaît (« mes besoins l.17 ;qu?il me faut l21... »).
· Donc l?indifférence prend de l?importance (« la durete des autres » l34) et la société est vouée à l?auto-destruction (l33-39).
Cette lettre reçoit une réponse qui est en quelque sorte l?antithèse de celle ci. (cf texte n°8)
Électronique, configuration, arrangement des électrons d'un atome, qui détermine ses propriétés chimiques. Voir Atome.
Absorption, en physique, dissipation de la lumière, de la chaleur ou d'une autre énergie rayonnante dans un milieu matériel. Le rayonnement absorbé se transforme en chaleur!; le reste est réfléchi avec des caractéristiques modifiées. Ainsi, un objet frappé par la lumière solaire absorbe certaines longueurs d'onde et en réfléchit d'autres. L'objet paraît blanc s'il réfléchit la quasi-totalité du rayonnement reçu. Si l'objet apparaît d'une autre couleur, cela signifie qu'une partie du rayonnement visible a été absorbée tandis que les autres longueurs d'onde ont été réfléchies, impliquant une perception de couleur sur l'?il. Un corps noir absorbe tout le rayonnement auquel il est soumis.
L'adsorption est un terme souvent confondu avec absorption. L'adsorption est la pénétration superficielle de molécules d'un gaz ou d'un liquides dans un solide poreux.
Corps noir, entité théorique maintenue à température constante, qui absorbe la totalité des rayonnements qu'elle reçoit. Une surface de noir de carbone, capable d'absorber 97 p. 100 des rayons incidents, se rapproche de cet idéal. D'après la thermodynamique, la puissance totale rayonnée par unité de surface du corps noir est : M!=!s.T4 (loi de Stefan), avec T la température du corps noir et s constante de Stefan, valant 5,670.10-8 W/m2.K4.
Voir aussi Boltzmann, Ludwig!; Planck, Max.
Rayonnement, processus par lequel l'énergie se propage dans le vide ou dans un milieu matériel, l'air par exemple.
Ce terme a désigné différents phénomènes de propagation!; cependant, on distingue actuellement, deux types de rayonnement : les rayonnements ondulatoires, qui ne s'accompagnent d'aucun transport de matière (ondes élastiques et électromagnétiques) et les rayonnements corpusculaires, qui désignent des flux de particules de masse non nulle. Les rayons cosmiques, les rayons alpha et bêta sont des rayonnements corpusculaires. Dans le langage courant, le terme rayonnement désigne les ondes ou les particules elles-mêmes.
Exemples de rayonnement
Les ondes sonores constituent un exemple de rayonnement mécanique. Elles ne se propagent que dans un milieu matériel, pas dans le vide. La propagation d'un rayonnement électromagnétique ne nécessite pas de milieu matériel!; néanmoins, la vitesse, la densité et la direction du flux d'énergie sont influencées par la présence de matière. Un rayonnement possédant suffisamment d'énergie pour ioniser des molécules ou des atomes du milieu dans lequel il se propage est appelé rayonnement ionisant (voir Ionisation). Ce peut être un rayonnement de particules ou un rayonnement électromagnétique.
Le rayonnement cosmique est constitué de noyaux chargés positivement, en l'occurrence les noyaux d'hydrogène (voir Proton). Il peut aussi être constitué d'électrons, de rayons gamma, de pions ou de muons.
Le rayonnement alpha est une émission de noyaux d'hélium par des nucléides radioactifs. Le rayonnement bêta est une émission d'électrons (b-) ou de positrons (b+), également de provenance radioactive (voir Radioactivité). Les rayons alpha naturels sont stoppés par l'épaisseur de quelques feuilles de papier ou par un gant en caoutchouc!; les rayons bêta sont stoppés par une plaque de bois de quelques centimètres d'épaisseur. Selon l'énergie transportée, les rayons gamma et les rayons X requièrent la protection d'une certaine épaisseur de matériaux lourds comme le fer, le plomb ou le béton. Voir aussi Nucléaire, énergie!; Quantique, théorie.
Spectre du rayonnement électromagnétique
Le spectre du rayonnement électromagnétique s'étend des ondes extrêmement courtes (rayons gamma) aux basses fréquences. Les limites aux deux extrémités ne sont pas clairement définies. Les rayons gamma et les rayons X «!durs!» ont des longueurs d'onde de 0,005 à 0,5 nm (1 nm!=!10-9 m). Les rayons X «!doux!» se confondent avec le rayonnement ultraviolet à partir d'une longueur d'onde d'environ 50 nm. Les rayons ultraviolets les moins énergétiques sont limités par la lumière visible, qui s'étale de 400 à 800 nm. La bande suivante du spectre (lorsque l'énergie des ondes diminue encore) est occupée par le rayonnement infrarouge («!rayonnement de chaleur!») (voir Chaleur, transfert de). Celui-ci est limité par les micro-ondes (ou hyperfréquences) de longueur d'onde de l'ordre du centimètre. À partir d'une longueur de l'ordre du mètre jusqu'à environ 15 000 m, le spectre est constitué d'ondes radio. Au-delà, ce sont les ondes hertziennes, puis les basses fréquences, dont la longueur d'onde est mesurée en dizaines de milliers de kilomètres.
Ultraviolet, radiation électromagnétique dont la longueur d'onde s'étend de 400 nm, longueur d'onde de la lumière violette, à 15 nm, longueur d'onde des rayons X [le nanomètre (nm) équivaut à un millionième de millimètre]. La radiation ultraviolette est produite artificiellement par des lampes à arc électrique et elle est émise par le soleil.
Les radiations ultraviolettes peuvent être dangereuses pour les êtres vivants, en particulier lorsque les longueurs d'onde sont faibles. Les radiations ultraviolettes ayant des longueurs d'onde inférieures à 300 nm sont utilisées pour la stérilisation, car elles tuent les bactéries et les virus. Pour les êtres humains, l'exposition à des radiations ultraviolettes de longueurs d'onde inférieures à 310 nm peut provoquer des brûlures par le soleil!; une exposition prolongée de plusieurs années peut provoquer un cancer de la peau.
L'atmosphère terrestre protège les organismes vivants des radiations ultraviolettes du soleil. Si toutes ces radiations ultraviolettes pouvaient atteindre la surface de la terre, il n'y aurait probablement plus de vie sur celle-ci. Heureusement, la couche d'ozone de l'atmosphère absorbe pratiquement toutes les radiations ultraviolettes de faibles longueurs d'onde et une grande partie des longueurs d'onde supérieures. Cependant, les radiations ultraviolettes ne sont pas totalement dangereuses : une grande partie de la vitamine D nécessaire à la santé est produite lorsque la peau est exposée aux rayons ultraviolets.
De nombreux composés exposés à la lumière ultraviolette ont un comportement différent lorsqu'ils sont soumis à l'action de la lumière visible. Par exemple, des minéraux, des colorants, certaines vitamines, huiles naturelles et autres composés deviennent fluorescents par exposition aux rayons ultraviolets : ils semblent émettre de la lumière. Les molécules de ces substances absorbent la lumière ultraviolette invisible, accroissent leur énergie et en restituent une partie au milieu extérieur en émettant de la lumière visible. Voir Luminescence.
Astronomie ultraviolette. Cette technique est utilisée depuis le début des années 1960. Elle utilise des détecteurs montés sur des satellites artificiels, ce qui a permis d'obtenir des données, auxquelles on ne peut accéder à la surface de la terre, sur les astres. L'International Ultraviolet Explorer, lancé en 1978, est l'un de ces satellites.
Infrarouge, rayonnement électromagnétique non visible, de longueur d'onde comprise entre 0,8 µm (lumière visible rouge) et 1 mm (ondes radio). Le rayonnement infrarouge peut être détecté par la chaleur à laquelle il est associé. Ainsi, les premiers détecteurs à infrarouge furent thermiques. On utilise les bolomètres, les thermopiles et des détecteurs pneumatiques. De nos jours, on utilise aussi des détecteurs quantiques. Voir Rayonnement!; Spectre.
Le rayonnement infrarouge est utilisé pour obtenir des images d'objets éloignés que la brume atmosphérique obscurcit. En effet, au contraire de la lumière visible, le rayonnement infrarouge n'est pas dispersé par la brume. La détection infrarouge est souvent utilisée par les astronomes pour observer les étoiles et les nébuleuses.
Pour réaliser des photographies infrarouges très précises, on utilise un filtre ne laissant passer que les radiations infrarouges. Dans la plupart des cas, un filtre orange ou rouge, absorbant la lumière bleue et violette, est cependant suffisant. Développée vers 1880, la photographie infrarouge est largement utilisée comme moyen de diagnostic médical, mais connaît aussi des applications dans l'agriculture et dans l'industrie. Les techniques infrarouges permettent de révéler des caractéristiques pathogènes qui ne sont visibles ni à l'?il nu ni sur les épreuves obtenues par radiographie (rayons X). Voir Thermographie. La télédétection aérienne ou par satellite est utilisée pour contrôler l'évolution des cultures, ou encore pour localiser les gisements de minéraux. Voir Aérienne, observation!; Satellite artificiel. La spectroscopie infrarouge joue un rôle de plus en plus important dans la recherche sur les métaux et les alliages. La photographie infrarouge est notamment utilisée pour contrôler la qualité de certains produits industriels.
Des dispositifs à infrarouges permettent aux tireurs d'élite de voir leurs cibles dans l'obscurité totale. Les éléments principaux de ces instruments sont une diode et un télescope. La diode émet vers l'objet visé un faisceau de rayons infrarouges souvent appelé lumière noire. L'objet émet en retour un rayonnement : le télescope le reçoit et le transforme en image visible.
Spectre, suite de couleurs (semblable à celle d'un arc-en-ciel) obtenue par la décomposition de la lumière blanche. L'arc-en-ciel est un spectre naturel produit par les gouttes de pluie. On obtient un spectre de la lumière blanche en projetant un faisceau de lumière solaire sur un prisme en verre. Le prisme disperse la lumière qui se décompose alors en bandes de lumière colorée que les physiciens ont réparties arbitrairement en sept couleurs : rouge, orangé, jaune, vert, bleu, indigo et violet.
Chaque couleur de la lumière blanche est caractérisée par une longueur d'onde ou, ce qui revient au même, par une fréquence. En effet, la longueur d'onde, notée l, et la fréquence g du rayonnement sont reliées entre elles par la relation : l!=!c!/!g, où c est la vitesse de la lumière dans le vide (c!=!3.108 m/s). La longueur d'onde s'exprime en m et la fréquence en s-1. Les longueurs d'onde de la lumière visible sont si courtes qu'elles s'expriment en nanomètre (de symbole nm), avec 1 nm!=!10-9 m. La longueur d'onde de la lumière violette va de 400 nm à 450 nm!; celle de la lumière rouge va de 620 nm à environ 760 nm.
Voir Couleur!; Lumière.
La première explication plausible du phénomène de décomposition de la lumière fut proposée en 1666 par le mathématicien et physicien anglais Isaac Newton. Lorsqu'un rayon de lumière passe d'un milieu transparent, tel que l'air, dans un autre milieu transparent, tel que le verre ou l'eau, sa trajectoire est déviée : il s'agit de la réfraction. L'ampleur de la réfraction, c'est-à-dire la valeur de l'angle de déviation, dépend de la longueur d'onde de la lumière. La lumière violette, par exemple, est déviée plus fortement que la lumière rouge au passage de l'air dans le verre ou dans l'eau. Par conséquent, la lumière blanche, qui est la superposition des couleurs de l'arc-en-ciel, est séparée en ses composantes lorsqu'elle traverse un prisme en verre ou des gouttes d'eau. Voir Optique.
Un spectroscope est un appareil qui permet de produire et d'observer un spectre à partir d'une source lumineuse que l'on veut analyser (une étoile ou une flamme, par exemple). Un spectrographe fournit un enregistrement photographique des spectres. Un spectrophotomètre, quant à lui, permet la comparaison quantitative de deux spectres. La spectroscopie est l'étude des spectres lumineux et, plus généralement, des spectres des rayonnements électromagnétiques émis, absorbés ou diffusés par des sources lumineuses et des milieux matériels. Pour des mesures spectroscopiques d'extrême précision, les scientifiques utilisent des interféromètres, dispositifs qui utilisent le phénomène des interférences lumineuses.
Au XIXe siècle, les savants découvrirent qu'il existait, au-delà de la limite violette du spectre, des radiations invisibles à l'?il nu ayant des propriétés différentes (voir Rayonnement). Il s'agissait de l'ultraviolet. De même, les radiations infrarouges furent détectées au-delà de la limite rouge du spectre. Quoique invisibles, ces radiations transmettent de l'énergie. Ce fait fut démontré par leur capacité à élever la température d'un corps. La définition du terme spectre fut alors généralisée pour y inclure l'étude de ces radiations invisibles, puis ensuite étendue aux ondes radio au-delà des infrarouges et aux rayons X et rayons gamma, au-delà des ultraviolets.
Actuellement, le terme spectre est souvent employé au sens large pour toute grandeur physique qui est répartie en fonction d'un paramètre, qui peut être une grandeur telle que l'énergie, la fréquence, la vitesse, etc. On parle alors, par exemple, de spectre d'énergie d'un gaz (fonction caractérisant le nombre de molécules ayant une énergie d'une valeur donnée), de spectre de fréquence, de spectre des vitesses. Un son complexe, tel que le bruit, peut être converti en un spectre audio constitué de sons purs de hauteurs différentes. De même, un mélange complexe d'éléments ou d'isotopes de masses atomiques différentes peut être disposé suivant une séquence bien ordonnée des masses atomiques appelée spectre de masse (voir Spectromètre de masse).
La spectroscopie a non seulement fourni une méthode importante et sensible d'analyse chimique, mais elle a également servi d'outil de base aux découvertes réalisées en astrophysique et en physique atomique. Pour comprendre cela, il faut savoir que tout changement dans le mouvement des électrons de la couche extérieure d'un atome produit généralement un spectre dans les parties visible, infrarouge et ultraviolette du rayonnement électromagnétique. De même, un changement dans le mouvement d'un électron de couche intérieure des atomes lourds produit un spectre de rayons X, alors qu'une modification apportée à la configuration du noyau d'un atome produit un spectre de rayons gamma. Enfin, le changement de la configuration des molécules produit un spectre dans l'infrarouge. Ainsi, connaissant le domaine du rayonnement électromagnétique pour lequel est produit un spectre au cours d'une réaction, on en déduit quelle partie d'une structure a été modifiée (couches électroniques, nucléons, etc.). Voir Atome!; Électromagnétique, rayonnement!; Luminescence.
Serre, effet de, effet naturel de la basse atmosphère, ou troposphère, qui contribue à retenir une partie de la chaleur solaire reçue à la surface de la Terre et à maintenir l'équilibre thermique de la planète. La modification de la composition de la troposphère par les rejets anthropogéniques (liés aux activités humaines) pourrait amplifier le phénomène au point de présenter un danger pour les sociétés humaines. C'est ce risque que l'on désigne aussi par l'effet de serre. L'atmosphère est facilement traversée par les rayons solaires à ondes courtes qui échauffent la surface de la Terre pendant le jour. La nuit, la vapeur d'eau et les nuages absorbent l'essentiel des radiations infrarouges, de grandes longueurs d'ondes, émises par la surface de la Terre. Ces radiations sont rayonnées à leur tour, en direction de la surface de la planète, freinant ainsi la déperdition de chaleur vers la haute atmosphère. Ainsi, la troposphère se comporte comme la vitre qui maintient la chaleur à l'intérieur d'une serre. Cela explique que durant une même saison les nuits avec ciel couvert connaissent des températures plus élevées que les nuits avec ciel dégagé. Le dioxyde de carbone absorbe aussi les radiations infrarouges. À l'état naturel, sa teneur dans l'atmosphère est faible : 0,0294 p. 100 en volume ou 294 ppm!; mais depuis la révolution industrielle (milieu du XIXe siècle), avec l'utilisation massive des combustibles fossiles (charbon, gaz, pétrole), la destruction des forêts tropicales et les feux de brousse qui ravagent la savane, la quantité de dioxyde de carbone, rejetée dans l'atmosphère et non absorbée par la végétation, ne cesse d'augmenter à un rythme de plus en plus rapide : 0,5 p. 100 en 1992. Au dioxyde de carbone s'ajoutent des gaz à l'état de traces dont la teneur s'accroît encore plus vite depuis 1990!; ce sont le méthane, l'oxyde d'azote (N2O), les composés chlorofluorocarbonés (CFC) et l'ozone (dû à la pollution, à ne pas confondre avec l'ozone stratosphérique). Ces gaz rares ont un pouvoir d'absorption des radiations infrarouges encore plus puissant que le dioxyde de carbone. Ils sont susceptibles d'accroître l'effet de serre et de réchauffer la troposphère, provoquant de ce fait une augmentation de l'évaporation et une amplification du rôle de la vapeur d'eau. Si l'élévation de la teneur de ces gaz à effet de serre se poursuit, les scientifiques estiment que la température moyenne de l'air pourrait s'élever de 2 à 6!°C au cours des cent prochaines années. Cela est à la base des théories concernant le réchauffement de la planète. Une hausse de cette ampleur pourrait modifier les climats de la Terre, affectant la production agricole. La conséquence la plus redoutée serait la fonte des glaciers et d'une partie des inlandsis provoquant un relèvement du niveau des mers et des océans et l'ennoiement des plaines et des agglomérations littorales. Si cela devait se produire, des millions de personnes seraient concernées.
J. Grinevald: L'effet de serre de la biosphèreL'EFFET DE SERRE DE LA
BIOSPHERE
De la révolution thermo-industrielle
à l'écologie globale
(in SEBES,1990)
Par Jacques GRINEVALD,
Chargé de cours à l'Institut universitaire d'études du développement,
à l'Université de Genève (Département de science politique)
et à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (Programme Homme - Technique
- Environnement).
Sommaire:
I. L'air du temps
II. La chaleur de la révolution industrielle
III. Tyndall et les propriétés radiatives des gaz
IV. C02 et histoire géologique du climat
V. Arrhénius et la théorie de la serre chaude
VI. Entropie - Ecologie - Economie
VII. De l'Année Géophysique Internationale au «Global Change»
VIII. La biosphère de la planète Terre et notre négligence
Références bibliographiques
Notes
I. L'air du temps
Certes, nous pouvons ralentir les processus déjà lancés, légiférer pour
consommer moins de combustihles fossiles, replanter en masse les forêts
dévastées... toutes excellentes initiatives, mais qui se ramènent au total,
à la figure du vaisseau courant à vingt-cinq noeuds vers une barre rocheuse
où immanquablement il se fracassera et sur la passerelle duquel l'officier
de quart commande à la machine de réduire la vitesse d'un dixième sans
changer de direction. Michel SERRES (1989)
«Le ciel est en train de tomber; peut-être pour de bon!» Ce n'est pas le
titre d'une pièce de théatre, mais celui d'un éditorial (24 nov. 1986) du
journal de la Société américaine de chimie, introduisant un numéro sur le
thème «The Changing Atmosphere» [C&EN, 1986] consacré aux problèmes
scientifiques et politico-économiques des transformations actuelles de
l'atmosphère: pluies acides, déplétion de la couche d'ozone stratosphérique et
réchauffement global (effet de serre). Ce n'est qu'un exemple parmi beaucoup
d'autres.
En octobre 1985, la conférence internationale des experts OMM-PNUE-CIUS réunie
à Villach, en Autriche [OMM, 1986; Bolin et al., 1986](1), déclarait qu'en
raison de l'accroissement de la concentration du dioxyde de carbone et des
autres gaz à effet de serre dans l'atmosphère, il pourrait se produire, «dans
la première moitié du siècle prochain, une augmentation de la température
moyenne du globe dépassant tout ce que l'humanité a connu dans son histoire. »
Alors qu'aucun «signal» ne semblait encore dépasser le «bruit de fond» des
variations naturelles au début des années 80 [CEQ, 1981; Revelle, 1982], on
prit très au sérieux, après la déclaration de Villach, l'annonce d'une
augmentation d'au moins 0,5 degrés C de la température moyenne du globe depuis
le milieu du siècle dernier [Jones et al., 1986]. Au sein des Nations Unies,
l'UNEP [1987] fit une certaine publicité aux risques écologiques, mettant en
évidence les menaces sur la couche d'ozone et l'effet de serre. Aucune preuve
formelle ne permet encore de relier le récent réhauffement séculaire au
renforcement de l'effet de serre par les activités humaines, mais d'éminents
experts, spécialistes de la théorie de l'effet de serre [Hansen, 1988], en
sont convaincus depuis quelques années.
L'affolement n'est pas bon guide, mais l'inquiétude est bien là. Elle a été
parfaitement exprimée dans un article de Wallace S. Broecker [1987] intitulé
«Unpleasant surprises in the greenhouse?» Faisant plutôt partie des
«alarmistes» [Broecker, 1975], cet éminent géochimiste américain n'hésite pas
à déclarer: «nous jouons à la roulette russe avec le climat.»
Le débat scientifique est en train de sortir des cercles spécialisés [Clark,
ed., 1982; Smil, 1985] pour devenir un grand débat de société,intimement lié
aux problèmes écologiques et énergétiques du développement, tant des pays
industrialisés que des pays dits en voie de développement. L'année 1988
constitue sans doute un tournant historique dans cette affaire. Nous y
reviendrons. Significativement, on vit l'apparition, dans la revue americaine
Oceans, de l'expression «the greenhouse revolution» [Wolkomir, 1988]. Depuis
la conférence mondiale de Toronto sur l'atmosphère [Ferguson, ed., 1988], on
assiste à une inflation de conférences internationales «pour sauver la
planète». Les colloques, déclarations, rapports d'experts et livres pour le
grand public se multiplient (2). Après l'inquiétante surprise du «trou
d'ozone», l'effet de serre fait, à juste titre, la une de la presse, mais au
fait, connaissons-nous la signification biosphérique et l'émergence de ce
concept dans l'histoire des sciences de la Terre et de la Vie?
Commençons par reconnaitre que le problème de «l'effet de serre», et plus
précisément de sa dérive anthropogénique [Grantham, 1989], est d'une
redoutable ampleur et d'une réelle complexité. Essayons de comprendre le
phénomène. En tant que philosophe, ma modeste contribution sera ici surtout
d'ordre épistémologique. Mon propos vise avant tout à situer la description
scientifique du phénomène dans son contexte historico-culturel.
Le premier objectif de ces quelques pages sera donc de rappeler que l'actuelle
préoccupation pour l'impact du développement économique sur l'atmosphère et le
climat, et donc sur la Biosphère dans sa dimension planétaire (3), ne tombe
pas du ciel. Nous devons le situer dans l'évolution des connaissances
scientifiques. Notre second objectif sera d'essayer de présenter, aussi
brièvement que possible, le problème du réchauffement anthropogénique de la
Biosphère provoqué par la révolution industrielle, plus précisément
thermo-industrielle, dans une perspective interdisciplinaire et holistique.
Nous espérons ainsi contribuer à éclairer un aspect important du débat sur les
politiques de développement énergétique, et notamment la question de l'option
nucléaire comme remède à la «fièvre» de notre planète.
La perspective que nous présentons est celle de l'écologie globale, cette
science de la Biosphère dont la communauté scientifique internationale
commence seulement à découvrir - notamment depuis l'étude des conséquences
climatiques et biologiques globales d'une guerre nucléaire («l'hiver
nucléaire») - qu'elle nous fait pour l'instant défaut et qu'il est urgent de
s'en préoccuper pour affronter l'enjeu majeur du futur, qui n'est rien moins
que celui de notre rôle dans le devenir de la planète Terre (4). Encore
embryonnaire, marquée par l'ignorance de notre civilisation moderne en matière
écologique, cette nouvelle science de la nature à l'échelle du globe cherche à
décrire et à comprendre le fonctionnement du «système Terre» (NASA, 1988) sans
en exclure l'activité humaine (Clark, 1989) puisque celle-ci est devenue une
véritable force géologique altérant les grands cycles biogéochimiques (5).
Dès le siècle dernier, certains naturalistes s'inquiétèrent des
transformations de «la face de la Terre»(6) provoquées par les hommes et le
développement des techniques. Ce thème était dans «l'air du temps» à l'époque
de la Grande Guerre, la première guerre «mondiale». Depuis Hiroshima et les
débuts de l'âge nucléaire, les avertissements des écologistes n'ont pas manqué
(Rens et Grinevald, 1975, 1979; Grinevald, 1985). Cependant, le catastrophisme
incompris des pionniers de la conscience écologique fut systématiquement
étouffé par le bruit de fond produit par l'idéologie de l'industrialisation,
de la guerre, puis de la défense nationale et de la croissance économique.
Notre culture, dite moderne, urbano-industrielle, avait tout simplement perdu
le sens du temps, celui qui s'écoule irrémédiablement, mais aussi celui des
météores, des cycles de la nature, bref, le temps qu'il fait, dehors, celui de
l'air qu'on respire, avec toute la planète (Gribbin, ed., 1986). Notre
culture, emportée par les triomphes de notre technoseience prométhéenne, avait
perdu le sens du monde, au vieux sens du terme (Serres, 1990).
Pourtant, dès les lendemains de la deuxième guerre mondiale, appliquant les
principes de la thermodynamique, de la cybernétique et de l'écologie des
écosystèmes, un certain nombre de scientifiques réfléchissant sur la
problématique de l'évolution mirent en évidence les contradictions écologiques
entre l'expansion économique (et démographique) mondiale et les limites de la
planète et de la Biosphère. Ce changement d'attitude scientifique, marginal
jusqu'au début des années 1980, n'a pas (encore) bouleversé la science
économique dominante, discipline fondamentalement mécaniste qui se moque du
monde (c.-à-d. des ressources naturelles, de l'énergie, de l'air, de l'eau, de
tout ce qui nous fait vivre!), comme le démontrent depuis vingt ans quelques
savants non-conformistes, dont le mathématicien et économiste Nicholas
Georgescu-Roegen.
Dans l'histoire des idées sur l'environnement, les années 1962-972 constituent
un tournant majeur: de Rachel Carson à «Woodstockholm»! Les racines
historiques de notre crise écologique sont profondes, voire religieuses
(White, 1967). La conférence de l'Unesco sur la biosphère, en 1968, et la
conférence des Nations Unies sur l'environnement, à Stockholm, en 1972,
illustrent les premières manifestations, au niveau international, de ce
changement de perspective qui impliquera, en profondeur, une réconciliation
entre développement et environnement, économie et écologie, société et nature.
En 1972, le rapport Nous n'avons qu'une Terre, puis, en 1987, le «rapport
Brundtland», Notre avenir 1a tous, traduisent bien l'émergence de cette
nouvelle sensibilité planétaire, sans toutefois proposer une perspective
d'avenir scientifiquement cohérente.
La «crise de l'énergie», éclatant comme un coup de tonnerre en octobre 1973,
un an après le rapport sur «les limites à la croissance» lancé par le Club de
Rome, est toujours là, à l'horizon, meme si les prix du marché sont incapables
d'en donner une représentation réaliste pour le long terme. En fait, la crise
de l'énergie, qui est une crise entropique (ou entropologique) (Grinevald,
1982; 1984; Rifkin, 1989), souligne le caractère «subversif» de l'écologie,
science fondamentale qui s'applique aux rapports entre population, énergie,
ressources et environnement (Ehrlich et al., 1978; Ramade, 1981, 1984, 1989;
Simmons, 1981).
Mais avant d'être un enjeu politique mondial et une perspective de changement
écologique majeur, «l'effet de serre» est un concept scientifique bien établi
depuis un siècle, même si les recherches les plus récentes nous révèlent des
boucles de rétroaction (feedbacks) d'une complexité longtemps ignorée(7). Ce
qu'on appelle «l'effet de serre» - métaphore et non exacte analogie (une serre
évite les courants d'air!) - est, «en dépit de toutes les controverses qui
entourent le terme, l'une des théories les mieux établies en sciences de
l'atmosphère» (Schneider, 1989b).
II. La chaleur de la révolution industrielle
C'est à la chaleur que doivent étre attribués les grands mouvements qui
frappent nos regards sur terre; c'est à elle que sont dues les agitations de
l'atmosphére, l'ascension des nuages, la chute des pluies et des autres
météores, les courants d'eau» qui sillonnent la surface du globe et dont
l'homme est parvenu à employer pour son usage une faible partie; enfin les
tremblements de terre, les éruptions volcaniques, reconnaissent aussi pour
cause la chaleur.
Sadi CARNOT (1824)
Si certains peuvent croire que «le ciel nous tombe sur la tête», il est
certain que le concept de «l'effet de serre» ne... tombe pas du ciel. Il
s'inscrit, comme toutes les découvertes scientifiques, dans l'histoire des
sciences. Il nous faut reprendre les choses depuis les débuts de la révolution
industrielle et thermodynamique, au moment où émerge l'idée d'un rapport entre
énergie et civilisation (Grinevald, 1975, 1982).
Symboliquement, pour nous, tout commence en 1824. Cette année-là, à Paris,
l'ingénieur Sadi Carnot (1796-1832) publie ses Réflexions sur la puissance
motrice du feu et sur les machines propres à développer cette puissance. Nous
savons aujourd'hui que c'était la création, avant la lettre, d'une nouvelle
science, la Thermodynamique, en rupture avec le paradigme newtonien de la
science mécaniste classique. Dans le même temps, c'était l'annonce de notre
modernité: la révolution thermo-industrielle.(8)
La thermodynamique, la science de l'énergie et de l'entropie, ne se
développera que bien après la tragique disparition de Carnot. Le nom de cet
ingénieur du génie, incompris en son temps, est pour nous synonyme de
révolution scientifique: le principe de Carnot, le fameux deuxième principe de
la thermodynamique, appelé par Clausius, en 1865, la loi de l'entropie, «la
plus économique des lois de la nature» selon Georgescu-Roegen, ne bouleverse
pas seulement la science classique, elle démontre aussi la faillite écologique
de la conception mécaniste de notre science économique qui ignore totalement
nos échanges réels avec l'environflement et notre appartenance à la Biosphère.
Nous n'avons toujours pas fini, à peine avons-nous commencé, à découvrir
toutes les implications de la révolution carnotienne.
C'est en 1824 également que le physicien Joseph Fourier (1786-1830), l'auteur
de la Théorie analytique de la chaleur (1822) qui se démarquait aussi du
paradigme newtonien en introduisant dans la physique l'irréversibilité de
l'écoulement de la chaleur, publie ses «Remarques générales sur les
températures du globe terrestre et des espaces planétaires».Fourier(9) y
déclare, avec une remarquable prescience, que cette question est «l'une des
plus importantes et des plus difficiles de toute la Philosophie naturelle», et
qu'elle «se compose d'éléments assez divers qui doivent être considérés sous
un point de vue général.»
Dans cette synthèse finale d'une série de plusieurs mémoires sur «la chaleur
de la Terre», Fourier replace ce lancinant problème de l'histoire naturelle
(au sens de Buffon), traité à l'époque par tous ceux qui s'occupent de la
«théorie de la Terre», dans son véritable contexte cosmologique. Le système
solaire, auquel appartient notre planète, est «placé dans une région de
l'univers dont tous les points ont une température commune et constante,
déterminée par les rayons de lumière et de chaleur qu'envoient tous les astres
environnants». La Terre est ainsi plongée dans la «température froide du ciel
planétaire» et, par ailleurs, elle est «échauffée par les rayons solaires,
dont l'inégale distribution produit la diversité des climats».
D'une manière similaire à Sadi Carnot, Fourier déclare que son «objet
principal est de reconnaltre les phénomènes généraux» Il fait donc abstraction
des causes secondaires et des détails numériques: la science ne disposant pas
alors des «observations météorologiques propres à fournir les données
nécessaires»! Il faut distinguer «les caractères des phénomènes dus aux causes
générales» et les circonstances locales: «Les mouvements de l'air et des eaux,
l'étendue des mers, l'élévation et la forme du sol, les effets de l'industrie
humaine (souligné par J.G.) et tous les changements accidentels de la surface
terrestre modifient les températures dans chaque climat.» Comme celle du jeune
Carnot, la physique et la cosmologie de Fourier traduisent le bouleversement
écologique et anthropologique de la révolution industrielle; l'activité
humaine est désormais partie prenante des transformations de la face de la
Terre: «L'établissement et le progrès des sociétés humaines, l'action des
forces naturelles, peuvent changer notablement et dans de vastes contrées,
l'état de la surface du sol, la distribution des eaux et les grands mouvements
de l'air. De tels effrts sont propres à faire varier, dans le cours de
plusieurs siècles, le degré de la chaleur moyenne».
Même s'il est «difficile de connaître jusqu'à quel point l'atmosphère influe
sur la température moyenne du globe», il est clair, écrit Fourier, que
«l'interposition de l'air modifie beaucoup les effets de la chaleur à la
surface du globe». Détail jamais relevé, c'est au genevois Horace-Bénédict de
Saussure (1740-1799) que Fourier attribue l'origine de l'analogie
météorologique entre l'atmosphère terrestre et une «serre chaude».
Fourier conclut que «la température est augmentée par l'interposition de
l'atmosphère, parce que la chaleur trouve moins d'obstacle pour pénétrer
l'air, étant à l'état de lumière, qu'elle n'en trouve pour repasser dans l'air
lorsqu'elle est convertie en chaleur obscure», mais il ne distingue pas les
gaz atmosphériques mineurs qui sont précisément responsables de cette
absorption du rayonnement infra-rouge réémis par la surface du globe
terrestre, parce que la science n'a tout simplement pas encore étudié les
propriétés optiques des divers gaz qui composent l'atmosphère.
III. Tyndall et les propriétés radiatives des gaz
Mis à part quelques travaux bien oubliés, dont ceux du physicien français
Claude Pouillet (1790-1868), c'est essentiellement à John Tyndall (1820-1893)
que reviendra ce mérite. Ingénieur d'origine irlandaise, Tyndall fut surtout
célèbre comme vulgarisateur controversé de la nouvelle science de l'énergie et
de la théorie cinétique des gaz. Comme de Saussure et les pionniers de la
révolution thermodynamique, le collaborateur et successeur de Faraday à la
Royal Institution de Londres fut un passionné des Alpes et de ses glaciers.
Dans les années 1850, il participe au rapide développement de la spectroscopie
quantitative. A la suite d'une série de recherches expérimentales sur la
chaleur rayonnante, sur l'absorption et la radiation de la chaleur par
différents gaz et vapeurs, Tyndall publia une étude(10) dans laquelle il
indiquait que toute variation de la vapeur d'eau dans l'atmosphère devait
produire «un changement de climat» et que des «remarques similaires»
s'appliquent au «gaz carbonique diffus dans l'air».
La théorie de la chaleur est considérée par Tyndall comme une «nouvelle
philosophie naturelle»; elle se situe en effet dès ses origines au voisinage
des sciences du vivant, des sciences de la terre et de ce qu'on peut nommer
«une nouvelle cosmologie» (11). Les deux sources de Carnot, «circonstances»
nécessaires au fonctionnement d'un moteur thermique, appartiennent aussi à la
«physique terrestre», qui doit comprendre, selon Lamarck, la météorologie,
l'hydrogéologie et la biologie (Grinevald, 1988). Les fondateurs de la
nouvelle «cosmologie du feu» de l'âge thermo-industriel imaginent la Terre
comme une «machine thermique»: elle fonctionne à partir du flux d'énergie
solaire (la «source chaude») qui s'écoule vers le «puits» (la source froide)
de l'espace intersidéral. L'atmosphère circule aussi des régions chaudes des
tropiques aux régions froides des hautes latitudes. A la surface du globe
terraqué, le cycle de l'eau, comme la vie et la distribution géographique des
plantes et des animaux, sont affaire d'écoulement et de transformation de
l'énergie, de chaud et de froid! La thermodynamique introduit bien un nouveau
paradigme, énergétique, non seulement pour la physique et la chimie, mais
encore pour la biologie et toute la pensée scientifique.
Comme le reconnaissaient déjà au début du siècle quelques pionniers de
l'écologie théorique(12), c'est bien la civilisation industrielle, avec se
dimension theritiodynamique et écologique, qui altère(13) - pour la première
fois d'une façon anthropogénique - les grands cycles naturels de la Terre,
plus précisément, les cycles biogéochimiques de la Biosphère, pour utiliser
les concepts de la «nouvelle science» fondée dans les années 1920, par le
grand savant russe Vladimir Vernadsky (1863-1945). Ce que nous pouvons appeler
la «révolution vernadskienne», inouïe en son temps, est à l'origine de
l'écologie globale dont les implications sont aussi fondamentales que celles
de la «révolution carnotienne», qu'en fait elle prolonge, me semble-t-il, en
réconciliant les sciences de la Vie et les sciences de la Terre(14).
IV. C02 et histoire géologique du climat
A l'époque de Tyndall, la géologie, comme toute l'histoire naturelle, faisait
l'objet de discussions passionnées. Une vive polémique suivit les déclarations
«farfelues» du savant neuchâtelois Louis Agassiz (1807-1873) sur «les âges
glaciaires». Plusieurs décennies furent nécessaires pour convertir le monde
scientifique, et l'opinion publique, à cette perspective de l'alternance des
périodes chaudes et des périodes froides dans l'immense histoire de la Terre
et des espèces qui l'habitent, c'est-à-dire les faunes et les flores
successives des anciennes Biosphères (Lapo, 1987).
Dans les années 1860, Tyndall était conscient d'introduire une idée tout à
fait nouvelle en déclarant que les changements de température du globe
associés aux variations des constituants radiativement actifs de l'atmosphère
«peuvent avoir produit toutes les mutations du climat que les recherches des
géologues ont révélées». Prudent, il ajoutait «peut-être», tout en concluant
que seule «l'étendue» de cet effet restait sujette au doute, mais que «les
faits, qui constituent les véritables causes», étaient bien établis.
On ne fit alors guère attention aux idées de Tyndall sur la «couverture»[15]
variable de l'atmosphère; sans doute parce que personne n'imaginait alors un
quelconque déséquilibre de l'économie de la nature, surtout pas lié à une
perturbation de la teneur de l'atmosphère en gaz aussi mineurs que la vapeur
d'eau ou le gaz carbonique. N'étaient-ce pas des quantités négligeables?
D'ailleurs, Tyndall lui-même rassurait ses contemporains: «Líhistoire de
l'homme n'est donc qu'une petite ride à la surface de l'immense océan des
temps. La persistance d'un état de la nature inorganique favorable à la
continuation du séjour de l'homme sur la Terre semble assurée pour une période
de temps bien plus longue que celle durant laquelle ce monde a déjà été
habité; de sorte que nous n'avons rien à craindre pour nous-mêmes, ni pour de
longues générations après nous.»(16)
L'idée d'un rapport entre la teneur en C02 de l'atmosphère et la température
de la surface de la Terre fut reprise par quelques savants, mais elle fut
généralement ignorée par l'ensemble de la communauté scientifique. En effet,
malgré la suggestion de Tyndall associant la concentration du gaz carbonique
dans l'atmosphère avec la théorie des périodes glaciaires, l'idée d'un tel
rapport ne joua pratiquement aucun rôle dans les discussions scientifiques sur
l'histoire du climat, et cela jusqu'à une date très récente. Ce sont d'autres
considérations, surtout astronomiques, qui dominèrent et, depuis la récente
réévaluation des idées «cycliques» controversées de Milutin Milankovitch
(1879-1958), dominent apparemment plus que jamais.(17)
La reconstitution théorique des climats du passé, la paléoclimatologie, ne
prit son véritable essor qu'à la suite de l'ouvrage de Wladimir Köppen
(1846-1940) et son gendre Alfred Wegener (1880-1930), Die KIimate der
Geologischen Vorzeit, publié en 1924. Aujourd'hui, cette science
interdisciplinaire a atteint le stade de «big science» internationale, avec un
arsenal de techniques impressionnant [Duplessy et Morel, 1990]. Les recherches
dans les calottes glaciaires et les inlandsis de l'Antarctique et du Groenland
permettent de retirer des «carottes» qui, analysées en laboratoire, à
Grenoble, Berne ou Copenhague, constituent pour les spécialistes les
«archives» de l'histoire de l'environnement global. Ce n'est que depuis
quelques années que la paléoclimatologie possède les moyens de reconstruire
l'histoire du climat des 150 000 dernières années à partir des «archives
glaciaires».
Les leçons de cette science qui nous vient des régions extrêmes du globe, là
où en principe on ne devrait guère trouver de pollution et autres traces de
l'activité humaine, sont impressionnantes pour quiconque síinquiète de
l'impact de l'espèce humaine sur la Biosphère. Bien plus, notre compréhension
des changements climatiques et environnementaux à l'échelle du globe y puise
des informations exceptionnelles. C'est ainsi que de nos jours, «l'étude
complète du sondage de Vostok a prouvé que cette variation [de la teneur en
gaz carbonique de l'air] est étroitement corrélée à celle de la température de
l'air pendant les 150 000 dernières années» [Duplessy et Morel, 1989]. Cette
corrélation se retrouve avec d'autres gaz à effet de serre, comme le méthane.
Cet ensemble de découvertes toutes récentes(18), qui fait partie des plus
spectaculaires résultats des sciences de la Terre depuis le triomphe des idées
de Wegener, et qui est l'une des contributions majeures de la glaciologie et
de la paléoclimatologie à la problématique interdisciplinaire du «Global
Change»(19), s'ajoute aux autres arguments qui légitiment la surveillance
continue des gaz à effet de serre et l'extrême vigilance qu'il faut accorder à
toute dérive anthropogénique de l'effet de serre.
Parmi les arguments scientifiques, il faut encore mentionner ici ceux qui
proviennent de la planétologie comparée, plus particulièrement de l'étude de
l'évolution des atmosphères de Mars (où le climat est devenu trop froid!), de
Vénus (où l'effet de serre de son atmosphère de C02 s'est emballé!) et de
notre planète Terre, où depuis environ 4 milliards d'années la vie (sous des
formes extrêmement diverses et longtemps microscopiques) se développe dans un
environnement «variable» (avec des périodes bien plus chaudes et des périodes
bien plus froides qu'aujourd'hui), mais toujours «vivable» (sinon aucun être
vivant ne serait là pour en prendre conscience!), d'une étonnante stabilité à
long terme, et cela malgré l'augmentation de 25-30% de la luminosité de
l'étoile que nous nommons le Soleil!(20)
Mais, au XIXè siècle (et à certains égards nous n'en sommes pas encore tout à
fait sortis!), l'effet de serre et l'idée d'une corrélation entre la
concentration de certains gaz en traces dans l'atmosphère et la température du
globe n'intéressent manifestement personne! A la fin du siècle dernier, le
géologue américain Thomas Chrowder Chamberlin (1843-1928), esprit original qui
cherchait (déjà) à relier la géologie(21) à l'astronomie et à la cosmologie,
faisait partie, avec Arrhénius, des rares exceptions.
L'effet de serre est pour nous, préoccupés par la crise de 1'environnement,
inséparable de cette écologie globale qui met en évidence la complexité des
interrelations entre la chimie de l'atmosphère, le système climatique global,
la tectonique des plaques, la végétation des continents, le phytoplancton des
océans, les cycles biogéochimiques, les activités humaines et bien d'autres
variables dont les échelles spatiales et temporelles sont extrêmement
diverses(22). Cette perspective globale est tout à fait nouvelle. Au début du
siècle, non seulement on disposait encore de trop peu de données
quantitatives, comme le déplorait Vernadsky; mais la science
interdisciplinaire et holistique que ce grand savant réclamait - dans les
années 1920! - n'existait pas encore.
V. Arrhénius et la théorie de la serre chaude
Au tournant du siècle, c'est le savant suédois Svante August Arrhénius
(1859-1927) qui établit définitivement ce qu'il nomme la «théorie de la serre
chaude», et dont il attribue la paternité à Fourier, Pouillet et Tyndall. Il
reçut le prix Nobel de chimie an 1903, mais pas pour l'effet de serre: concept
et terme déjà bien établis, comme le montrait Camille Flammarion (1842-1925)
dans son beau livre sur L'Atmosphère. Météorologie populaire. Arrhénius attire
en son temps davantage l'attention avec ses idées contre la vision de la «mort
thermique» de l'univers et son hypothèse panspermique de l'origine de la
vie(23). Il publia ses idées sur l'effet de serre et l'histoire climatique de
la Terre non seulement dans des publications scientifiques(24) et dans son
Lehrbuch der Kosmischen Physik (1903), mais encore et surtout, en 1907, dans
un ouvrage populaire dont la traduction française s'intitule L'Evolution des
mondes (1910). Dans ce livre, Arrhénius rappelle les idées de Fourier,
Pouillet et Tyndall sur l'atmosphère: «Leur théorie porte le nom de la théorie
de la serre chaude, parce que ces physiciens admirent que notre atmosphère
joue même rôle que le vitrage d'une serre (souligné par J.G.). (...) Les
éléments de l'atmosphère qui sont causes de ce fait sont la vapeur d'eau et
l'acide carbonique, qui l'un et l'autre n'existent qu'en faible partie dans
l'air. L'ozone, les carbures d'hydrogène, produisent un effet analogue. Ces
corps s'y trouvent cependant en si faible quantité qu'on n'en a pas encore
tenu compte clans le calcul. Mais on a, ces temps derniers, fait des
expériences très minutieuses sur la perméabilité à la chaleur, de l'acide
carbonique et de la vapeur d'eau. A leur aide j'ai pu calculer que si l'acide
carbonique disparaissait en entier de notre atmosphère, dont il n'occupe que
les trois dix millièmes en volume, la température du sol diminuerait de 21
degrés. L'effet de cet abaissement serait que la quantité de vapeur d'eau
diminuerait à son tour. Il en résulterait un nouvel abaissement de la
température presque aussi grand. On voit par cet exemple comme de très faibles
changements dans la composition de l'air atmosphérique peuvent avoir des
conséquences considérables (souligné par J.G.). La disparition de la moitié de
l'acide carbonique existant causerait un refroidissement d'environ 4 degrés;
la diminution jusqu'au quart de la proportion actuelle nous ferait perdre 8
degrés. L'acide carbonique doublerait-il en quantité, que nous gagnerions 4
degrés; il devrait augmenter de quatre fois son volume actuel pour gagner 8
degrés (souligné par J.G.). En même temps sa diminution accentuerait les
différences de chaleur et de climat des différentes parties du globe; son
augmentation égaliserait au contraire la température. » (Arrhénius, 1910)
Arrhénius fut le premier savant d'envergure à clairement faire le lien entre
développement industriel, consommation des énergies fossiles, augmentation de
la concentration du gaz carbonique dans l'atmosphère, effet de serre et
changement climatique à l'échelle du globe.
Bien plus, il situa le problème dans le cadre géochimique du cycle du carbone,
dont les développements de la physiologie, de la chimie organique, de la
géochimie et de l'océanographie commençaient à donner une conception générale.
Il admit que le cycle naturel du carbone, dans sa phase atmosphérique, pouvait
subir l'influence, «dans le cours des siècles», de la «consommation
industrielle du charbon» et il essaya de montrer qu'on pouvait mesurer le
rapport entre consommation d'énergie fossile, dioxyde de carbone dans
l'atmosphère et climat. N'oublions pas qu'à cette époque les sciences de
l'atmosphère sont encore embryonnaires et que la pensée scientifique reste
encore très classique, ignorant que «l'irrégularité», comme le dit le
météorologue Edward Lorenz, est une propriété fondamentale de l'atmosphère»!
Comme l'historien américain Henry Adams (1838-1918), mais sans en tirer des
conclusions aussi pessimistes, Arrhénius a relevé le fait, lourd de
conséquences, que la consommation énergétique de la civilisation
industrielle(25) montrait non seulement une croissance mais encore une
accélération de cette croissance. Arrhénius était philosophiquement à l'opposé
du médiéviste nostalgique Henry Adams. Partageant l'idéologie de
l'industrialisation et l'optimisme scientiste de son époque, à l'instar de
Vernadsky et Teilhard(26), Arrhénius croyait, et voulait croire, au Progrès,
et non à l'Entropie (Grinevald, 1978).
Contrairement au physicien Bernard Brunhes (1867-1910), pionnier incompris de
la protection de la nature, de la maîtrise de l'énergie et de l'analyse
thermodynamique de l'économie (Grinevald, 1984), Arrhénius et la plupart de
ses contemporains ne s'inquiétèrent pas sérieusement des conséquences
écologiques de la civilisation de la puissance (au sens énergétique et
stratégique du terme).
Le célèbre savant suédois voyait le renforcement de l'effet de serre associé à
la consommation énergétique de la civilisation industrielle comme une question
à long terme, et non comme un imminent désastre écologique global, comme le
fait de nos jours McKibben (1990). Ne doutant nullement de la science et de la
technique, Arrhénius voyait dans l'augmentation humaine du gaz carbonique dans
l'atmosphère une sorte de géotechnique prométhéenne qui pourrait bien, dans
les siècles à venir, contrebalancer la prochaine période glaciaire et
permettre (comme le pensent certains de nos jours) au sol de «produire des
récoltes considérablement plus fortes qu'aujourd'hui, pour le bien d'une
population qui semble en voie d'accroissement plus rapidement que jamais».
Tout récemment, des académiciens soviétiques ont avancé une interprétation
tout aussi optimiste de la dérive anthropogénique de l'effet de serre!
Comme le chimiste allemand Wilhelm Ostwald (1853-1932) le pape de
l'énergétisme (Grinevald, 1984), Arrhénius était conscient des rapports entre
énergie et civilisation, en l'occurrence au coeur de la civilisation
thermo-industrielle, dont il mesurait les limites géologiques à long terme de
même que les implications géostratégiques à court terme. A l'instar de Rudolf
Clausius (1822-1888), le père du concept d'entropie, et de bien d'autres
depuis The Coal Question de Jevons, Arrhenius s'inquiétait en effet, pour
l'avenir, de l'épuisement des ressources en combustibles, y compris du
pétrole, dont les Etats-Unis lui semblaient faire une consommation d'une
«prodigalité effrayante»! Les penseurs de la civilisation thermo-industrielle,
préoccupés par l'Energie (titre du bestseller d'Ostwald), commençaient à
considérer que pour le futur, comme le disait Arrhénius, «il devient
nécessaire de trouver d'autres sources d'énergie, afin que la civilisation du
monde ne s'effondre pas lorsque les combustibles fossiles seront sur le point
d'être épuisés.»
Face aux «besoins toujours croissants» (parce que, disait-on déjà, l'industrie
et la population progressent toujours plus vite), « il faut donc avoir recours
à quelques autres réserves d'énergie, encore plus puissantes pour assurer
l'avenir de l'humanité». Arrhénius, contrairement à Pierre Curie et son ami
Vernadsky, prophètes inquiets de l'âge atomique(27), ne songeait pas du tout à
l'énergie nucléaire! L'avenir énergétique à long terme de l'humanité lui
semblait se situer du côté des «énergies renouvelables»...
Dans le texte que nous venons de citer(28), qui est une conférence faite en
1922 sur «les sources mondiales d'énergie», Arrhénius s'inquiétait bien de la
consommation croissante d'énergies fossiles, stock accumulé par l'immense
histoire géologique des anciennes Biosphères(29): «la consommation de la
houille avant la guerre s'est accrue du double en une dizaine d'années. De là
résulte que nous avons consommé autant de charbon fossile en dix ans, que
l'homme en a brûlé durant tout le temps passé. Le développement a été, pour
ainsi dire, explosif et nous courons à une catastrophe. Ce progrès explosif
est le signe caractéristique de l'industrialisme. Il n'est pas limité à
l'usage du charbon mais il s'étend aux différentes autres matières premières.»
Comme la plupart de ses contemporains, Arrhénius ne voit pas l'autre aspect,
proprement entropique, du problème. Il voit bien le besoin d'énergie à
l'entrée du système économique, mais non la pollution à la sortie, la
dégradation de l'environnement, qui en est la contrepartie.
VI. Entropie - Ecologie - Economie
«Puisque la loi de l'entropie n'offre aucune possibilité de refroidir une
planète en réchauffernent continuel, la pollution thermique pourrait se
révéler pour la croissance un obstacle plus décisif encore que la finitude
des ressources accessibles.
Note: L'accumulation continuelle de gaz carbonique dans l'atmosphère donne
un effet de serre qui ne peut qu'aggraver le réchauffement de la planète.»
Nicholas GEORGESCU-ROEGEN
(1976:14; 1979: 61, 132)
La croissance économique, à l'échelle mondiale, s'est traduite, depuis la
révolution industrielle, par une fantastique consommation de ressources
énergétiques et minéralogiques. A l'échelle géologique de l'évolution de la
Biosphère, cette excroissance de la civilisation thermo-industrielle
représente une fluctuation éphémère et sans doute exceptionnelle (Pimente,
1979). L'euphorie de la «société de consommation» occulte cependant l'envers
de la médaille: l'aspect entropique de la dimension thermodynamique, ou
biophysique, du développement matériel de l'humanité. Malgré certains
avertissements bien plus anciens, ce n'est qu'à la fin des années 1960 que les
conséquences écologiques globales de la croissance deviennent une
préoccupation scientifique et publique. Le tollé qui accueillit le premier
rapport au Club de Rome (Petitjean, ed., 1974) n'a pas empêché la crise
écologique de prendre une place de plus en plus grande dans les préoccupations
du monde actuel...
Le paradigme classique de l'équilibre de la nature(30) (la thermodynamique du
siècle dernier est aussi une théorie de l'équilibre!) et l'idéologie de la
domination de la nature entretiennent depuis longtemps l'illusion que la
planète (considérée comme simple théâtre de l'histoire humaine!) ne se modifie
pas substantiellement, et certainement pas à cause de l'activité technique et
économique du genre humain! Cette illusion fait aussi partie de la vision
mécaniste du monde, parce que le paradigme mécaniste, pré-carnotien, ignore
l'irréversibilité des transformations du monde réel dont nous faisons partie.
Le concept de «révolution carnotienne» (Grinevald, 1975,1976, 1977, 1980,
1982), qui associe révolution industrielle et thermodynamique, met en évidence
l'aspect entropique du processus économique du développement industriel.
La problématique thermodynamique (énergie-entropie) et biogéochimique, issue
des sciences de la nature de l'âge industriel, reste cependant ignorée des
sciences sociales et de l'idéologie du développement associée au dogme de la
croissance économique. Introduite en écologie à la suite des travaux de
Vcrnadsky et Lotka, fondement de l'analyse des écosystèmes de la Biosphère
(Grinevald, 1987,1990), cette problématique est tout aussi pertinente pour
l'analyse globale des interactions entre le développement humain et
l'environnement terrestre. Cette perspective scientifique, appelée bioéconomie
(bioeconomics) par Georgescu-Roegen, économie écologique (ecological
economics) par d'autres, est utilisée de nos jours par tout un courant de
recherches qui visent à évaluer l'impact écologique global de notre
gigantesque «métabolisme industriel» (Glassby, 1988; Clark, 1989; Ayres,
1989).
Malheureusement, et pour une multitude de raisons, la problématique
thermodynamique-écologie-économie, esquissée dès les années 1920, est restée
pour notre culture moderne un impensé jusque dans les années 1970 (Commoner,
1971; Georgescu-Roegen, 1971; Mueller, 1971; Odum, H., 1971). A posteriori,
nous en redécouvrons d'illustres précurseurs, dont le plus important, à côté
de Vernadsky, est Alfred Lotka (1880-1949). Pionnier de l'écologie théorique,
Lotka souligna dans son livre de 1925 le caractère «atypique» de l'époque
industrielle, en raison précisément de sa dépense énergétique qui puise dans
le stock limité des combustibles fossiles et du déséquilibre que les émissions
industrielles de C02 entrainent dans le cycle du carbone. Avant bien d'autres
écologistes, Lotka mit en évidence le fait que:
«économiquement nous vivons sur notre capital; biologiquement nous sommes en
train de transformer radicalement la composition de notre part dans le cycle
du carbone en rejetant dans l'atmosphère, à partir du charbon que nous brûlons
et des fours de la métallurgie, dix fois autant que la quantité de dioxide de
carbone dans le processus biologique naturel de la respiration. »(31)
Partant de la même analyse globale de l'évolution que Lotka, Nicholas
Georgescu-Roegen, mathématicien devenu économiste, en tirera, dès les années
1960 [Georgescu-Roegen, 1976,1979], des leçons épistémologiques bouleversant,
non seulement les sciences physico-chimiques de l'évolution [Georgescu-Roegen,
1971] mais encore et surtout la science économique(32). Les implications
théoriques et pratiques pour l'économie de l'énergie et les politiques de
développement à long terme en sont immenses.
Comme Georgescu-Roegen le remarque lui-même, la perspective (le paradigme)
qu'il nomme bioéconomique représente non seulement une révolution
intellectuelle mais encore, plus concrètement, les prémisses d'une nouvelle
civilisation à bas profil énergétique. Citant Georgescu-Roegen et reprenant
une distinction introduite par Robin Clarke, Amory Levins [1977] parle de
«soft energy paths». Le débat, ouvert d'une manière très polémique, est loin
d'être clos [Nash, ed., 1979]. Les «sentiers énergétiques doux» impliquent
l'abandon des «mythes économiques» concernant l'énergie et la matière analysés
par Georgescu-Roegen. Le mythe de la croissance ne les englobe-t-il pas tous?
Cette fin des illusions de «la richesse des nations» ne débouche nullement sur
un nihilisme existentiel, tout au contraire, au coeur de l'analyse
thermodynamique de la bioéconomie on découvre le véritable flux immatériel, la
«joie de vivre», qui constitue la véritable valeur économique
[Georgescu-Roegen, 1979: 25, 49], et qui nous relie en fait au flux entropique
qui parcourt toute la Biosphère alimentée par le Soleil. C'est donc aussi une
redécouverte de la longue durée évolutive, imprévisible, irrévocable, de toute
la vie sur Terre, dont l'espèce humaine, passée, présente et future, fait
intimement partie et qui ne saurait. même un seul instant, échapper aux
principes physiques (dont la loi de l'entropie), qui gouvernent la
Biosphère-Gaïa de la planète Terre et son évolution(33).
Le «message terrestre» de Georgescu-Roegen est en ce sens tout aussi
révolutionnaire que l'était, dans l'Europe du début du XVII' siècle, à l'aube
de l'expansion planétaire de la culture judéo-chrétienne occidentale et de sa
raison d'Etat, le «message céleste» de l'hérétique Galilée!
VII. De l'Année Géophysique Internationale au «Global Change»
De la mémorable Année Géophysique Internationale (1957-58), marquée par le
lancement des premiers satellites artificiels, au Programme International
Géosphère-Biosphère (IGBP), le fameux «Global Change»(34), officiellement
adopté par le Conseil Internarional des Unions Scientifiques (ICSU) lors de sa
21e Assemblée générale tenue à l'Université de Berne en septembre 1986, la
recherche scientifique internationale n'a pas seulement fait des pas de géant,
elle s'est aventurée en direction d'une nouvelle vision de la planètc Terre.
L'âge de l'espace transfornie profondément l'esprit scientifique issu de
l'histoire culturel de l'Occident. «L'homme est la nature prenant conscience
d'elle-même», écrivait Elisée Reclus (1830-1905) dans son livre sur L'Homme et
la Terre.
Cette prise de conscience de la Terre est naturellement un processus évolutif
et historique, enraciné dans l'expérience humaine; il n'est nullement achevé,
sans doute même ne fait il que commencer, s'il n'est pas stupidement
interrompu par quelque «erreur humaine»...
«Le temps de l'orgueil est fini», déclare le héros de Romain Gary, défenseur
des éléphants d'Afrique, dans les Racines du ciel (1956). Les savants de
notre temps en savent désormais assez pour confesser leur ignorance [Schell,
1982; Thomas, 1984] face à des questions aussi complexes que: «comment
fonctionne le systèmeTerre»? ou «quelles seront à long terme les conséquences
de l'aventure nucléaire, civile et militaire»?
Certes, la masse des connaissances déjà accumulées est impressionnante, mais
il reste à intégrer dans une approche «interdisciplinaire et holistique» [NRC,
1983] tous les processus physiques, chimiques et biologiques (y compris le
comportement global de l'espèce humaine) qui déterminent les changements de
l'environnement à l'échelle du globe. L'Année géophysique internationale,
contemporaine de la course aux armements thermonucléaires, était sans aucun
doute un succès pour l'avancement de «la physique du globe», mais non pour
l'écologie globale de la Biosphère, ou la «géophysiologie» [Lovelock, 1985],
qui n'étaient tout simplement pas à l'ordre du jour. La science dominante
ignorait encore l'écologie! La révolution de l'environnement propulse
l'écologie sur le devant de la scène. Les sciences de la Terre ne peuvent
désormais plus ignorer les sciences de la Vie: le Programme International
Géosphère-Biosphère, le projet «Global Change«, reussira-t-il à corriger
l'ancienne orientation de la science occidentale: mécaniste, réductionniste et
«sans vie»?
Pour l'instant, comme Jérome Ravetz [in Clark et Munn, eds., 1986: 421] le
souligne, c'est l'ignorance qui caractérise notre nouvelle science de la
Biosphère. Reconnaitre que le monde est mal connu, n'est-ce pas la première
hypothèse de travail à adopter pour une démarche scientifique? A l'époque où
l'impact des activités humaines sur la planète se révèle d'une ampleur sans
précédent (plus importante que le volcanisme!), la communauté scientifique
internationale commence seulement à se mobiliser: d'une part, pour nous
avertir de la catastrophe écologique totale qui résulterait d'un holocauste
nucléaire [ICSU, 1986a], et d'autre part, pour ausculter l'état de santé de
notre planète en évolution, de plus en plus perturbée par ce que Teilhard de
Chardin appelait «le phénomène humain» [Malone et Roederer, eds., 1985; ICSU,
1986b].
Agir sans comprendre ce qu'on fait en ce monde, qui n'a pas été créé
spécialement pour nous, constitue un risque qui peut être une question de vie
ou de mort. L'humanité, disent les chercheurs les plus chevronnés de la
communauté scientifique, ne peut se permettre longtemps un développement aussi
inconsidéré que celui qu'elle mène depuis la révolution des «machines à feu»
dont parlait Sadi Carnot en 1824. La recherche sur la Biosphère, Gaïa et le
«Global Change» sera-t-elle une nouvelle philosophie des lumières? Et
sommes-nous prêts à prendre au sérieux les implications politiques et
philosophiques des recherches scientifiques fondamentales qui nous entraînent
dans la fantastique découverte de notre histoire naturelle de «conscience»
émergente dans l'immense coévolution planétaire de la Biosphère?
Historiquement, il est urgent de le reconnaître, cette conscience écologique
globale commence paradoxalement avec les débuts de l'âge atomique [Worster,
1977: 339; Commoner, 1972; Rens et Grinevald, 1979, Grinevald 1984b,
1985,1986]. Les essais thermonucléaires dans l'atmosphère confirmèrent la
nouvelle puissance, désormais à l'échelle du globe, d'Homo sapiens (à vrai
dire plus Homo faber qu'Homo sapiens ); ils préfiguraient les terribles
menaces que la volonté de puissance, désormais démultipliée par nos moteurs
thermodynamiques, l'expansion économique et l'explosion démographique, faisait
courir à la Biosphère, cet étrange système naturel de la Terre toute entière
qui ressemble, vu de l'espace, à une «cellule vivante» (Lewis Thomas), à une
«île de vie» (Lynn Margulis), à une «oasis» (Preston Cloud) dans l'océan
désertique du cosmos.
N'est-ce pas dans cette perspective qu'il nous faut situer le problème
écologique, économique et politique (au plus noble sens du terme) de l'effet
de serre, inséparable de ce que François Meyer [1974], théoricien de
«l'accélération évolutive», appelle très justement «la surchauffe de la
croissance»?
Mais une telle problématique ne se construit pas en un jour, elle possède une
histoire, toute récente, pour ne pas dire contemporaine. Nous commençons à
peine à en saisir les grandes lignes [Weiner, 1990]. On ne peut ici que
mentionner quelques jalons. Sans remonter aux premières Années polaires
internationales, il n'est pas exagéré de dire que l'Année géophysique
internationale, et donc l'avènement de l'âge de l'espace, en 1957-58,
constitue une étape décisive dans ce qu'on peut appeler «l'évolution d'une
prise de conscience» [Kellogg, 1987; Grinevald, 1989].
Mis à part quelques chercheurs isolés, d'ailleurs nullement motivés par une
inquiétude écologique, comme l'ingénieur anglais George S. Callendar(35), ou
le géochimiste américain Gilbert N. Plass(36), la théorie climatique du C02 et
le concept même d'effet de serre n intéressaient pratiquement personne dans
les années 50, époque où tout le monde, à l'Est comme à l'Ouest, applaudit aux
triomphes de la science et de la technique, symboles de la rationalité du
«monde moderne» que l'on opposait aux mythes des «peuples primitifs»,
désormais considérés comme «sous-développés» et «en retard» sur la voie du
progrès [Grinevald, 1975].
En 1957, Roger Revelle et Hans Suess publièrent, dans la petite revue Tellus,
éditée par Bert Bolin (Stockholm), un article sur les échanges de dioxyde de
carbone entre l'atmosphère et l'océan(37).
Ces deux chercheurs de la Scripps Institution of Oceanography de l'Université
de Californie, San Diego, à La Joll, réexaminaient et corrigeaient la vieille
théorie selon laquelle l'immense océan, qui couvre 71% de la surface du globe
et constitue, de loin, le plus grand «réservoir» de carbone (essentiellement
sous forme dissoute de carbonates et bicarbonates), assure parfaitement
l'équilibre du cycle du carbone en assimilant tout les excédants de C02 dans
l'atmosphère. Vernadsky avait entamé' en vain, la réévaluation critique...
La théorie du rôle régulateur de l'océan dans le cycle du carbone, qui
remontait au XIXe siècle, appartenait à la vision scientifique classique d'un
«équilibre de la nature» excluant tout désordre, en l'occurrence toute
perturbation d'origine humaine. La chimie et la dynamique de l'océan restaient
encore bien mal connues! Bien plus, mis à part les écologistes peu considérés
par l'establishmcnt académique qui s'intéressaient aux cycles de la nature, le
monde de plus en plus compartimenté des scientifiques ne prenait pas encore
vraiment au sérieux le point de vue de Vernadsky ou de Lotka qui voyaient en
«l'homme civilisé»(38), et plus précisément dans sa technique («exosomatique»,
selon le terme de Lotka repris par Georgescu-Roegen), un nouveau phénomène
géologique capable de transformer chimiquement la Biosphère, cette fine
pellicule de la Vie qui recouvre avec une densité et une hétérogénéité très
inégale la face de la Terre et qui se compose, expliquait Vernadsky, grâce au
flux de l'énergie solaire et aux grands cycles chimiques de la nature, de
l'organisation complexe de la matière vivante et de ses interactions avec les
roches (la lithosphère), l'océan mondial, les lacs et les fleuves
(l'hydrosphère), et l'atmosphère, enveloppe gazeuse supérieure qui protège le
vaste «organisme» terrestre de la Biosphère du milieu cosmique inhabitable.
Dans sa Géochimie, discutant «l'équilibre dynamique de l'acide carbonique dans
l'atmosphère», Vladimir Vernadsky [1924: 30542] écrivait:
«De même sont liés à la vie les dégagements de l'acide carbonique, produits
par l'activité technique de l'humanité - en premier lieu par exhalations des
fours et des cheminées, par la calcification des calcaires, par la
fermentation. C'est un fait très important et très caractéristique de
l'histoire du carbone, que la quantité de l'acide carbonique ainsi formée
par l'humanité devient de plus en plus grande et est d'un ordre qui doit
nécessairement être pris en considération dans son histoire géochimique.
Ainsi la quantité de l'acide carbonique accumulée dans le cours d'une année
par suite de la combustion du charbon de terre s'élevait en 1904, selon les
évaluations de A. Krogh à 7x10 puissance 8 tonnes métriques, en 1919, selon
F. Clarke à 1x10 puissance 9 tonnes métriques.C'est déjà 0,05 % de toute la
masse existante de l'acide carbonique de l'atmosphère. Une pareille
oscillation devient un phénomène tellurique d'une grande importance.L'homme
civilisé dérange l'équilibre établi. C'est une force géologique nouvelle,
dont l'importance devient de plus en plus grande dans l'histoire géochimique
de tous les éléments chimiques. Nous verrons que c'est un fait isolé du
grand phénomène naturel général (...)
En admettant l'existence d'oscillations séculaires ou même géologiques on
peut supposer que la quantité de l'acide carbonique dans l'atmosphère ne
reste pas stable à l'époque actuelle. Arrhénius au bout de ces recherches
exprime l'opinion que sa quantité dans l'ère actuelle s'élève peu à peu. Il
a indiqué un fait nouveau dans son histoire qui n'existait pas dans les
époques géologiques antérieures - l'activité de l'homme civilisé. Nous avons
déjà vu l'importance de cette activité dans les dégagements de l'acide
carbonique. Mais le bilan de l'activité humaine n'est pas fait et il est
possible que l'homme a une influence non seulement sur le dégagement mais
aussi sur l'absorption de l'acide carbonique - par exemple - en modifiant la
quantité de la matière vivante verte. »
Ce dernier point, la modification de la végétation, et sa destruction surtout,
mentionné depuis longtemps dans la littérature [Woiekof, 1901], - est capital:
c'est la végétation (y compris le phytoplancton microscopique de la surface
des océans) qui assure, par la photosynthèse, c'est-à-dire l'entrée de
l'énergie libre du Soleil dans le système écologique global de la planète, la
production primaire de toute la matière vivante dans la Biosphère. Or, avec la
révolution industrielle, qui possède des racines culturelles médiévales
[White, 1967], et l'explosion démographique des temps modernes, la
déforestation a pris une ampleur qui affecte le cycle du carbone et contribue
ainsi à l'altération de la stabilité du climat et de l'ensemble de la
Biosphère [Houghton et al., 1983; Myers, 1984, 1988; Bunyard, 1985; Dickinson,
ed., 1987; Goreau, 1987; Detwiller et Hall, 1988; Goreau et Mello, 1988;].
Certains géographes et naturalistes du siècle dernier le pressentaient déjà,
mais ils ne furent pas écoutés.
Les experts du problème du C02 ne commenceront à en tenir compte que
récemment, à la suite de recherches menées par des écologistes, et qui ne
constituaient encore que des estimations préliminaires, réclamant d'autres
recherches plus complètes [Botkin, 1977; Woodwell et al., 1977; Woodwell,
1978].
Le point de vue écologique, souvent mal compris, mit en évidence la flagrante
ignorance du monde urbano-industriel et de ses experts vis-à-vis de la
véritable dégradation de la nature, depuis longtemps illustrée par la
destruction des forêts et des sols [Osborn, 1949], destruction proprement
entropique comme le disait, en 1908, Brunhes dans son livre sur la loi de
l'entropie significativement intitulé La dégradation de l'énergie.
Tout le problème est là, prophétiquement, dans la dimension thermodynamique de
l'industrialisation, dans ses conséquences pour les grands équilibres
écologiques de la planète, et la perturbation de l'effet de serre dont on
parle aujourd'hui n'en est qu'un aspect:
«L'industrie, bienfaisante quand elle ralentit la dégradation de l'énergie,
est malfaisante quand elle l'accélère et qu'elle pratique la dévastation de
la nature, la «Raubwirthschaft»; Le «libre jeu des lois naturelles» comporte
la tendance universelle à la dissipation des formes utiles de l'énergie; la
mesure dans laquelle une époque lutte contre cette tendance pourrait être
prise pour la mesure même de son degré de civilisation. A cet égard, les
pires barbares sont, certains, civilisés!
Chose étrange! pendant longtemps l'industrie a paru ignorer le principe de
la dégradation de l'énergie, et c'est l'industrie pourtant qui l'a suggéré!
»(39)
Les experts peuvent se tromper! Avec le jargon de la géochimie(40) Ct son
découpage analytique de la planète en «réservoirs», ils supposaient que la
végétation (improprement appelée la biosplière) étaient incontestablement un
«puits» absorbant le gaz carbonique et ne faisait donc pas partie des
«sources» rejetant du C02 dans l'atmosphère. Ce faisant, les experts du
problème industriel du C02 ne voyaient que les émissions dues aux combustibles
fossiles et restaient aveugles à l'une des plus graves conséquences
écologiques de l'industrialisation et du «développement», à savoir la
déforestation [Richard, 1986]. Ils tardèrent beaucoup à voir que cet aspect de
la crise écologique planétaire est en relation directe avec la modification
anthropogénique de l'atmosphère et les menaces de changement climatique
[Houghton et al., 1983; Myers, 1984, 1988; Bunyard, 1985; Dickinson ed., 1987;
Goreau, 1987; Detwiller et Hall, 1988; Goreau et Mello, 1988].
Ce qui manquait à beaucoup d'experts, c'était une vision globale de la
Biosphère et du «métabolisme» bioéconomique qui relie les activités humaines à
la nature. Dans les années 1950, les pionniers de la prospective qui
adoptèrent, en avance sur leurtemps, une perspective mondiale prirent
conscience de l'ampleur planétaire du développement démographique et technique
mondial, mais leurs voix se perdaient alors dans le vacarme des rivalités
politiques et internationales! On méconnaissait la nouvelle science de la
Biosphère créée par le savant russe Vernadsky, malgré les efforts du
professeur G.E. Hutchinson, à Yale, pour diffuser ce message [Grinevald, 1987,
1988; Polunin et Grinevald, 1988]. Cependant, Revelle et Suess, en démontrant
qu'une partie seulement du gaz carbonique en excès dans l'auiiosphère pouvait
etre absorbée par l'océan, confirmaient bien, en 1957, le fait que la
civilisation industrielle perturbait le cycle naturel du carbone et prenait
ainsi, sans le savoir, le risque de modifier à terme le climat dc la planète.
Les océans forment un tout, que Suess, en 1875, appela l'hydrosphère.
Vernadsky montra que l'hydrosphère constitue une partie essentielle de la
Biosphère et de ses grands cycles biogéochimiques. C'est un milieu hétérogène,
d'une effarante complexité, tout aussi affecté par le métabolisme du vivant
que l'atmosphère, et dont la science géo-physico-chimique maîtrise bien mal
l'aspect biogéochimique. A l'époque de Revelle, l'exploration de la mer était
en pleine mutation. La révolution des sciences de la Terre, pour une part
décisive issue de l'exploration du fond des océans, ne devait cependant
s'affirmer définitivement que dans les années 1970(41). La vision holistique
de la Biosphère et l'approche biogéochimique de Vernadsky et des écologistes
n'étaient pas encore admises par l'establishment scientifique de la physique
et de la chimie du globe.
L'océan, comme le voyaient Alfred Redfield (1890-1983), de la Woods Hole
Oceanographic Institution(42), et vers la fin de sa vie le géochimiste suédois
Lars Gunnar Sillén (1916 - 1970), n'est pas un simple «système chimique»(43)
en équilibre; c'est aussi, précisément parce qu'il fait partie de la Biosphère
(au sens de Vernadsky), un système biogéochimique, avec le métabolisme de ses
propres organismes vivants, ses processus de non-équilibre, ses échanges de
matière et d'énergie, ses cycles, ses courants, sa propre structure thermique
et cinétique, sans oublier ses interactions avec l'atmosphère et ainsi les
autres parties de la Biosphère. Sa couche supérieure, la plus imprégnée par le
vivant, la plus agitée par les vents, en contact direct avec la basse
atmosphère, la troposphère (concept introduit par le méteorologue Léon
Teisserenc de Bort en 1902), absorbe plus ou moins vite le gaz carbonique qui
se dissout dans l'eau et qui alimente les végétaux verts de l'océan. Toute la
dynamique de l'interface océan-atmosphère est en réalité extrêmement complexe.
Mais l'immense masse de la mer, comme celle de la forêt amazonienne, procure à
l'homme certaines illusions: en fait, les profondeurs de l'océan sont très
froides et pratiquement désertiques, elles ne réagissent pas de la même
manière et surtout pas avec la même vitesse que les eaux de surface, si bien
que la capacité d'absorption de l'océan est bien plus limitée que le laissent
croire ses dimensions. L'effet Revelle réduisait cette capacité de moitié.
Ce que Revelle appelait la «pompe biologique» de l'océan ne fonctionne
manifestement pas au rythme effréné de l'activité industrielle! Le rythme de
la mer n'est pas le rythme frénétique du monde moderne! Mais en ce domaine,
notre ignorance scientifique est encore immense, l'océan possède toujours
beaucoup de mystères et les nombreux chercheurs qui s'engagent actuellement
dans les grands programmes de la recherche scientifique internationale, comme
le Global Ocean Flux Study (GOFS), le Biogeochemical Ocean Flux Study (BOFS)
ou le World Ocean Circulation Experiment (WOCE), ne le savent que trop!
La leçon est cependant déjà assez claire: avec la révolution
thermo-industrielle, une quantité toujours plus grande de gaz carbonique
s'accumule dans l'air, altérant dramatiquement la composition chimique de
l'atmosphère, non seulement parce que nous consommons de plus en plus
d'énergie, et que cette énergie est à 80% d'origine fossile, donc extérieure à
la Biosphère actuelle, mais encore parce que la capacité d'absoption de
l'océan, comme de tous les autres «systèmes naturels» de la Biosphère, est
limitée. En un mot, nous ne respectons pas les limites de la circulation dans
la Biosphère! Le recyclage des éléments chimiques dans la nature, grand thème
de la chimie organique et de la physiologie végétale depuis les travaux de
Lavoisier, Liebig, Dumas, Boussingault et Moleschott, n'est pas exactement
ordonné à l'échelle de notre technique, surtout pas depuis que celle-ci semble
emportée par une sorte d'accélération de l'histoire [Grinevald, 1975,1976,
1977, 1978].
Le développement économique moderne, c'est-à-dire essentiellement la richesse
de l'Occident, dont la puissance (au sens énergétique du terme) dérive de la
fantastique dépense du stock des ressources naturelles [Georgescu-Roegen,
1979] accumulées par l'immense histoire géologique, perturbe brutalement les
rythmes de la Biosphère, altérant le cycle du carbone comme l'ensemble des
autres cycles biogéochimiques qui intéragissent les uns avec les autres [Bolin
et Cook, eds., 1983]. L'activité industrielle rejette depuis un siècle dans
l'atmosphère des quantités bien plus considérables de carbone que l'activité
volcanique: à l'échelle géologique, la révolution industrielle est une
puissante éruption thermo-industrielle!
L'homme, au cours de son histoire, s'est fait beaucoup d'illusions sur
l'immensité du ciel, de l'océan ou des forêts! La Terre est immense... pour
les humains qui marchent pieds nus sur la terre sacrée. Avec le progès
technique, l'explosion démographique et la croissance économique, la Terre
devient une «petite planète» et redevient un «monde clos», une bio-sphère.
Ainsi, le «puits» à carbone de l'océan, comme celui de la ceinture verte des
tropiques, possède des limites, que notre activité a même plutôt tendance à
réduire! Ces limites sont difficiles à évaluer et c'est pourquoi de grands
programmes de recherche et de surveillance par les satellites de télédétection
sont actuellement mis en chantier, dans le cadre général du programme
international «Global Change» [Malone et Roeder, eds., 1985; ICSU, 1986;
Clark, 1989].
En 1957, Roger Revelle était le directeur de la prestigieuse Institution
Océanographique Scripps, l'un des grands patrons de la recherche aux
Etats-Unis, et son rôle dans l'organisation de l'Année géophysique
internationale fut aussi important que celui du géophysicien britannique
Sidney Chapman (1888-1970), le théoricien de la photochimie de la couche
d'ozone. Pour les contestataires, Revelle représentera la science officielle,
riche et puissante, largement financée par l'U.S. Navy, inséparable du
«complexe militaro - industriel». Pour une large part, c'est le docteur
Revelle qui amena, vers le milieu des années 1970, le nouveau Département de
l'Energie(44) et l'Académie nationale des sciences [NRC, 1977, 1981, l983a] à
entreprendre d'importantes recherches sur le problème du dioxyde de carbone,
et les relations entre énergie et climat. Ce point mérite d'être rappelé car
il éclaire le climat polémique et politique qui s'attacha très tôt, aux
Etats-Unis, au débat sur l'effet de serre. Dans l'esprit de beaucoup de gens,
Revelle devait devenir le prophète officiel de l'effet de serre, et à ce titre
il fut critiqué par tous ceux qui prédisaient la prochaine glaciation (comme
l'ingénieur John D. Hamaker et ses disciples) ou ceux, comme Sherwood Idso
[1985, 1989], qui voient surtout, avec un étonnant optimisme, les effets
bénéfiques (le «dopage» des plantes!) d'une augmentation du gaz carbonique
dans l'atmosphère et d'un réchauffement (si possible sans surprises
désagréables) du climat! Dans Tellus, en 1957, Roger Revelle et Hans Suess
n'étaient nullement alarmistes, ils écrivaint simplement, avec le scientisme
prophétique de l'époque:
«Les êtres humains procèdent actuellement à une expérience de géophysique à
grande échelle d'un genre qui n'aurait jamais pu se produire dans le passé
et qui ne pourra se reproduire dans l'avenir. En l'espace de quelques
siècles, nous renvoyons dans l'atmosphère et les océans du carbone organique
concentré accumulé sur des centaines de millions d'années dans les roches
sédimentaires. Cette expérience, si elle est bien documentée peut faire
progresser la connaissance des processus qui déterminent le temps et le
climat.»
Le message n'a guère été entendu à l'époque, ni dans le monde scientifique, ni
dans le monde des affaires, ni dans les milieux de la haute politique
internationale. Le terme même d'écologie restait encore largement ignoré et le
Programme des Nations Unies pour l'Environnement n'existait pas encore! Le
premier Congrès mondial sur le climat, organisé par l'Organisation
météorologique mondiale à Genève, n'aura lieu qu'en 1979. Vingt-cinq ans plus
tard, Roger Revelle [1982] écrira à nouveau pratiquement la même chose, mais
avec quelques nuances intéressantes à remarquer:
«L'humanité a mené - sans le savoir - une gigantesque expérience de
géophysique. Avec une documentation adéquate, cette expérience pourrait
améliorer notre compréhension de l'océan et de l'atmosphère. Il pourrait
aussi en résulter, cependant, des perturbations importantes du climat»
Dès la première Année polaire internationale, en 1882 - 1883, on avait déjà
fait des recherches sur la concentration du gaz carbonique dans l'air de
l'Antarctique [Trabalka et Reichle, eds., 1986: 66-88], mais c'est bien avec
l'Année géophysique internationale (1957-58) - originellement la troisième
année polaire - que démarra l'organisation de la mesure systématique et
continue du C02 dans l'atmosphère à l'échelle du globe. Il s'agit
véritablement d'un tournant historique, d'autant plus significatif qu'il est
contemporain du début de «l'âge de l'espace».
Nous connaissons l'importance des conséquences de la découverte européenne du
Nouveau Monde, à la Renaissance. C'est le monde contemporain qui en est issu,
pour le meilleur et pour le pire. L'exploration de l'espace, poursuite en un
sens, de la révolution maritime occidentale du XVe siècle, est aussi une
mutation anthropologique majeure: c'est l'avènement d'une nouvelle vision du
monde, une nouvelle image de la Terre, souvent illustrée vers la fin des
années 60, par la métaphore technocratique, terriblement anthropomorphique, du
«vaisseau spatial Terre»(45).
La diffusion, par la NASA, des photographies de notre planèteTerre prises de
l'espace constitue une mutation culturelle dont notre «mentalité moderne» n'a
sans doute pas encore pris toute la mesure. Comme l'a remarqué l'astronome
Carl Sagan, l'essor du mouvement écologique américain est contemporain de
cette nouvelle vision de la Terre: une petite planète bleue entourée d'une
fine et fragile enveloppe atmosphérique flottant au milieu de l'océan noir du
cosmos!
«Le temps du monde fini commence», annonçait, au lendemain de la Grande
Guerre, Paul Valéry; ce poète - philosophe - thermodynamicien qui fut le
premier, à ma connaissance, à prévoir qu'un jour un Ministère de l'Energie
imposerait des limites au gaspillage énergétique! Avec la (re)découverte de la
Biosphère-Gaïa, nous comprenons peut-être enfin Torricelli, ce disciple de
Galilée qui à l'aube de la science instrumentale moderne découvrit que:«nous
vivons au fond d'un océan de l'élément air»
L'entreprise scientifique est certes éminemment collective, mais un nom
symbolise incontestablement la découverte scientifique de l'augmentation
industrielle de 25% du C02 atmosphérique: Charles David Keeling. Sa carrière,
entièrement consacrée à la mesure systématique du C02 dans l'atmosphère
commença avec l'Année géophysique internationale. En 1957, Roger Revelle
appela Keeling, alors jeune collaborateur du géochimiste Harrison Brown au
California Institute of Technology, à se joindre à la Scripps Institution of
Oceanography pour diriger, au pôle Sud et au centre du Pacifique, un programme
de mesure de la concentration du gaz carbonique dans l'atmosphère. Keeling
avait trouvé son job, il allait faire des mesures, rien que des mesures, et
encore des mesures: il ne se doutait pas que son nom allait devenir célèbre et
qu'on allait parler de «la courbe de Keeling» [Lambert, 1987; Weiner, 1990]:
(cliquez sur les images pour une taille maximum)
La courbe de Keeling. Source NOAA
Figure 1 Figure 2
Figure 1: Paleoclimatological record of temperature change with respect to
modern climate and atmospheric C02 concentration over Antarctica during the
last glacial cycle (adapted from Barnola et al., 1987). Source OMM, 1990
Figure 2: Record of global-mean air temperature change at the surface of the
earth (adapted from Hansen and Lebedeff, 1987). Source: OMM, 1990
La courbe de Keeling. que tout être humain instruit doit désormais connaître,
illustre à la fois deux choses: d'une part, la dérive anthropogénique de
l'effet de serre associé à l'augmentation de la concentration du dioxyde de
carbone dans l'atmosphère (ce qui n'est cependant plus que la moitié du
problème de l'effet de serre) et, d'autre part, découverte scientifique tout
aussi remarquable, l'oscillation saisonnière du métabolisme des végétaux de la
Biosphère. Symboliquement, le nom de Keeling doit aujourd'hui être associé à
la mesure du gaz carbonique dans l'atmosphère comme celui du chercheur anglais
G.M.B. Dobson (1889-1976) est attaché, depuis 1929, date du premier congrès
international, à la mesure de l'ozone atmosphérique.
L'observatoire du Mauna Lea, à 3397m d'altitude dans la grande île d'Hawaî, au
milieu du Pacifique, donc loin des zones industrielles, où travaillent Keeling
et son équipe, a fourni une méthodologie exemplaire.
En 1970, les Etats-Unis instituèrent la National Oceanic and Atmospheric
Administration (NOAA), et l'observatoire météorologique du Mauna Loa passa
sous la tutelle de la NOAA. Bien d'autres stations dispersées sur le globe
récoltent des observations similaires et les résultats en sont coordonnés
depuis le milieu des années 1960 dans le cadre du Réseau de surveillance de la
pollution atmosphérique de fond (BAPMoN) intégré depuis juin 1989 à un nouveau
programme de l'OMM, la Veille de l'atmosphère globale. Une énorme quantité de
l'immense littérature technique qui s'est déjà accumulée sur ce que la presse
nomme aujourd'hui «l'effet de serre» est consacrée à ce problème des mesures,
au point de donner parfois l'impression que la comptabilité scientifique des
arbres cache la vision écologique globale de la forêt, en l'occurrence la
Biosphère de la planète Terre dont nous faisons tous partie!
Les concentrations de C02 dans l'atmosphère sont extrêmement diverses, tant
dans leur distribution chronologique (le cycle des saisons) que
biogéographique. Mais, paradoxalement, ces variations, gênantes pour
«construire» la tendance moyenne globale, sont en elles-mêmes écologiquement
extrêmement significatives [Houghton, 1987; Weiner, 1990]. Les importantes
fluctuations saisonnières (évidemment plus fortes dans l'hémisphère Nord que
dans l'Antarctique) qu'illustre bien la courbe de Keeling traduisent le
métabolisme global des différents biomes de la géographie de la Biosphère
[Pearman et Hyson, 1980; Rougerie, 1988; Mielke, 1989], en d'autres termes,
l'intense interaction végétation-atmosphère à l'échelle du globe [Rosenzweig
et Dickinson, eds., 1986; Dickinson, ed., 1987]. Cette étude du métabolisme
global est de nos jours entièrement renouvelée par les nouvelles techniques
spatiales d'observation de la Biosphère [Botkin, ed., 1986]. Pour la nouvelle
science de l'écologie globale et la théorie Gaïa, c'est une véritable
découverte scientifique: la respiration de la Terre.
Pour prendre soin de la «santé de la planète», qui est notre santé à tous,
comme le souligne cette année l'OMS, il est sans doute préférable d'examiner
«la physiologie de cette Terre»(46) avec un regard de médecin. C'est ce que
propose le chimiste de l'atmosphère James Lovelock en introduisant le terme de
«géophysiologie» [Lovelock, 1985,1990; in Dickinson, cd., 1987: 11-23]. La
dérive anthropogénique de l'effet de serre qui menace l'avenir de l'humanité
réclame, selon Richard Grantham [1989], consultant de l'UNEP, des «approches
géothérapeutiques».
On n'oublie évidemment pas ici que le dioxyde de carbone n'est pas le seul gaz
radiativement actif. Depuis les travaux de Tyndall, on sait que d'autres gaz,
à commencer par la vapeur d'eau, naturellement sensible aux variations de
température, participent au mécanisme très complexe de la régulation du bilan
radiatif de la Terre. Tyndall parlait déjà de l'ozone de la basse atmosphère,
étudié alors par plusieurs savants suisses et français [Mégie, 1989]. D'autres
gaz en traces sont aussi des «gaz à effet de serre».
En 1975, un an à peine après la découverte par Sherwood Rowland et Mario
Molina impliquant les chlorofluorocarbures (les fameux CFC détectés dans
l'atmosphère globale par Lovelock) Veerabhadran Ramanathan [1975], spécialiste
de l'effet de serre à l'Université de Chicago, accablait encore un peu plus
ces gaz d'origine industrielle en démontrant leur importante contribution au
renforcement de l'effet de serre. Ils furent inventés en 1930 par Thomas
Midgley, Jr., des laboratoires de General Motors, et très largement produits
par l'industrie chimique depuis les années 1950. Mais dans «la guerre de
l'ozone» qui sévissait alors [Aimedieu, 1988; Rowland, 1988; Gribbin, 1989],
on ne fit guère attention à cette découverte de Ramanathan. Le lien entre la
production industrielle des CFC, la détérioration de la couche d'ozone et la
dérive de l'effet de serre ne surgira hrutalement qu'après le consensus
scientifique de la réunion de Villach en 1985 [OMM, 1986].
Parmi les autres gaz en traces radiativement actifs [Ramantahan et al., 1985;
Bolin et al., 1986], on mettra surtout en évidence le méthane [Ehhalt, 1985;
Khalil et Rasmussen, 1987; Pearce, 1989b], dont les découvertes des
glaciologues de la paléoclimatologie confirment la signification climatique à
long terme similaire à celle des variation du C02, dans l'atmosphère. Les taux
d'accroissement de ces autres gaz en traces sont en augmentation et dépassent
actuellement celui du gaz carbonique [Rowland et Isaken, ed.s, 1988;
Abrahamson, ed., 1989; OMM, 1990]. Ce phénomène, étroitement lié au
développement actuel de l'humanité, complique sérieusement le problème
écologique global de l'effet de serre, lui donnant une ampleur qui restait
encore, en 1987, sousestimée dans le rapport Notre avenir à tous de la
Commission mondiale sur l'environnement et le développement. Selon un récent
rapport pour la protection de l'environnement [EPA, 1989], les gaz à effet de
serre autres que le C02 sont à présent responsables d'environ 50% de
l'accroissement de l'effet de serre(47).
Ce qui est préoccupant, et demande donc, d'urgence, une réaction d'ensemble de
la communauté internationale, en fonction bien entendu des responsabilités
spécifiques, et en gros elles sont bien connues [OCDE, 1989], c'est donc bien
notre attitude envers la nature, envers ce que Vernadsky [1929] appelait la
Biosphère ou ce que d'autres [Barnaby, ed., 1988], inspirés par Lovelock,
nomment Gaïa.
VIII. La biosphère de la planète Terre et notre négligence
«Plus est importante la proportion de la biomasse de la Terre occupée par
l'humanité et les animaux et les cultures nécessaires à leur alimentation,
plus grande est notre implication dans le transfert de l'énergie solaire et
autre à travers l'ensemble du système. Au fur et à mesure que s'effectue le
transfert de pouvoir à notre espèce, notre responsabilité de préservation de
l'homéostasie planétaire s'accroit que nous en ayons conscience ou non.»
James LOVELOCK [1986]
A la suite de l'Année géophysique internationale, le Programme Biologique
International (1964-1974) fut contemporain de la promotion de l'écologie, en
tant que science fondamentale et en tant que sensibilité nouvelle vis-à-vis
des rapports entre la société industrielle et la nature. On commençait à
parler de la crise de l'environnement. Les professionnels de l'écologie
précisèrent, à l'échelle des différents écosystèmes et grands biomes de la
planète, la productivité primaire, c'est-à-dire la quantité totale de matières
organiques (carbone) fixées par la photosynthèse des végétaux verts selon
différents parametres biogéographiques et cela en terme de biomasse et
d'énergie (48).
L'écologie, non seulement commençait à se faire connaître du reste du monde
scientifique, et d'une partie de l'opinion publique, mais encore elle
soulignait l'importance des processus biologiques dans les grands cycles
chimiques de la face de la Terre. Malgré la confusion qui entourait et entoure
encore le terme même de Biosphère, on commençait à découvrir son importance
pour toute la culture scientifique moderne. On redécouvrait le fait que le
problème de «la faim du monde» dépend en dernière instance de ce que le
botaniste russe Kliment Timiriazev (1843-1920) appelait «la fonction cosmique
des plantes vertes». Le programme MAB («L'Homme - la Biosphère») de l'Unesco,
lancé après la conférence de septembre 1968 sur la Biosphère, poursuivra en
partie ce travail, débouchant sur le concept et la politique des «réserves de
biosphère». La «conscience écologique» était en train d'émerger au grand jour,
mais bien peu encore en tiraient toutes les conséquences économiques et
politiques. La «guerre froide» n'était pas encore tout à fait terminée!
C'est dans la vision holistique de la Biosphère, de sa très longue durée,
dominée biogéochimiquement par la vie des plantes vertes, du phytoplancton,
des forêts, et des bactéries [Sagan et Margulis, 1989], qu'il nous faut
apprécier la mise en évidence récente de la tendance à l'augmentation
accélérée, depuis les débuts de la révolution industrielle(49), de la
concentration du gaz carbonique dans l'atmosphère et d'autres gaz à effet de
serre. Ce faisant, la courbe de Keeling devient aujourd'hui un «classique» des
sciences de l'environnement, mieux dit de la Biosphère, au-delà des frontières
académiques entre sciences de l'homme, sciences de la nature et sciences de
l'ingénieur.
La courbe de Keeling, au sens large, est à présent une «courbe-enveloppe» qui
s'étire dans le passé pré-industriel, en dessous de 280 ppmv (parties par
million de volume), sur plus de 150'000 ans, correspondant à ce «temps
immobile» des sociétés traditionnelles dont parle l'historien du climat
Emmanuel Le Roy Ladurie; courbe qui semble brusquements'élancer, d'une manière
de plus en plus cambrée vers des valeurs supérieures, 350 ppmv étant déjà
totalement inconnus de l'expérience historique de l'espèce humaine, en
direction d'un horizon futur incertain qui se rapproche à toute vitesse.
Sous cette forme en longue durée, seule géologiquement et biosphériquement
significative, la courbe de Keeling qui illustre graphiquement la dérive
anthropogénique de l'effet de serre est parfaitement analogue aux autres
courbes-enveloppes «sur-exponentielles» de «la surchauffe de la croissance»
analysée par le professeur François Meyer [1974]. Ce phénomène explosif du
développement et de l'expansion d'Homo sapiens-faber [Vernadsky, 1929] au sein
de la Biosphère du Quaternaire, totalement lié à la soudaine exploitation
massive d'un stock de ressources non renouvelables accessibles, lentement
accumulé dans le passé biogéologique de la Biosphère [Schopf, ed., 1983],
stock d'énergie et de matière plus limité que le pensent généralement les
économistes [Georgescu-Ruegen, 1979; Cloud, 1977; Daly, ed., 1980], est un
grand phénomne anthropo - biogéochimique à la surface du globe.
La mise en évidence de l'existence de ce phénomne est indépendante des
diverses interprétations théoriques qu'on peut tenter d'échaffauder:
sommes-nous en présence d'un macro-phénomène d'accélération évolutive
parfaitement naturel à interpréter dans le cadre de la «problématique de
l'évolution» [Meyer, 1974] ou d'une dérive anti-nature d'un fraction de
l'espèce humaine dont la culture judéo-chrétienne occidentale [White, 1967] et
sa militarisation étatique [Grinevald, 1975, 1976, 1977, 1986] sera grandement
responsable?
Difficile de répondre objectivement à de telles interrogations: les
scientifiques, dans le monde entier, s'abstiennent de soulever ce genre de
questions et la plupart des humanistes, refoulant le fait qu'il y a là
«matière à réflexion», n'y pensent même pas! La philosophie moderne n'a plus
les pieds sur terre, elle ne perçoit plus la Terre, notre demeure naturelle.
Rien n'illustre cependant mieux, à un niveau purement phénoménologique,
l'impact écologique global du développement technologique et démographique de
l'humanité, au moins depuis la mutation de la révolution thermo-industrielle
et de son expansion planétaire, que cette brusque augmentation des gaz à effet
de serre qui modifient à un rythme géologiquement accéléré et sans précédent
la composition chimique de l'atmosphère de la Biosphère dont nous dépendons
entièrement [Vernadsky, 1945], au même titre que toutes les autres espèces qui
se partagent l'espace clos de ce globe terraqué.
A l'échelle des temps géologiques et biosphériques, qui se comptent en
millions et en centaines de millions d'années, l'actuelle transformation
humaine de la Terre, apparemment minime au regard myope de notre courte
historicité constitue un macro-phénomène planétaire d'une rare violence. Ne
faut-il pas l'interpréter en relation avec la brusque montée en puissance de
la civilisation scientifico-technique issue du fantastique surdéveloppement de
la culture judéo-chrétienne occidentale et qui débouche, depuis la deuxième
guerre mondiale et le projet Manhattan, sur ce qu'on appelle, le nouvel a«ge
nucléaire? Il faut remonter très loin dans le passé de la vie sur Terre pour
trouver des précédents comparables, si toutefois la comparaison est
pertinente. Significativement, la récente prise de conscience de la
fantastique puissance de destruction de notre prétendue «maîtrise de la
nature» est contemporaine, dans les milieux académiques des sciences de la
Terre et de la coopération scientifique internationale, de la redécouverte du
concept écologique global de la Biosphère, introduit d'une manière presque
inouïe parVernadsky au lendemain de la Grande Guerre de 14-18 et ravivé de nos
jours par l'hypothèse Gaïa, toujours très controversée, de James Lovelock et
Lynn Margulis.
Même si l'effet de serre est un problème bien plus complexe, qui dépasse le
seul cycle du carbone, le cas du C02 est exemplaire. Au moment où Keeling
commence ses mesures, il trouve une valeur moyenne annuelle de 315 ppmv, c'est
- à - dire une concentration de 0,0315% de C02 dans l'atmosphère. La référence
pré-industrielle n'est pas aussi nette: les estimations varient entre 250 à
290 ppmv, généralement entre 260 et 280 ppmv. La tendance à la croissance
devient évidente à partir de 1860, année où l'industrialisation rejette dans
l'atmosphère 93'000'000 tonnes de carbone. De 1860 à 1960, la consommation
d'énergies fossiles, qui augmentait à un taux doublant à peu près tous les
vingt ans, libéra dans l'atmosphère 80 milliards de tonnes de carbone. Cette
tendance se poursuivit d'une manière accélérée jusqu'en 1973, date de ladite
«crise de l'énergie», libérant encore, et cela non plus en un siècle mais en
une trentaine d'années seulement, plus de 80 milliards de tonnes de carbone
supplémentaires. Et cela sans compter les autres émissions associées aux
activités humaines modifiant les sols et les paysages.
La froideur de ces chiffres globaux masque en fait un autre phénomène,
proprement politico-culturel, celui de la dissymétrie croissante entre le
monde industriel et le reste de l'humanité [Grinevald, 1975]. Cette
consommation mondiale d'énergies fossiles, est-il besoin de le préciser ici,
était pour l'essentiel, jusqu'à une date récente, le fait des pays
industrialisés de l'hémisphère Nord, en somme le privilège de «la richesse des
nations» de l'Occident. Comme l'ont montré les recherches de Ralph Rotty et
d'autres [Trabalka, ed., 1985; Trabalka et Reichle, eds., 1986], la structure
des émissions de C02 manifeste une évolution significative de 1950 à 1980,
correspondant au changement de structure de l'industrialisation mondiale.
Selon les chiffres fournis par le rapport Trabalka [1985] publié par le
Département de l'énergie des Etats-Unis: en 1950, la part de l'Amérique du
Nord et de l'Europe de l'Ouest dans les émissions industrielles de C02 dans
l'atmosphère est encore supérieure à 68% du total mondial; en 1965, elle
représente 53%; en 1980, elle n'était plus que de 43%, dont 26,7% pour
l'Amérique du Nord. La part de l'URSS et de l'Europe de l'Est reste stable,
légèrement en hausse, de 23% à 24%. Par contre, celle des pays du tiers-monde
augmente très nettement, atteignant plus de 20% en 1980 déjà. Selon la plupart
des estimations, cette part des pays en développement va continuer à
s'accroître au siècle prochain. Ainsi, la part des pays «en voie de
développements manifeste une nette tendance à augmenter relativement à celle
des pays industrialisés. Ceux-ci, en effet, après le coup de semonce de la
«crise du pétrole» de 1973, améliorent soudain d'une manière surprenante leur
efficacité énergétique, et cela d'une manière pourtant encore bien faible par
rapport à ce potentiel invisible des économies d'énergie, thermodynamiquement
et écologiquement rationnel, bien meilleur marché et surtout beaucoup moins
risqué que l'option nucléaire [Lovins et al., 1981; Lovins, 1989; Chandler,
1985; Keepin et Kats, 1988; Byle et Ardill, 1989; Flavin, 1990].
Les activités économiques dans le monde entier affectent l'environnement
global. La dérive anthropogénique de l'effet de serre est le type même de
problème socio-écologique global, et seul des réponses cohérentes inspirées
d'une perspective globale, non seulement internationale mais aussi réellement
biosphérique, peuvent avoir quelque chance de réussir dans le long terme.
C'est toute la philosophie économique des stratégies de développement, dont
aucune n'avait jusqu'ici tenu compte du coût environmental de son impact sur
l'environnement atmosphérique qui est à revoir [Kellogg et Mead, eds., 1977;
Bach et al., eds., 1983; Schneider et Londer, 1984; Clark et Munn, cds., 1986;
Crutzen et Müller, eds., 1989; Cavanagh, 1989].
Malgré la responsabilité politico-culturelle évidente de la civilisation
occidentale, c'est-à-dire des pays «les plus riches du monde», la corrélation
entre l'accroissement anthropogénique du gaz carbonique dans l'atmosphère
globale et l'explosion démographique mondiale est troublante. A la fin du
siècle dernier, où le monde compte 1'590'000 êtres humains, la concentration
du C02 dans l'atmosphère n'a pas encore dépassé 300 ppmv. En 1950, où le monde
compte 2'510'000 êtres humains, cette concentration est de 311 ppmv. En 1960,
où le monde compte 3 milliards d'êtres humains: 3l7 ppmv. En 1970, avec plus
de 3 milliards et demi d'êtres humains: 325 ppmv. En 1974, la population
mondiale atteint les 4 milliards, et le C02 330 ppmv. Au début des années 80,
avec un peu moins de 4,5 milliards d'êtres humains, notre indice
thermo-industriel est de 338 ppmv. Le rythme de cette histoire semble
visiblement s'accélérer dans les années 1980; en 1982, 4,61 milliards d'êtres
humains, et une concentration de C02 de 341 ppmv; en 1985, 4,84 milliards
d'êtres humains et le C02 est à 345 ppmv. En 1987, l'humanité a franchi le cap
des 5 milliards et 348 ppmv de C02. En 1988, la barre des 350 ppmv est
dépassée [Idso, 1989].
C'est bien le mythe de la croissance illimitée(50) qui est en question. Comme
le rappelle notre ami François Meyer, on perçoit paradoxalement mieux les
limites à la croissance si on commence par se méfier du dogme de la croissance
exponentielle! Et c'est aussi le cas de la tendance à la croissance du C02
dans l'atmosphère: cette courbe de croissance, souvent
qualifiéed'exponentielle, possède en fait un taux de croisssance qui est
lui-même variable, et en l'occurrence en augmentation, comme les chiffres des
années 1980 l'ont mis en évidence(51); ce qui traduit une accélération de la
croissance, alors qu'on pouvait s'attendre à une certaine baisse de ce taux de
croissance à la suite du choc pétrolier de 1973 et du déclin très net du taux
de croissance de la consommation énergétique dans les pays industrialisés
depuis cette date(52), mais c'était sans compter sur la récente reprise de la
croissance, le tiers-monde en développement et surtout sur «l'autre moitié du
problème global du dioxyde de carbone» [Goreau, 1987]: la déforestation, et
surtout la destruction systématique de «l'écran vert» (Georges
Kuhnholtz-Lordat) des tropiques [Bunyard, 1983; Myers, 1984, 1988; Dickinson,
ed., 1987; Detwiler et Hall, 1988; Grantham, 1989].
L'augmentation du gaz carbonique dans l'atmosphère a été d'environ 25% depuis
les débuts de la civilisation thermo - industrielle, et la majeure fraction de
cette augmentation est postérieure à 1958, c'est-à-dire au début de l'entrée
de Charles David Keeling dans sa fonction de surveillant du dioxyde de carbone
dans 1'atmosphère du globe. Cela peut paraître négligeable, mais ce serait
oublier qu'il s'agit d'une perturbation à l'échelle géologique de l'histoire
de la Biosphère. Les mesures de Keeling et de beaucoup d'autres chercheurs
mirent un certain temps à être perçues comme «inquiétantes». Au début des
années 1960, la croissance économique et le progrès technique étaient en train
de donner naissance, en Occident, à «la société de consommation». Ce faisant,
la culture moderne oubliait la nature, le monde réel dans lequel nous vivons
concrètement. Le message des premiers «écologistes» qui révélaient l'envers de
la médaille du progrès était alors refoulé ou ridiculisé. Aujourd'hui encore,
l'écologie est le parent pauvre de nos écoles, de nos universités et de nos
instituts de recherche. Comme l'effet de serre, la question des «pluies
acides» a aussi une histoire plus que centenaire! C'est en 1872 qu'un chimiste
de Manchester, Robert Angus Smith (1817-1884), publia son enquête scientifique
intitulée Air and Rain: the Beginning of a Chemical Climatology dans lequel il
traite des «pluies acides». Le Printemps silencieux de Rachel Carson date de
1962. Aux Etats-Unis, en 1965, le rapport du President's Science Advisory
Committee intitulé «Restoring the Quality of Our Environment» comprenait, pour
la première fois à ce niveau de l'administration publique, un chapitre sur «le
dioxyde de carbone atmosphérique», signé par Revelle, Broecker et Keeling
notamment. Curieusement, «le pillage de la planète», pour reprendre
l'expression du naturaliste Fairfield Osborn [1949], n'a jamais été aussi
dévastateur que depuis que le mot «écologie», créé en 1866 par le naturaliste
évolutionniste Haeckel, a fait son entrée dans le vocabulaire scientifique!
En 1982, dans la vague impressionnante du Peace Movement, Jonathan Schell,
ancien reporter de la guerre du Vietnam et rédacteur du New Yorker publia un
livre anti-nucléaire admirable, Le destin de la Terre. Son argumentation
s'appuyait notamment sur la nouvelle perspective de l'écologie globale et ses
informations scientifiques provenaient directement des meilleures têtes
pensantes de la communauté scientifique américaine, comme le professeur
Michael McElroy [1976], directeur des sciences de la Terre et des planètes à
Harvard. Dans ce bestseller; qui constitua un prélude à la découverte de
«l'hiver nucléaire», et une synthèse des idées écologiques et non-violentes,
Jonathan Schell mettait en évidence l'un des aspects les moins discutés du
drame du XXe siècle, à savoir notre «tendance presque innée à sous-estimer le
mal», en l'occurrence notre cancer atomique. Nous refoulons l'apocalypse de la
dérive scientifico - militaro - industrielle de l'ère thermonucléaire, cette
dérive du continent Occident dont le philosophe et historien des sciences
Michel Serres parle dans son texte de 1972 intitulé «La thanatocratie». Le
Destin de la Terre rappelait le fait, argumenté depuis des années par les
militants écologistes, mais encore trop souvent méconnu, que la menace
nucléaire se trouve au coeur même de notre crise écologique planétaire [Rens
et Griiievald, 1975, 1979; Grinevald, 1976, 1984b, 1985, 1986].
Dans Le Destin de la Terre, Jonathan Schell [1982], comme dans Planet Earth de
Jonathan Weiner [1986], on mesure la profonde mutation qui est en train
d'apparaître au sein de la communauté scientifique internationale et qui donne
raison, encore une fois à Albert Einstein:
«La puissance déchaînée de l'atome a tout changé, sauf nos modes de penser
et nous glissons ainsi vers une catastrophe sans précédent. Une nouvelle
façon de penser est essentielle si l'humanité doit survivre.»
Aucun des multiples aspects de la crise du monde moderne ne peut être résolu
sans un nouveau contrat social, et en l'occurrence il s'agit d'une nouvelle
alliance avec la nature, d'un contrat naturel [Serres, 1990]. Pour commencer,
comme aimait le dire le professeur René Dubos, il faut penser globalement et
agir localement.
La planète Terre et sa Biosphère constituent une entité d'une telle complexité
que la physique qui réussit à briser le mystère des atomes et à explorer, avec
des machines de plus en plus puissantes, la structure élémentaire de la
matière est un jeu d'enfant à côté (53).
L'écologie globale, science de la Biosphère, est une science encore toute
jeune, pratiquement embryonnaire, mais en plein essor [Rambler, et al., eds.,
1989]. La Biosphère, c'est le mystère même de la vie à l'échelle de la planète
Terre, de son immense évolution géologique, à l'échelle donc du système
solaire et de sa cosmogénèse, à l'échelle peut-être, nous n'en savons rien, de
tout l'Univers. La Biosphère n'est pas un environnement, comme si nous étions
encore, après Copernic et Darwin, au centre du monde, ou, comme le disait
Teilhard, au-dessus de la Biosphère. En paraphrasant la conclusion de Tristes
tropiques de l'anthropologue Claude Lévi-Strauss, nous pouvons et nous devons
reconnaùre que la Biosphère a commencé sans l'homme et qu'elle s'achèvera sans
lui.
N'est-ce pas là la grandeur et la beauté de la nature, et le message essentiel
de la révolution écologique? La Biosphère est la niche écologique et la
matière même de notre éphémère existence, traversée en permanence par ses flux
d'énergie et de matière qui nous relient à tous les autres êtres vivants et à
la planète elle-meme. La Biosphère est un vaste organisme très complexe qui se
nourrit d'énergie solaire et laisse à une distance propremcnt astronomique et
infranchissable, la centrale thermonucléaire de l'astre royal autour duquel
gravite le système planétaire auquel nous appartenons et à l'intérieur duquel
la Biosphère se distingue d'une maniere improbable, c'est-à-dire apparemment
«miraculeuse», pour reprendre l'expression de la Planète miracle d'une superbe
émission scientifique de télévision [Brown et Morgan, 1989].
Ce qu'on oublie souvent dans les discussions techniques sur le problème du C02
et dc l'effet de serre, c'est la nature même de l'atmosphère et de nos
rapports biosphériques ou biogéochimiques avec l'atmosphère [Lovelock, 1986,
1990]. Il ne s'agit pas d'un simple environnement atmosphérique, soumis à nos
seuls principes de physique et de chimie de l'équilibre, c'est aussi, comme le
dit une vieille tradition scientifique, qui passe par Dumas et Boussingault,
Vernadsky, Hutchinson et aujourd'hui Lovelock, «une extension de la biosphère»
[McElroy, 1988], en somme la membrane protectrice de l'immense cellule
contenant toutes les cellules vivantes en même temps que «le système
circulatoire de la Biosphère» [Margulis et Lovelock, 1980].
Comme on le sait depuis les années où les grandes puissances faisaient
exploser des bombes nucléaires dans l'atmosphère [Commoner, 1972], et comme
l'a soudain rappelé aux Européens le désastre de Tchernobyl, la contamination
radioactive de la Biosphère est l'une des graves menaces que notre
inconscience et notre incompétence en matière écologique ont introduites en ce
monde [Ramade, 1987]. Il est urgent, il est impératif, qu'une éducation
générale introduise la sagesse et le respect de la Biosphère [Polunin, 1982;
Polunin et Grinevald, 1988], en lieu et place de cet orgueil prométhéen et
parfaitement anthropocentrique qu'incarne depuis des siècles l'histoire
triomphale de notre technique de la puissance.
La crise énergétique, qui n'est pas une pénurie mais un excédent, comme en
témoigne le somptueux gaspillage de la course aux armements et de «la
militarisation de la planète» [Barnaby, ed., 1988], la crise écologique, dont
on souligne de plus en plus l'aspect climatique global, et la crise économique
du développement inégal de l'humanité ne sont que les multiples facettes d'une
seule et même crise de civilisation.
Comme l'avait bien vu l'historien des techniques Lynn White (1907-1987), dans
sa célèbre conférence sur «les racines historiques de notre crise écologique»,
donnée le 26 décembre 1966 à Washington, devant l'Association américaine pour
l'avancement des sciences:
«Davantage de science et davantage de technique ne viendront pas à bout de
l'actuelle crise écologique tant que nous n'aurons pas trouvé une nouvelle
religion ou repensé l'ancienne.
Notre science actuelle et notre technologie actuelle sont toutes deux si
imprégnées de l'arrogance chrétienne dominante
envers la nature qu'on ne peut attendre d'elles seules aucune solution pour
notre crise écologique. Dès lors que les racines de notre malaise sont en
partie religieuses, le remède, lui aussi, doit être essentiellement
religieux, que nous le nommions ainsi ou non.» [White, 1967]
Déclaration de la Conférence de Toronto
L'atmosphère en évolution: implications pour la sécurité du globe (extrait)
«L'humanité se livre sans frein à une expérience qui touche l'ensemble du
globe et dont les conséquences définitives ne le céderaient en rien sinon à
une guerre nucléaire mondiale. L'atmosphère terrestre change à une vitesse
sans précédent du fait des polluants d'origine anthropique, de l'utilisation
excessive, non efficace et non rentable des combustibles fossiles, et des
effets de l'augmentation rapide de la population dans de nombreuses régions du
monde. Ces changements représentent une grande menace pour la sécurité
internationale et ont déjà des conséquences dangereuses dans de nombreuses
parties du globe.» [Ferguson, ed., 1988] -
Début de page
I. L'air du temps - II. La chaleur de la révolution industrielle
III. Tyndall et les propriétés radiatives des gaz
IV. C02 et histoire géologique du climat - V. Arrhénius et la théorie de la
serre chaude
VI. Entropie - Ecologie - Economie
VII. De l'Année Géophysique Internationale au «Global Change»
VIII. La biosphère de la planète Terre et notre négligence
Références bibliographiques - Notes
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Lorsqu'elle existe, c'est la date de la traduction française qui est donnée en
référence; nous mentionnons ici également la date de l'édition originale. On
ne reprend généralement pas dans cette sélection bibliographique les
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I. L'air du temps - II. La chaleur de la révolution industrielle
III. Tyndall et les propriétés radiatives des gaz
IV. C02 et histoire géologique du climat - V. Arrhénius et la théorie de la
serre chaude
VI. Entropie - Ecologie - Economie
VII. De l'Année Géophysique Internationale au «Global Change»
VIII. La biosphère de la planète Terre et notre négligence
Références bibliographiques - Notes
NOTES
(1) La conférence scientifique conjointe Organisation Météorologique Mondiale,
Programme des Nations Unies pour l'Environnement et Conseil International des
Unions Scientifiques de Villach, 945 octobre 1985, n'était pas la première;
une conférence similaire avait eu lieu en novembre 1980 et avait déjà publié
une Déclaration sur «la question du gaz carbonique et du climat». La réunion
de Villath 1985 a été suivie par deux autres réunions (Villach, 28 sept.-2
oct., 1987 et Bellagio, 9-13 nov. 1987) qui aboutirent au très important
rapport rédigé par Madame Jill Jaeger [1988], du Beijer Institute, Stockholm,
intitulé Developing Policies for Responding to Climate Change, avril 1988.
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(2) Voir, à la fin, dans les références de notre sélection bibliographique:
Abrahamson, ed., 1989; Boyle et Ardill, 1989; Crutssen et Müller, eds., 1989;
McKibben, 1989; Pearce, 1989; Rifkin, 1989; Schneider, 1989b; Griesshammer et
al., 1989; Kandel, 1990.
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(3) Le terme de Biosphère (que nous écrirons avec une majuscule, comme la
planète Terre) est pris ici au sens de Vernadsky et de l'écologie globale et
non de la géochimie ou des nombreux auteurs qui l'utilisent pour désigner le
biote ou la biomasse, c'est-à-dire la totalité des organismes vivants; on
parle ainsi de la biosphère marine et de la biosphère terrestre comme
«réservoirs» à côté des autres réservoirs géochimiques. La confusion est
également entretenue par l'utilisation de néologismes comme écosphère au lieu
du terme scientifique de Biosphère (introduit an 1875 par le géologue Eduard
Suess et adopté en lui donnant son sens biogéochimique, énergétique et
écologique actuel, par le géochimiste russe Vladimir Vernadsky). La confusion
terminologique est ici très fâcheuse; elle traduit souvent un flou conceptuel
et théorique plus grave encore. Voir Grinevald, 1987, 1988; Polunin et
Grinevald, 1988.
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(4) Pour une introduction scientifique à l'écologie globale, voir: Bolin,
1979, 1980; Budyko, 1980, 1986; Southwick, ed., 1985; Botkin, 1985; Malone et
Roederer, edi., 1985; Clark et Munn, eds., 1986; NASA, 1988; NRC, 1983,1986,
1988; Odum, 1989; Ramade, 1981, 1984, 1989; et surtout Rambler et al., 1989.
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(5) Le concept des cycles biogéochimiques de la Biosphère (la circulation des
éléments chimiques dans la nature, entre le vivant (le biote), la lithosphère,
l'hydrosphère et l'atmosphère, dont le cycle du carbone est l'exemple le plus
parfait puisqu'il est intimement associé au métabolisme des êtres vivants) a
été fondé (sur la base du travail des savants du XIX, siècle) par Vernadsky et
Lotka dans les années 1920, et adopté par les écologistes les plus
scientifiques, comme G.E. Hutchinson, R. Lindeman et les frères Odum
[Grinevald, 1987,1988]; mais ce n'est que depuis «la révolution de
l'environnement», vers 1970, qu'il fait l'objet d'importants programmes de
recherches, notamment dans le cadre des «Dahlem Conference» à Berlin [Breuer,
1980], du SCOPE (Scientifie Committee on Problems of the Environment du CIUS),
de la NASA et d'autres institutions scientifiques aux Etats-Unis et ailleurs,
et qu'il est au centre des projets du grand Programme International
Géosphère-Biosphère (IGBP), le fameux «Global Change», lancé officiellement en
septembre 1986 par la 21e Assemblée générale du Conseil international des
Unions scientifiques (ICSU) qui s'est tenue en Suisse, à l'Université de
Berne. Les cycles biogéochimiques sont exposés dans la plupart des bons
traités d'écologie. Voir notamment: Hutchinson et al., 1970; Odum, E., 1971;
Kormondy, 1976; Colinvaux, 1986; Degens, 1989; en français: Odum, E., 1976;
Duvigneaud, 1980; Ramade, 1981, 1984, 1989.
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(6) La Face de la Terre est le titre de la grande synthèse géologique, en
trois tomes, d'Eduard Suess (1831-1914), publiée en allemand en 1883-1909 et
an français en 1897-1918. Le chapitre final est sur «La Vie», c'est-à-dire la
Biosphère. Le classique de la littérature sur l'environnement du siècle
dernier est le géographe américain George Perkins Marsh (1801-1882), L'Uomo e
la Natura, éd. critique par Fabienne O. Vallino, Milan, Franco Angeli, 1988.
Voir aussi William Thomas, ed., Man's Role in Changing the Face of the Earth,
Chicago, University of Chicago Press, 2 vols., 1956.
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(7) Voir Ramanathan et al., 1989. Raval, A. et V. Ramanathan, 1989. Daniel
Lashof, «The dynamic greenhouse: feedback processes that may influence future
concentrations of atmospheric trace gases and climatic change», Climatic
Change, 1989, 14: 213-242. David Schwartzman, «Biotic enhencernent of
weathering and the habitability of Earth», Nature, 1989, 340:
457-460.
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(8) Ce point - résumé ici à l'extrême - est développé ailleurs: Grinevald,
1975, 1976, 1977, 1980, 1982,1984. Georgescu-Ruegen, 1971, 1976, 1979. Voir
aussi la note 11.
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(9) Joseph Fourier, "Remarques générales sur les températures du globe
terrestre et des espaces planétaires», Annales de Chimie et de Physique, 1824,
27: 136-167. [réédité sous le titre "Mémoire sur les températures du globe
terrestre et des espaces planétaires», Mémoires de l'Académie Royale des
Sciences de l'Institut de France, 1827, 7: 570-606; in Oeuvres de Fourier,
(éd. par G. Darboux) Paris, Gauthier-Villars, t. 2, 1890, pp. 97425.]
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(10) John Tyndall, «On the absorption and radiation of beat by gases and
vapour, and on the physical connection of radiation, absorption and
conduction», [Lecture to Royal Society, 7 February 1861], Philosophical
Magazine, 1861, 22:167-194, 273-285; et «On radiation through the Earth's
atmosphere», Philosophical Magazine, 1863, 25: 2O~2C6.
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(11) Voir D.S.L. Cardwell, From Watt to Clausins: The rise of thermodynamics
in the early industrial age, London, Heinemann, 1971. Michel Serres, Hermès
III et IV Paris, Minuit, 1974, 1977. Grinevald, 1975, 1976, 1977,1980, 1982.
Edgar Morin, La Méthode, I, La nature de la nature, Paris, Seuil, 1977. Ilya
Prigogine et Isabelle Stengers, La Nouvelle Alliance: métamorphose de la
science, Paris, Gallimard, 1979. Jacques Merleau-Ponty, La science de
l'univers à l'Âge du positivisme: étude sur les origines de la cosmologie
contemporaine, Paris, Vrin, 1983, chap. IV: «Esquisse d'une énergétique
cosmique».
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(12) J. Grinevald, Vernadsky and Lotka as Source for Georgescu-Roegen's
Bioeconomics. Paper presented at the International Conference on Economics and
Ecology, Barcelone, Espagne, 2629 septembre 1987,23 p., inédit. Voir aussi
Grinevald, 1984, 1987.
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(13) Werner Stumm, ed., Global Chemical Cycles and Their Alteration by Man,
Berlin, Abakon Verlagsgesellchaft, 1977. Le professeur Stumm, dans son
introduction, cite seulement Lotka parmi les pionniers. Il faudrait mentionner
ici Vernadsky et son livre La Géochimie [Paris, Alcan, 1924].
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(14) Voir V. Vernadsky, La Géochimie, op. cit, et La Biosphère, Paris, Félix
Alcan, 1929. La vie et l'oeuvre de Vernadsky font actuellement l'objet d'une
imposante réévaluation dans son pays d'origine, où une Fondation
internationale Vernadsky vient de voir le jour La théorie Gaïa de J. Lovelock
et L. Margulis contribue aussi à cette réactualisation de Vernadaky. Le
meilleur ouvrage, en anglais, sur l'héritage scientifique de Vernadsky, est:
Lapo, 1987. Voir aussi J. Grinevald, «The Biospbere», by V. Vernadsky,
Environmental Conservation, 1986,13 (3): 285-286; Grinevald, 1984, 1987, 1988;
Polunin et Grinevald, 1988.
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(15) A l'image de la serre, Tyndall.ajoute celle de la «couverture« pour
parler de l'influence de l'enveloppe atmosphérique sur la température de la
Terre. Voir le bestseller de J. Tyndall, Heat as a Mode of Motion, Londres,
1863, 4e éd., 1870; traduit en français par l'abbé Moigno, La Chaleur mode de
mouvement [Paris, Gauthier-Villars, 2e ed., 1887, p. 369].
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(16) J. Tyndall, La Chaleur, op. cit. (1887), p. 484. Cet optimisme est à
mettre en relation, me semble-t-il, avec le fait que Tyndall, comme la plupart
de ses contemporains, a bien assimilé la philosophie de la découverte de la
conservation de l'énergie (le premier principe de la thermodynamique), mais
beaucoup moins bien sinon pas du tout celle de la découverte de la loi de
l'entropie (le deuxième principe de la thermodynamique). Voir Grinevald,
1978,1982. Il faut se rappeler aussi le dogme de la continuité de
l'uniformitarisme (imposé par Lyell) qui dominait alors la pensée géologique
et évolutionniste et avait refoulé hors de la science officielle les
discontinuités du catastrophisme, dont le retour, sous de nouvelles formes,
est aujourd'hui spectaculaire!
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(17) Voir Milutin Milankovitch, Théorie mathématique des phénomènes thermiques
produits par la radiation solaire, Paris, Gauthier-Villars, 1920. Les
publications postérieures de Milankovitch n'ont pas été traduites en français,
à ma connaissance. André Berger et al., eds., Milankovitch and Climate,
Dordrecht, Reidel, 1984, 2 vols. John Imbrie et Katherine Palmer Imbrie, Ice
Ages: Solving the Mystery, Cambridge, Mass., London, Harvard University Press,
1979, 2e éd., 1986. Duplessy et Morel, 1990.
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(18) Voir R. Delmas, «Le gaz carbonique atmosphérique du passé», La Recherche,
1980 114: 992-994. R. Delmas et li., «Polar ice evidence that atmospheric C02
20 000 yr BP was 50% of present», Nature, 1980, 284: 155-157. A. Neftel et
al., «Ice core sample measurements give atmospheric C02 content during the
last 40 000 years», Nature, 1982, 295: 220-223. A. Neftel et al., «Evidence
from polar ice cotes for the increase of atmospheric C02 in the last two
centuries», Nature, 1985, 315: 45-47. D. Raynaud et T. Barnola, «An Antarctic
ice core reveals atmospheric C02 Variations over the past few centuries»,
Nature, 1985, 315: 309-311. C. Lorius, et al., «A 150 000-year climatic record
from antarctic ice», Nature, 1985, 316: 591-596. H. Oeschger et B. Stauffer,
«Review of the history of atmospheric C02 recorded in ice cores», in Trabalka
et Reichle, 1986, pp.89-108. J. Jouzel et al., «Vostok ice core: a continuous
isotope temperature over the last climatic cycle 160 000 years)», Nature,
1987, 329: 403-408. J. Barnola et al., «Vostok ice core provides a
160.000-year record of atmospheric C02», Nature, 1987, 329: 408-414. C.
Genthon et al., «Vostok ice core : climatic response to C02 and orbital
forcing changes over the last climatic cycles», Nature, 1987, 329: 414-418. U.
Siegenthaler et H. Oeschger, «Biospheric C02 emissions during the last 200
years reconstructed by the deconvolution of ice core data», Tellus, 1987, 398:
140-154. G. Pearman et al., «Evidence of changing concentrations of
atmospheric C02, NO2, and CH4 from air bubbles in Antarctic ice», Nature,
1986, 320: 248-250. Dieter Ehhalt, «On the rise: methane in tbe global
atmosphere», Environment, 1985, 27(10): 8-33. B. Stauffer et al., «Methanae
concentration in the glacial atmosphere was only half that of the
preindustrial Holocene», Nature, 1988, 332: 812-814. Dominique Raynaud et al,
«Climatic and CH4 cycle implications of glacial-intergiacial CH4 change in the
Vostok ice core», Nature, 1988, 333: 655-657. Ramanathan, et al., 1985.
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(19) Voir J-C. Deplessy et al, «Le programme géosphère-biosphère: Principaux
éléments de la contribution française», La météorologie, 1989, 26: 14-23.
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(20) Depuis l'étude de Carl Sagan et George Mullen, «Earth and Mars: evolution
of atmospheres and temperatures» [Science, 1972, 177: 52-56], on cherche à
expliquer comment la Biosphère juvénile se réchauffait à l'époque où la
luminosité du jeune Soleil était plus faible d'environ 25-30%; Sagan et Mullen
avaient proposé l'ammoniac comme gaz à effet de serre, mais on introduisit à
la fin des années 1970 le gaz carbonique (bien plus abondant dans l'atmosphère
avant que le vivant n'en assimile la plus grande partie pour sa propre
constitution). Voir T. Owen, R.D. Cess et V Ramanathan, «Enhanced C02
greenhouse to compensate for neduced solar luminosity on early earth», Natune,
1979, 277: 640-641. J. Walker, P. Hays et J. Kasting, «A negative feeback
mechanism for the long-term stabilization of earth's surface temperature»,
Journal of Geophysical Research, 1981, 86: 9776-9782. J.F Kasting O.B. Toon et
J.B. Pollack, «How climate evolved on the terrestrial planets», Scientific
American, 1988,258: 90-97;J.E Kasting, «Long-term stability of the Earth's
climate» Palaeogeography, Paleoclimacology, Palaeoecology (Global and
Planetary Change), 1989,75(1-2): 83-95; Heinrich D. Holland, The Chemical
Evolution of the Atmosphere and Oceans, Princeton, Princeton University Press,
1984. Schneider, 1984,1989. Walker, 1986. Pearce, 1989. Les spécialistes
semblent bien d'accord sur l'existence d'un thermostat planétaire sur la
Terre, mais pas sur sa nature! Pour un point de vue hétérodoxe, plus proche de
la vision vernadskienne du rôle dynamique du biote dans la Biosphère, voir
James Lovelock et Andrew Watson, «The regulation of carbon dioxide and
climate: Gaia or geochemistry», Planetary and Space Sciences, 1982, 30:
795-802; J. Lovelock et Michael Whitfield, «Life span of the biosphere«,
Nature, 1982, 296: 561-563; et Lovelock, 1990.
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(21)Thomas Chrowder Chamberlin, «A group of hypothesis bearing on climate
changes«, Journal of Geology, 1897, 5: 653-683; «The influence of great epochs
of limestone formation upon the constitution of the atmosphere«, Journal of
Geology, 1898,6:609-621; «An attempt to frame a working hypothesis of the
cause of glacial periods on an atmospheric basis», Journal of Geology, 1899,
7: 545-561.
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(22) Voir Paul G. Risser, ed., Spatial and Temporal Variability of Biospheric
and Geospheric Processes, Paris, ICSU Press, 1986. Thomas Rosswall, Robert
Woodmansee et Paul Risser, eds., Scales and Global Change: Spatial and
Temporal Variability in Biospheric and Geospheric Pyocesses, SCOPE 35,
Chichester, Wiley, 1988.
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(23) Comme l'astronome C. Flammarion, Arrhénius soutenait l'antique idée de la
pluralité des mondes habités et de l'habitabilité de Mars. Le naturaliste
Alfred Russel Wallace (1823-1913) affirmait, au contraire, que «la Terre est
la seule planète habitable de tout le système solaire»! (La place de l'homme
dans l'univers, trad. fr., Paris, Reinwald, 1907).
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(24) Svante Arrhénius, «On the influence of carbonic acid in the air upon the
temperature of the ground», Philosophical Magazine, 1896, 41: 237-275. Voir
aussi «Les atmosphères des planètes», in Svante Arrhénius, Conférences sur
quelques thèmes choisis de la chimie physique pure et appliquée, faites à
l'Université de Paris du 6 au 13 mars 1911, Paris, Hermann, 1913, pp.73-92.
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(25) S. Arrhénius, L'Evolution des mondes, trad. fr. de T. Seyrig, Paris,
Librairie polytechnique Ch. Béranger, 1910, pp. 42-69. «La consommation
mondiale de houille, note Arrhénius, a été en millions de tonnes, de 510 en
1890, de 550 en 1894, de 690 en 1899, de 890 en 1904 et de 1209 en 1907.» Pour
une vue d'ensemble de l'évolution historique de la consommation d'énergie,
voir Paul Bairoch, «Energie et révolution industrielle: nouvelles
perspectives», Revue de l'énergie, 1983, 356: 399-408. Sur la loi
d'accélération de l'histoire et la consommation d'énergie chez Henry Adams et,
plus généralement, les débuts de la problématique énergie, développement et
environnement, voir Juan Martinez-Alier, Ecological Economics, Oxford,
Blackwell, 1987; et Grinevald, 1978, 1984. Lewis Mumford (1895-1990),
Technique et civilisation, trad. fr., Paris, Seuil, (1934)1950. William E
Cottrell, Energy and Society, New York, McGcaw-Hill, 1955. Earl Cook, Man
Energy, Society, San Francisco, Freeman, 1976. Jean-Claude Debeir, Jean-Paul
Deléage et Daniel Hémery; Les Servitudes de la puissance: une histoire de
l'énergie, Paris, Flammarion, 1986.
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(26) J. Grinevald, «Entropologie: le catastrophisme en perspective», Crise et
chuchotement, Cahier de l'I.U.E.D., 15, Genève, Paris, PUE 1984, pp. 165-195;
«Le développement de/dans la hiosphère», L'homme inachevé, Cahiers de
l'I.U.E.D., 17, Genève, Paris, PUE 1987, pp. 29-44.
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(27) Voir Spencer Weart, La grande aventure des atomistes français: les
savants au pouvoir, trad. de l'américain, Paris, Fayard, 1980, pp. 34-35; et
Grinevald, 1984.
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(28) Svante Arrhénius, Conférences sur quelques problèmes actuels de la
chimie physique et cosmique, faite à l'Université de Paris en avril et mai
1922, Paris, Gauthier-Villars, 1923, pp. 73-92.
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(29) Sur le concept des anciennes Biosphères, voir Lapo, 1987.
Relevons ici le lien qui existe de nos jours entre la biogéologie du
Précambrien et la géologie économique à la recherche de nouveaux gisements de
combustibles mineraux et fossiles. Voir J.H. Oehler et M. Schidlowski, «Early
biological evolution in relation to mineral and energy resources: IGCP Project
157», Revue de l'Institut Français du Pétrole, 1980, 35 (2): 319-324. Heinrich
D. Holland et Manfred Schilowski, eds., MineraI Deposits and the Evolution of
the Biosphere, Berlin, Springer-Verlag, 1982. B. Nagy; R. Weber, J.C. Guerrero
et M. Schidlowski, eds., Developments and Interactions of the Precamhrian
Atmosphere, Lithosphere and Biosphere, Amsterdam, Elsevier, 1983. J. William
Schopf, eds., Earth's Earliest Biosphere, Its Origin and Evolution, Princeton
University Press, 1983.
Ces recherches fondamentales et appliquées suggèrent que le problème
énergétique de l'humanité, et celui des limites à la croissance, ne se situent
sans doute pas pour le moment, du côté de l'épuisement des ressources, mais
bien plutôt du côté des «déchets» et de la pollution. Ces recherches
confirment également le rôle des processus biologiques dans les cycles du
carbone, du souffre et de l'oxygène pendant la plus grande partie des temps
géologiques.
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(30) Voir Frank N. Egerton, «Changing concepts of the balance of nature»
Quaterly Review of Biology, 1973, 48: 322-350; Donald Worster, Nature's
Economy: The Roots of Ecology, San Francisco, Sierra Club, 1977 (rééd.
Cambridge University Press, 1985). La prise de conscience de l'impact humain
sur les cycles biogéochimiques de la Biosphère va de pair avec la découverte
de leur variabilité naturelle: Michael McElroy, «Chemical processes in the
solar system: a kinetic perspective», Chemical Kinetics. International Reniew
of Science, Physical Chemistry, 1976, 9:127-211. L.A. Piruzyan et al.,
«Chemistry and the Biosphere», Environment, 1980, 20 (10): 25-30. E.T.
Sundquist et WS. Broecker, eds., The Carbon Cycle and Atmospheric C02: Natural
Variations Archean to Present, Washington, DC., American Geophysical Union,
1985.
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(31) Alfred Lotka, Elements of Physical Biology, Baltimore, Williams & Wilkins
Company, 1925, p. 222. Réédité en 1956 et considéré alors comme un «classique»
de l'écologie. Pour approfondir cette pensée (reconnue comme fondamentale par
G.E. Hutchinson, Georgescu-Roegen, Lovelock et William Clark), voir aussi: A.
Lotka, Théorie analytique des associations biologiques, Première partie:
Principes, Paris, Hermann, 1934; «Contact points of population study with
related branches of science», Proceedings of the American Philosophical
Society, 1939, 80 (4): 601-626; «Evolution and thermodynamics», Science and
Society, 1944, 8: 161-171; «The law of evolution as a maximal principle»,
Human Biology, 1945, 17 (3): 167-194.
Significativement, Lovelock [1990], le père spirituel de l'hypothèse Gaïa, et
Georgescu-Roegen, le fondateur de la bioéconomie se réfèrent à Lotka et à
Erwin Schrödinger (Wbat is Life?, 1944). Cette convergence me semble d'un
intérêt historique et épistémologique de la plus haute importance; elle mérite
d'être approfondie et mieux connue.
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(32) Voir la première pattie de Nicholas Georgcscu.Roegen, Analytical
Economies: Issues and Problems, Préface de Paul Samuelson, Camhridge, Mass.,
Harvard University Press, 1966; trad. française partielle: La Science
économique: ses problèmes et ses difficultés, Paris, Dunod, 1970. En français,
voir aussi N. Georgescu-Ruegen, «De la science économique à la bioéconomie».
Revue d'économie politique 1978, 88 (3): 337-382; «La dégradation entropique
et la destinée prométhéenne de la technologie humaine», Entropie, numéro hors
série «Thermodynamique et sciences de l'homme», pp. 76-86 (également in
Economie appliquée, 1982, 35:1-26). Voir aussi Grinevald, 1977, 1978, 1980,
1982, 1984. Depuis quelques années, se développent de remarquahles recherches
interdisciplinsires aux frontières de l'économie, de la thermodynamique et de
la biologie évolutive, souvent inspirées, directement ou indirectement, par
les travaux de Georgescu-Roegen.
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(33) Les contributions du professeur Georgescu-Roegen au déhat sur «la crise
de l'énergie» sont tout aussi fondamentales que celles d'Amory Lovins; voir
surtout «L'énergie et les mythes économiques» («Energy asnd economie myths»,
Southern Economie Journal, 1975, 41(3): 347-381; republié in Georgescu-Ruegen,
1976) in Georgescu-Roegen, 1979. Voir aussi: «Economics and mankind's
ecological problem», in U.S. Economic Growth from 1976 to 1986: Prospects,
Problems and Patterns, vol. 7, The Limits to Growth, Joint Economie Committee,
Congress of the United States, 94th Congress, 2d Session, Decemher 17, 1976,
Washington, D.C., U.S. Government printing Office, 1976, pp. 69-91; «Matter
matters, too», in Kenneth D. Wilson, ed., Prospects for Growth: Changing
Expectations for the Future, New York, Praeger, 1977, pp. 293-313; «What
thermodyna mics and biology can teach economists», Atlantic Economic Journal,
1977, 27: 13-21; «Bioeconomics: a new look at the nature of economic
activities», in Louis Junker, ed., The Political Economy of Food and Energy,
Ann Arbor, University of Michigan, 1977, pp. 105434; «Myths about energy and
matter», Growth and Change, 1979, 10:16-23; «Energy analysis and economic
valuation, Southern Economic journal, 1979,45(4): 1023-1058; «The role of
matter in the substitution of energies» in Antoine Ayouh, ed., Energie:
coopération internationale ou crise, Québec, Les Presses de l'Université
Laval, 1979, pp. 119-131; «Comments on the papers by Daly and Stiglitz», in V
Kerry Smith, ed., Scarcity and Growth Reconsidered, Baltimore, London, Johns
Hopkins University Press, «Resources for the Future», 1979, pp. 95-105;
«Energy and matter in mankind's technological circuit», in Peter M. Nemetz,
ed., Energy Policy: The Global Challenge, Toronto, Butterworth, 1979, pp.
107-127; «Energy analysis and technology assessment», in William C. Schieve et
Peter M. Allen, etc., Self Organization and Dissipative Structures:
Applications in the Physical and Social Sciences (Workshop in Honor of Ilya
Progogine, 1978), Austin, Texas, University of Texas Press, 1982, pp. 313-322;
«The promethean condition of viable technologies», Materials and Society,
1983, 7: 425-435; «Feasible recipes versus viable technologies», Atlantic
Economic Journal, 1984, 12: 21-31; «Man and production», in Mauro Baranzini et
Roberto Scazzieri, eds., Foundations of Economics, Oxford, Basil Blackwell,
1986, pp. 247-280. Voir aussi Daly, ed., 1980; Herman Daly et Alvaro Umana,
eds., Energy, Economics, and the Environment, Boulder, CO., Westview Press,
1981. Gregory A. Daneke, ed., Energy, Economies, and theEnvironment: Toward a
Comprehensive Perspective, Lexington, Mass., Lexington Books, 1982. Robert
Costanza et Herman Daly, eds., «Ecological economics», Ecological Modelling,
1987, 38:1490. Narindar Singh, Economics and the crisis of ecology, London,
Bellow Puhlishing, (1976, 1978), 3' éd. (revised), 1989.
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(34) Voir FW.C. Baker, «A Century of international interdisciplinary
cooperation», Interdisciplinary Science Rewiew,1982, 7 (4): 270-282, «Les
Années polaires internationales: 1882-1883, 1932-1933 et 1957-1958», Nature et
ressources, 1982, 18 (3): 15-20; «Cataclysmic and Global Change»,
Environmental Conservation, 1987,14 (2): 176-178; «Le programme international
géosphère-biosphère: études des changements à l'échelle du globe», Bulletin de
l'OMM, 1989, 31(3): 221-240. Thomas Malone, «Mission to planet Earth:
integrating studies of global change», Environment, 1986, 28 (8): 6-11, 39-42.
Martin F. Price, «Global Change: defining the ill-defined», Environment, 1989,
31 (8): 18-44. «Global Change», Mosaic, [National Science Foundation], 1988,
19 /3/4]: 1-112. Malone et Roederer, eds., 1985. NASA, 1988. NRC, 1983, 1986,
1988. Grinevald, 1987. Polunin et Grine'esld, 1988.
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(35) G.S. Callendar, «The artificial production of carbon dioxide and its
influence on temperature», Quarterly Journal of the Royal Meteorological
Society, 1938, 64 (275): 223-240; «The composition of the atmosphere through
the ages», The Meteorological Magazine, 1939, 74 (878): 33-39; «Can carbon
dioxide influence climate?», Weather, 1949, 4(10): 310-314; «On the amount of
carbon dioxide in the armosphere», Tellus, 1959, 10: 243-248.
Callendar estimait en 1938 que durant la période 1900-1935, une augmentation
de 6% de la concentration du C02 dans l'atmosphère provenait de la combustion
des énergies fossiles; il avait calculé qu'environ les trois quarts du dioxyde
de carbone produit par les activités humaines restaient dans l'atmosphère,
entraînant un réchauffement global de 0.1 degré C. Ce réchauffement
n'inquiétait alors personne. Les météorologues le constataient depuis les
années 1880 dans l'hémisphère Nord, mais il ne se poursuivit pas après 1940,
au point que dans les années 1970 certains catastrophistes (comme l'ingénieur
John Hamaker) prophétisaient la survenue imminente d'une nouvelle ère
glaciaire! Les caprices de la météo contribuèrent jusqu'au début des années
1980 à occulter le problème soulevé par Arrhénius et Vernadsky du renforcement
de l'effet de serre théoriquement associé à la consommation des énergies
fossiles et à la déforestation.
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(36) Voir surtout Plass, 1956; et «Effect of carbon dioxide variations on
climate», American Journal of physics, 1956, 24: 376-387; «Carbon dioxide and
the climate», American Scientist, 1956,44: 302-316; «Carbon dioxide and
climate», Scientific American, 1959, 201: 41-47.
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(37) Roger Revelle et Hans Suess, «Carbon dioxide exchange between atmosphere
and ocean and the question of an increase of atmospheric C02 during the past
decades», Tellus, 1957, 9:18-27.
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(38) L'histoire de cette idée, cristallisée vers 1925 dans le concept de
Noosphère, conçu ensemble mais diversement exprimé par Teilhard de Chardin,
Edouard Le Roy et Vernadsky, et qui traduit la conscience scientifique de la
révolution industrielle et thermodynamique, a fait l'objet de plusieurs études
(incomplètes) de la part de quelques historiens de la géographie, surtout
Clarence J. Glaken. Le «classique» est: George Perkins Marsh (1801-1882), Man
and Nature; or Physical Geography as Modified by Human Action, New York, 1864,
réédité sous le titre The Earth as Modified by Human Action, New York, 1874.
On peut faire remonter cette idée à Buffon, comme le firent Vernadsky dans sa
Géochimie (1924) et Lucien Febvre dans La Terre et I'évolution humaine [Paris,
La Renaissance du livre, 1922]. Mais une chose est de voir en l'homme un agent
géographique, voire géomorphologique, une autre est de dire, avec l'abbé
Antonio Stoppani (1824-1891), géologue et paléontologiste italien cité par
Marsh (1874), que l'apparition de l'Homme sur la Terre constitue «un nouvel
élément dans la nature, une force complètement inconnue des périodes
précédentes», qu'il s'agit «d'une nouvelle force tellurique dont la puissance
et l'universalité peut «être comparée aux plus grandes forces de la Terre», et
qu'il convient d'introduire dans l'histoire géologique une «ère
anthropozoïque». Ce dernier terme sera repris par le géologue russe Alexi
Petrovich Pavlov (1854-1929); le paléontologiste américain Charles Schuchert
(1858-1942) parle de «l'ère psychozoïque« tous deux inspirèrent Vernadsky, en
contact à Paris avec Teilhard dans les années 1920. A l'aube du XXe siècle,
l'idée est en effet dans l'air du temps chez les «théoriciens« de l'histoire
de la Terre. Malheureusement, la doctrine de la Biosphère et de la Noosphère
prendra des sens différents dans la pensée de Vernadsky d'une part et dans
celle de Teilhard et le Roy d'autre part. Voir Grinevald, 1987a; Serafin,
1988.
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(39) Bernard Brunhes, La dégradation de l'énergie, Paris, Flammarion, 1908,
pp. 196-198. Voir Grinevald, 1984; et Juan Martinez-Alier, Ecological
Economics, Op. cit., pp. 124-126.
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(40) La géochimie a reçu son nom dès 1838, de la part de Christian Friedrich
Schönbein (1799-1868), professeur de chimie à l'Université de Bâle, qui
introduisit deux ans plus tard le terme d'ozone. Mais ce n'est qu'au XXe
siècle que la géochimie devint une nouvelle discipline scientifique, grâce aux
travaux de pionniers comme Frank W Clarke (1847-1931) et Henry S. Washington
(1867-1934) aux Etats-Unis, Victor Moritz Goldschmidt (1888-1947) en Norvège
et en Allemagne, Vladimir Vernadsky (1863-1945) et Alexandre Fersman
(1883-1945) en Russie. Les travaux de géochimie, souvent associés à la
recherche des matières premières pour le développement économique, et prenant
depuis la première guerre mondiale une valeur stratégique, sont mal connus du
grand public, y compris des philosophes et historiens des sciences. Voir
Claude Allègre, De la pierre à l'étoile, Paris, Fayard, 1985. Le point de vue
soutenu par Vernadsky et ses disciples [Grinevald, 1987, 1988], reste plus mal
connu encore, malgré les nombreux traités d'écologie qui ont vu le jour depuis
une trentaine d'années! La biogéochimie (terme proposé par Vernadsky en 1923)
fut longtemps négligée, mais se retrouve, à partir des années 1970, au centre
de nombreuses recherches sur la chimie de l'environnement, notamment dans le
cadre du SCOPE (Scientifie Committee on Problems of the Environment). Martin W
Holdgate and Gilbert F. White, eds., Environniental Issues, SCOPE Report 10,
London, Wiley, 1977. Gene E. Likens, ed., Some perspectives on the Major
Biogeochemical Cycles, SCOPE 17, Chichester, Wiley, 1981. Gilbert F. White,
«SCOPE: the first sixteen years», Environmental Conservation, 1987,14 (1):
743. Robert B. Cook, «Interacting with the elements: Man and the
biogeochemical cycles», Environnient, 1984, 26 (7): 11-15, 38-40. Thomas F.
Malone, <Biogeochemical cycles. A new research agenda», Environment, 1984, 26
(7) 4-5, 45. Bert Bolin, Changing Global Biogeochemistry, University of
Stockholm, Department of Meteorology, Report CM-52, 1981. Michael McElroy,
ed., Global Change: A Biogeochemical perspectives, NASA, Pasadena, California
Institute of Technology, JPL Publications 83-51, 1983. Bolin et Conk, eds.,
1983. John A.C. Fortescue, Environmental Geochemistry: A Holistic Approach,
New York, Springer-Verlag, 1980. C. Bryan Gregor et al., Chemical Cycles in
the Evolution of the Earth, New York, Wiley, 1988.
La biogéochimie, partie fondamentale de l'écologie globale, considérée comme
science de la Biosphère, est une approche scientifique capitale pour la
problématique du «Global Change»: voir surtout Rambler et al., eds. (1989).
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(41) C'est en 1968 que le géophysicien canadien J. Tuzo Wilson, inspiré par La
structure des révolutions scientifiques de Thomas Kuhn, parle dans une série
d'articles de «la révolution wégenérienne», et réclame une réorganisation
complète des sciences de la Terre pour tenir compte de la nouvelle vision
«mobiliste» et dynamique de la Terre, aussi révolutionnaire que la révolution
copernicienne.
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(42) Alfred Redfield, «The biological control of chemical factors in the
environment», American Scientist, 1958,46:205-222; article en partie republié
in Edward J. Kormondy, ed., Readings in Ecology, Englewood Cliffs, New Jersey,
Prentice-Hill, 1965, pp. 196-200. Redfield était un collègue, à Woods Hole, de
l'une des plus remarquables femmes de science de notre siècle, madame Rachel
Carson (1907-1964), auteur de très beaux livres sur la mer et
l'océainographie, et qui, avec son bestseller Printemps silencieux (Silent
Spring, 1962, trad. fr., Paris, Plon, 1963) joua un immense rôle dans l'essor
de la sensibilité écologique contemporaine.
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(43) L.G. Sillen, «The ocean as a chemical system», Science, 1967, 156:
1189-1197. Voir le volume dédié à la mémoire de Sillen: Edward D. Goldberg,
ed., The Sea, vol. 5, «Marine Chemistry», New York, Wiley-Interscience, 1974.
Voir aussi John J. Walsh, «The role of ocean biota in accelerated ecological
cycles: a temporal view», BioScience,1984, 34 (8): 499-507. Michael Whitfield,
«The world ocean: mechanism or machination?», Interdisciplinary Science
Review, 1981, 6 (1)12-35. Et Lovelock, 1986,1990.
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(44) Aux Etats-Unis, le Department of Energy (1978), ex-Energy Research and
Development Administration créé en 1974, en pleine «crise de l'énergie», est
issu (à côté de la Nuclear Regulatory Commission) de l'Atomic Energy
Commission (AEC) dont l'ancêtre direct était le MED (Manhattan Engineer
District), le très secret «Projet Manhattan» du Corps des Ingénieurs de
l'Armée (1942-1946) qui construisit les premières bombes atomiques. Voir
Rogers C. Williams et Philip L. Cantelon, eds., The American Atom: A
Documentary History Nucleau Policies from the Discovery of Fission to the
Present, 1939.1984, Philadelphia, University of Philadelphia Press, 1984.
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(45) Métaphore utilisée par l'ambassadeur des Etats-Unis, Adlai Ewing
Stevenson (1900-1965) lors d'une réunion du Conseil Economique et Social des
Nations Unies, à Genève, le 9 juillet 1965; Grinevald, 1989: 33. Elle sera
largement diffusée par de nombreux auteurs américains et notamment Kenneth
Boulding «The economics of the coming spaceship Earth», in H. Jarret, ed.,
Environmental Quality in a Growing Economy, Baltimore, Johns Hopkins
university Press, «Resources for the Future», 1966, pp.3-14. Sur l'Année
géophysique internationale, les débuts de l'âge de l'espace, la création de la
National Aeronautics and Space Administration, en 1958, le contexte des
relations politiques Est-Ouest et la dynamique de la technologie du système
militaro-industriel, voir Walter A. McDougall, ...the Heavens and the Earth: A
Political History of the Space Age, New York, Basic Books, 1985. Sur
l'évolution scientifique qui nous intéresse ici, voir aussi Weiner, 1986,
1990. Sur l'histoire politique de l'énergie nucléaire, inséparable de
l'histoire magistralement analysée par McDougall, voir Robert Jungk, L'Etat
atomique: les retombées politiques du développement nucléaire, trad. de
l'allemand, Paris, Robert Laffont, 1979. Jim Garrison, From Hiroshima to
Harrisburg: The Unholy Alliance, London, SCM Press, 1980. Bertrand
Goldschmidt, Le complexe atomique: histoire politique de l'énergie nucléaire,
Paris, Fayard, 1980. Peter Pringle et James Spigelman, Les barons de l'atome,
trad. de l'anglais, Paris, Seuil, 1982. Gerard H. Clarifield et William M.
Wiecek, Nuclear America Military and Civilian Nuclear Power in the United
States, 1940-1980, New York, Harper & Row, 1984. Louis Puiseux, La Babel
nucléaire énergie et civilisation, (1977) 3e éd. revue et complétée, Paris,
Galilée, 1981. Rens et Grinevald, 1975, 1979; Grinevald, 1984, 1986.
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(46)James Hutton (1726-1797), Theory of the Earth, Edinburgh, 1795, t. I, p.
286 [reprint, New York, Hafner, 1972]. Sur la grande tradition scientifique
qui relie Hutton, Humboldt, Boussingault, Dokouchaev, Vernadsky, Hutchinson et
Lovelock, voir Grinevald, 1988, et James Hutton et Gaïa la Terre comme
macrocosme, à paraître.
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(47) 49% pour le dioxyde de carbone, 18% pour le méthane, 14% pour les CFC, 6%
pour l'oxyde nitreux et 13% pour d'autres gaz en traces. Voir aussi OCDE,
1989, vol. 1: 58.
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(48) Voir François Bourlière et Michel Batisse, «L'écologie et la faim du
monde», Atomes, 1967,249: 705-712; Problèmes de productivité biologique,
Paris, Masson, 1967. Helmut Lieth et Robert H. Whittaker, eds., Primary
Productivity of the Biosphere, Berlin, Springer-Verlag, 1975. F.E. Smith, «The
International Biological Program and the science of ecology», Proceedings of
theNational Academy of Sciences, 1968,60:5-11. W.H. van Dobben et R.H.
Lowe-McConnell, eds., Unifying Concepts in Ecology, First international
congress of ecology, The Hague, the Netherlands, September 644,1974,
Wageningen, Centre for agricultural publishing and documentation, La Haye, Dr.
W. Junk, 1975. Edmond J. Kormondy et J.Frank McCormack, eds., Handbook of
contemporary Developments in the World Ecology, Westport, Conn., Greenwood
Press, 1981. Nicholas Polunin, ed., Ecosystem Theory and Application,
Chichester, Wiley, 1986. Duvigneaud, 1980. Ramade, 1981,1984, 1989.
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(49) Dans Grinevald [1977, 1981, 1982, 1984], on trouve une critique de
l'utilisation historiographique courante du concept de «révolution
industrielle». On ne tenait pas compte, en général, de l'histoire de l'énergie
(longtemps méconnue) et de la signification écologique de la révolution
thermodynamique. On avait tendance à présenter la révolution industrielle liée
aux machines à vapeur, selon une illusion rétrospective propre à l'idéologie
de l'industrialisation. Le XIX siècle n'a été que partiellement le siècle de
la vapeur! L'hydraulique joue encore un rôle important. On consomme souvent
encore plus de bois que de charbon. En tant que phénomène social et écologique
global, la révolution thermo-industrielle implique un certain seuil dans
l'utilisation énergétique des combustibles fossiles. Pour les données
quantitatives sur la consommation energétique mondiale depuis 1860, voir OCDE,
1989: 72. Il y a une homologie frappante entre de nombreuses courbes
caractéristiques du développement de l'Occident: celle de l'industrialisation,
celle de la croissance économique et celle de l'augmentation de la
concentration du C02 dans l'atmosphère. Cela mérite l'attention de
l'anthropologie comparée de la culture occidentale et des autres cultures
dites traditionnelles, sous-développées ou primitives
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(50) «Aucune raison sérieuse ne donne à penser que l'Occident doive voir, même
dans un avenir lointain, le moment où il aura épuisé ses possibilités
d'accroître son savoir et de poursuivre son progrès économique. En d'autres
termes, nous ne décelons dans les origines de la croissance aucun eément qui
interdise d'en imaginer la perpétuation», écrivent deux éminents
universitaires américains, Nathan Rosenberg et L.E. Birdzell, Comment
l'Occident s'est enrichi, trad. de l'américain (1986), Paris, Fayard, 1989, p.
353. Sur ce débat, voir Kenneth D. Wilson, ed., Prospects for Growth: Changing
Expectations for the Future, New York, Praeger, 1977. V. Kerry Smith, ed.,
Scarcity and Growth Reconsidered, Baltimore, John Hopkins University Press,
1979, Et Georgescu-Roegen, 1976,1979. Daly, ed., 1980. Glassby, 1988. Dessus,
1989.
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(51) Phénomène remarqué par la BAPMoNNewsletter; [OMM], 1987, No 2, qui note
p. 3: entre 1981-1982, un accroissement de 1.4 ppmv, 82-83, 1.6 ppmv, 83-84,
1.9 ppmv, et l'estimation pour 84-85, 2.1 ppmv, 85-86, 2.4 ppmv.
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(52) Cet effondrement du taux de croissance de la consommation énergétique (à
ne pas confondre avec celui de la consommation d'électricité) dans les pays
industrialisés après le choc pétrolier de 1973 s'explique par un certain
ralentissement de la croissance économique, des mesures de substitution et de
«lutte contre le gaspillage». On pouvait encore faire mieux, mais la rechute
des prix du pétrole (qui ne peut être durable) a momentanément fait obstacle
aux efforts dans cette direction. La ccrise de l'énergie» a cependant eu
l'heureux effet de réveiller les sociétés industrielles vis-à-vis de leur
négligence du principe de Carnot (le deuxième principe de la thermodynamique)
et du vieux mot d'ordre du prix Nobel de chimie W. Ostwald et des énergétistes
du début du siècle malheureusement vaincus par le triomphe des atomistes: «ne
gaspillez pas l'énergie!» Voir Grinevald 1982,1984. On découvre alors que la
«machine économique» de la civilisation thermo-industrielle n'a pas été
construite d'une manière rationnelle, selon une application scientifique des
principes de la thermodynamique et notamment des notions d'entropie et
d'exergie. Il a en effet fallu attendre ladite crise de l'énergie et ladite
révolution de l'environnement pour qu'on commence à se soucier sérieusement du
bilan énergétique de ce que les économistes, à la suite d'Adam Smith,
appellent «la richesse des nations». Nos sociétés industrielles (avec des
différences considérables d'ailleurs) ont un mauvais rendement
thermodynamique: «plus de 50% de l'énergie est dissipée inutilement sous forme
thermique; 50% de l'énergie utilisée l'est sous forme de chaleur à moins de
200 degrés C» (chauffage de locaux - usages domestiques et industriels). Enfin
on peut estimer que 10 à 20% seulement de l'énergie consommée est vraiment
nécessaire pour atteindre le but que l'homme se fixe. Le reste est consommé
dans les conversions d'énergie au cours des cycles», écrit l'ingénieur Roger
Dumon [Economies et conversions d'énergie, Paris, Masson, 1978, p.2]. Sur ce
thème, voir notamment les publications d'Amory Lovins.
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(53) Voir Jacques Grinevald, André Gsponer, Lucile Hanouz, Pierre Lehrnann, La
Quadrature du CERN, préface de Robert Jungk, Lausanne, Editions d'En Bas,
1984.
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Début de page
I. L'air du temps - II. La chaleur de la révolution industrielle
III. Tyndall et les propriétés radiatives des gaz
IV. C02 et histoire géologique du climat - V. Arrhénius et la théorie de la
serre chaude
VI. Entropie - Ecologie - Economie
VII. De l'Année Géophysique Internationale au «Global Change»
VIII. La biosphère de la planète Terre et notre négligence
Références bibliographiques - Notes
AVEC ZAWAM TU VA VITE LA PUCELEDER TA GRONME